La gourmandise - Roald Dahltag:www.dahl-gourmandise.fr,2013:/index.php/2007-01-13T10:50:56+01:00DotCleardaily12007-01-13T10:50:56+01:00Etude sur l'Enorme crocodile2007-01-13T10:50:56+01:00tag:www.dahl-gourmandise.fr,2007-01-13:/18Camille CrozierBientôt en ligne une étude sur L'Enorme crocodile de Roald Dahl. Il va falloir un petit peu patienter.... <strong>Bientôt</strong> en ligne une étude sur <em>L'Enorme crocodile</em> de Roald Dahl. Il va falloir un petit peu patienter.Introduction2006-12-12T21:26:44+01:00tag:www.dahl-gourmandise.fr,2006-12-12:/16Camille CrozierDe tout temps, les confiseries ont été
mises hors de portée des enfants. Pour les adultes, les
aliments au goût doux ne sont pas recommandés à
cet âge. Cependant la plupart des enfants, s'ils étaient
libres de choisir leur univers alimentaire, le constitueraient
de gourmandises... <div class="contenu">
<p>
De tout temps, les confiseries ont été
mises hors de portée des enfants. Pour les adultes, les
aliments au goût doux ne sont pas recommandés à
cet âge. Cependant la plupart des enfants, s'ils étaient
libres de choisir leur univers alimentaire, le constituerai<font color="#000000">ent
de gourmandises des plus flatteuses pour le palais. Ce n'est pas la
Comtesse de Ségur qui le contredira. Dans les <i>Malheurs de
Sophie</i>, la comtesse, précurseur dans la littérature
enfantine, décrit une petite fille espiègle et
gourmande. Les fruits confits, le pain<span style="">
et la crème sont des mets qu'affectionne tout particulièrement
la petite Sophie, mais ces mêmes douceurs entrent en opposition
avec les valeurs inculquées par sa mère : « sa
maman savait que trop ma</span>nger est mauvais pour la</font> santé
; aussi défendait-elle à Sophie de manger entre les
repas : mais Sophie, qui avait faim, mangeait tout ce qu'elle pouvait
attraper »<sup><a class="sdfootnoteanc" name="sdfootnote1anc" href="bibliographie-dahl.php#sdfootnote1sym"><sup>1</sup></a></sup>.
</p>
<p class="western"> À cette gourmandise insouciante et
impulsive, les adultes répondent donc par la punition. Ces
répercutions sur les enfants ne semblent être que le
miroir de leurs propres frustrations. Pour eux, la gourmandise est
source de « gastrolastress »<sup><a class="sdfootnoteanc" name="sdfootnote2anc" href="bibliographie-dahl.php#sdfootnote2sym"><sup>2</sup></a> </sup>.
Ce néologisme explique que nous sommes tous gastronomes, mais
également tous angoissés par les conséquences
éventuelles de notre gourmandise. Les confiseries, les petits
pains et la crème tant appréciés seront ainsi
pour la petite Sophie la cause de dures réprimandes et de
douleurs terribles. Il semble que nul ne peut se livrer à une<font color="#000000">
gourmandise insouciante sans qu'il y ait ensuite des conséquences
fâcheuses.</font></p>
<p class="western"> Ces angoisses se répercutent bien
évidemment dans les écrits pour la jeunesse soucieux de
morale et de pédagogie. Les adultes, semble-t-il, se sentent
responsables du comportement alimentaire de leurs enfants qu'ils
veulent à tout prix rendre raisonnables, et <font color="#000000">ceci
dès le XVII<font face="Adobe Garamond Pro, serif">?</font>
siècle. À cette époque, des réformateurs
puritains et zélés considèrent les enfants plus
proches du péché originel que les adultes. Ils les
perçoivent comme une terre particulièrement digne
d'être travaillée parce que les enfants semblent être
malléables et donc faciles à influencer.</font><font color="#ff0000">
</font>C'est dans cette optique et afin de conditionner les enfants
qu'est née la littérature de jeunesse. Celle-ci
représente un moyen efficace pour brider les jeunes âmes
enclines au péché.
</p>
<p class="western"> Au XVIII<sup><font face="Adobe Garamond Pro, serif">e</font>
</sup>siècle, un bouleversement s'opère en Angleterre
où l'éditeur John Newberry publie des livres plus
ludiques et des magazines de vulgarisation scientifique, tous
destinés à un public jeune. Cependant, ces livres
apparaissent toujours dans un souci moralisateur ou pédagogique
inspirés le plus souvent par l<span style="font-style: normal;">'</span><i>Émile
</i>de Rousseau.</p>
<p class="western"> Enfin au XIX<font face="Adobe Garamond Pro, serif">?</font>
siècle, les livres pour la jeunesse se veulent moins
moralisateurs et plus proches de la fantaisie et de l'imaginaire, et
cela surtout en Angleterre. Par exemple, publié en 1846, le
<i>Livre du Nonsense </i><span style="font-style: normal;">d'Edward
Lear exploite essentiellement le <font color="#000000">non-sens</font>
pur et absolu. Il se laisse emporter par une imagination débordante,
proche de la folie</span>. <i>Les Aventures d'Alice au pays des
merveilles</i><span style="font-style: normal;">, publié en
1865 sous le pseudonyme de Lewis Carroll, est également un
ouvrage essentiel dans l'histoire de la littérature de
jeunesse<font color="#000000">.</font></span></p>
<p class="western"><span style="font-style: normal;"> Dans ce dernier
ouvrage, un élément particulièrement novateur va
bouleverser la littérature de jeunesse ; il s'agit du point de
vue adopté par le narrateur. Ce n'est plus sur l'enfant qu'on
écrit, mais c'est bien l'enfant lui-même qui semble
écrire ou raconter. Plus tard, c'est Peter Pan qui institue
comme Alice le primat de l'enfant dans la littérature. Au XX<font face="Adobe Garamond Pro, serif">?</font>
siècle, même si elle est encore controversée, la
littérature de jeunesse est une branche importante de
l'édition.<font color="#ff0000"> </font></span>
</p>
<p class="western"> Par ailleurs, la littérature enfantine a
pu se libérer des contraintes du moralisme des premiers contes<font color="#000000">
écrits spécifiquement pour les enfants. En effet,
l'ambition éducative du XIX<font face="Adobe Garamond Pro, serif">?</font>
siècle utilisait les livres de jeunesse pour inculquer aux
enfants les valeurs de la bonne société. Puis,
progressivement la morale et l'idéologie ont été
prises en charges par l'école. Le livre ne sera alors plus le
seul moyen d'éduquer ; les enseignants auront bien plus
d'impact sur les jeunes. Cette littérature « libérée »
a permis aux récits imaginaires de ne plus être
considérés comme dangereux. Elle devient alors un moyen
de distraction. En Angleterre, la littérature enfantine se
spécialise dans la fantaisie<span style="font-style: normal;"><a class="sdfootnoteanc" name="sdfootnote3anc" href="bibliographie-dahl.php#sdfootnote3sym"><sup>3</sup></a></span>
et en fait un aspect essentiel et fondamental de sa culture. Celle-ci<span style="font-style: normal;">
prendra une essor certain puisqu'aujourd'hui encore c'est son univers
magique et époustouflant qui fait le succès de la série
anglo-saxonne des </span><i>Harry Potter</i><span style="font-style: normal;">.</span><i>
</i>Jean Gattegno spécialiste de la littérature
enfantine anglaise explique cette attraction de l'enfant pour la
fantaisie :</font></p>
<blockquote class="citation-longue-western" style="text-indent: 0cm;">un
besoin de l'intelligence enfantine est [...] de laisser
vagabonder en tout liberté une imagination qui ne connaît
pas vraiment la différence entre réel et irréel,
entre possible et impossible. Là où l'adulte
spontanément critique un fait ou un récit au nom de la
vraisemblance ou de la certitude scientifique, l'enfant se contente
d'ouvrir les yeux un peu plus grands .<sup><a class="sdfootnoteanc" name="sdfootnote4anc" href="bibliographie-dahl.php#sdfootnote4sym"><sup>4</sup></a></sup></blockquote>
<p class="western"> Roald Dahl, célèbre auteur de
littérature enfantine anglaise et contemporaine<span style="font-style: normal;"><font face="Adobe Garamond Pro, serif">,</font></span>
est tout à fait en accord avec cette pensée. Il est
passé maître dans l'art de co<font color="#000000">nstruire
ces récits dans le but de captiver l'intérêt de
son jeune public. Il joue sur la participation émotive et
surtout sur la curiosité sans limite et sans bornes de ses
lecteurs. De plus, fort d'une double culture anglaise et norvégienne,
il offre aux enfants une ouverture vers un monde imaginaire plein de
rebondissements et source de nombreux étonnements. D'une part,
l'Angleterre, son pays natal, est le berceau des contes arthuriens
propices aux récits d'aventures, et d'errance. D'autre part,
la Norvège, son pays d'origine est traditionnellement peuplée
de sorcières, d'elfes et de trolls cachés dans des
forêts ensorcelées. <span style="font-style: normal;">Ces
contes norvégiens sont de purs produits de l'imagination,
toujours riches de symboles. Ils dépeignent les relations
humaines dans un style flattant le goût du merveilleux. Roald
Dahl a su dans son oeuvre utiliser avec brio le merveilleux et
l'imaginaire de ces deux cultures. Ainsi, c</span>e double héritage
est particulièrement bien retranscrit dans <i>Sacrées
Sorcières</i><span style="font-style: normal;"> où les
récits et les légendes de la grand-mère
norvégienne se lient harmonieusement aux traditions anglaises.</span></font></p>
<p class="western"><font color="#000000"> Cet auteur est aussi</font><font color="#ff0000">
</font><font color="#000000">connu pour être sollicité
par les enfants et non pas proposé par les parents. La recette
de Roald Dahl pour intéresser les enfants est simple. Créateur
d'envie et de plaisir, il utilise un appât auquel aucun enfant
ne peut rester indifférent : la gourmandise. Et comme le
disait Rousseau à propos des enfants : « Mille
choses sont indifférentes au toucher, à l'ouïe, à
la vue ; mais il n'y a presque rien d'indifférent au
goût »</font><sup><font color="#000000"><a class="sdfootnoteanc" name="sdfootnote5anc" href="bibliographie-dahl.php#sdfootnote5sym"><sup>5</sup></a></font></sup><font color="#000000">.</font></p>
<p class="western"><font color="#000000"> La gourmandise est
cependant</font><font color="#ff0000"> </font>un sujet délicat
à aborder, car il pèse sur elle de nombreux siècles
de contestations à son sujet. Il convient donc d'expliquer
l'évolution de ce comportement alimentaire au cours des
siècles pour comprendre les connotations diverses qui pèsent
sur ce trait de caractère. Durant des siècles, l'épée
de Damoclès menace les hommes qui s'adonnent avec délectation
a<font color="#000000">ux plaisirs de la bonne chère.
Longtemps réservée aux adultes, on comprend bien vite
que la gourmandise est une affaire d'enfants. Seuls ces petits
individus sont capables de l'apprécier dans toute sa dimension
sans que celle-ci présente un aspect menaçant ou
culpabilisant. </font>
</p>
<p class="western"><font color="#000000"> Dans l'oeuvre de Roald Dahl
nous découvrons de nombreux aspects de cette gourmandise.
Beaucoup d'enfants et d'adultes ont fantasmé sur les
délicieuses friandises de <i>Charlie et la chocolaterie</i><span style="font-style: normal;">,
m</span>ais ce livre n'est pas le seul a nous ouvrir l'appétit.
<i>Charlie et la chocolaterie</i>, <i>Le Bon Gros Géant,</i><span style="font-style: normal;">
</span><i>Matilda</i><span style="font-style: normal;"> et </span><i>James
et la g</i></font><i>rosse pêche<a class="sdfootnoteanc" name="sdfootnote6anc" href="bibliographie-dahl.php#sdfootnote6sym"><sup>6</sup></a>
</i><span style="font-style: normal;">ouvrent sur des mondes
merveilleux et extraordinaires où la nourriture joue un rôle
important, adoptant les formes les plus variées et les plus
inattendues. La gourmandise de Roald Dahl jalonne indubitablement la
vie des héros de ces quatre histoires. Elle</span> apparaît
et représente une gourmandise idéale et sans complexe
pour les enfants. Au contraire de la rebutan<font color="#000000">te
gloutonnerie, e</font>lle évoque<font color="#000000"> une
forme sympathique et amusante de la collation qui peut être
rapprochée</font> de l'enfance. Goûter en savourant les
plaisirs de la vie : voilà l'adage de Roald Dahl.</p>
<p class="western"> Les images et formes de la gourmandise chez Roald
Dahl ont été illustrées par de nombreux
artistes. Néanmoins, seul Quentin Blake peut aujourd'hui,
après la mort de Roald Dahl, se revendiquer comme le plus
proche de ses oeuvres par sa complémentarité avec
l'auteur. Blake nous offre une deuxième lecture des livres en
actualisant l'univers de l'écrivain. Il permet alors de donner
vie aux personnages à travers un trait caractéristique
tout en y ajoutant sa touche personnelle et en renforçant
l'humour qui était si cher à son ami.</p>
</div>Bibliographie2006-12-11T23:15:34+01:00tag:www.dahl-gourmandise.fr,2006-12-11:/15Camille CrozierBibliographie
Retour au texte
1
Comtesse de Ségur, Les malheurs de Sophie, Paris :
Édition J'ai lu, collection Librio, p. 36.
Retour au texte
2
Néologisme de Jean-Pierre Corbeau, professeur de sociologie
de l'université de Tours.
Retour au texte
3Nous... <div class="encadre">
<div class="titre"><h2>Bibliographie</h2></div>
<div class="contenu">
<p></p>
</div>
<a href="javascript:history.go(-1)"><span style="font-size: 8px;">Retour au texte</span></a>
<div id="sdfootnote1">
<p class="sdfootnote-western"><a class="sdfootnotesym" name="sdfootnote1sym" href="#sdfootnote1anc">1</a>
Comtesse de Ségur, <i>Les malheurs de Sophie</i>, Paris :
Édition J'ai lu, collection Librio, p. 36.</p>
</div>
<a href="javascript:history.go(-1)"><span style="font-size: 8px;">Retour au texte</span></a>
<div id="sdfootnote2">
<p class="sdfootnote-western"><a class="sdfootnotesym" name="sdfootnote2sym" href="#sdfootnote2anc">2</a>
Néologisme de Jean-Pierre Corbeau, professeur de sociologie
de l'université de Tours.</p>
</div>
<a href="javascript:history.go(-1)"><span style="font-size: 8px;">Retour au texte</span></a>
<div id="sdfootnote3">
<p class="sdfootnote-western"><a class="sdfootnotesym" name="sdfootnote3sym" href="#sdfootnote3anc">3</a>Nous
utiliserons ici le terme fantaisie tel que l'a défini Monique
Chassignol dans <i>La fantaisie dans les r<font color="#000000">écits
pour la jeunesse en Grande-Bretagne de 1918 à 1968</font></i><font color="#000000"><span style="font-style: normal;">,
Paris : Didier érudition, 1986. La fantaisie serait selon
elle :</span></font></p>
<ol>
<p class="sdfootnote-western"><font color="#000000"><i>« tout
ce qui, créé par l'imagination, semble s'opposer à
la réalité, en même temps que cette notion de
liberté, de libre jeu du pouvoir d'invention de
l'auteur. [...]Tous les textes où l'invraisemblance, le
caprice singulier d'une imagination apparemment exercée hors
de tout appui sur la réalité, se donnent libre
cours. »(p.10-11).</i></font></p>
</ol>
</div>
<a href="javascript:history.go(-1)"><span style="font-size: 8px;">Retour au texte</span></a>
<div id="sdfootnote4">
<p class="sdfootnote-western"><a class="sdfootnotesym" name="sdfootnote4sym" href="#sdfootnote4anc">4</a><span style=""><font size="2"><span style="font-style: normal;">Jean
Gattégno, </span><i>Lewis Carroll</i><span style="font-style: normal;">,
Paris : José Corti, 1970, p.86. Cité par Monique
Chassignol, </span><i>op. cit.</i><span style="font-style: normal;">,
p.6.</span></font></span></p>
</div>
<a href="javascript:history.go(-1)"><span style="font-size: 8px;">Retour au texte</span></a>
<div id="sdfootnote5">
<p class="sdfootnote-western"><a class="sdfootnotesym" name="sdfootnote5sym" href="#sdfootnote5anc">5</a><span style=""><font size="2"><span style="font-style: normal;">
Jean-Jacques Rousseau, </span><i>L'Émile ou De l'éducation</i><span style="font-style: normal;">,
Paris : Librairie de Firmin Didot Frère, 1854, p.161.</span></font></span></p>
</div>
<a href="javascript:history.go(-1)"><span style="font-size: 8px;">Retour au texte</span></a>
<div id="sdfootnote6">
<p class="sdfootnote-western"><a class="sdfootnotesym" name="sdfootnote6sym" href="#sdfootnote6anc">6</a>Des
résumés de ces quatre ouvrages se trouvent en Annexe
I.</p>
</div>
<a href="javascript:history.go(-1)"><span style="font-size: 8px;">Retour au texte</span></a>
<div id="sdfootnote7">
<p class="western"><font size="2"><a class="sdfootnotesym" name="sdfootnote7sym" href="#sdfootnote7anc">7</a>
BRILLAT-SAVARIN Jean Anthelme, <i>Physiologie du goût, </i>Paris
: Charpentier, 1847, p. 37.</font></p>
</div>
<a href="javascript:history.go(-1)"><span style="font-size: 8px;">Retour au texte</span></a>
<div id="sdfootnote8">
<p class="sdfootnote-western"><a class="sdfootnotesym" name="sdfootnote8sym" href="#sdfootnote8anc">8</a><span style="font-style: normal;">FURETIÈRE
Antoine, </span><i>Le dictionnaire de la langue française</i><span style="font-style: normal;">,
Paris : Librairie ancienne d'Honoré Champion, [1690].</span></p>
</div>
<a href="javascript:history.go(-1)"><span style="font-size: 8px;">Retour au texte</span></a>
<div id="sdfootnote9">
<p class="sdfootnote-western"><a class="sdfootnotesym" name="sdfootnote9sym" href="#sdfootnote9anc">9</a>POILÂNE
Lionel, <i>Supplique au pape pour enlever
la gourmandise de la liste des péchés capitaux</i><span style="font-style: normal;">,
Paris : É</span><font size="2">d. Anne Carrière, 2004,
p.13. </font>
</p>
</div>
<a href="javascript:history.go(-1)"><span style="font-size: 8px;">Retour au texte</span></a>
<div id="sdfootnote10">
<p class="sdfootnote-western"><a class="sdfootnotesym" name="sdfootnote10sym" href="#sdfootnote10anc">10</a><span style="font-style: normal;">IMBS
Paul (dirigé par), </span><i>Trésor de la langue
française</i><span style="font-style: normal;">, Paris : Ed.
du Centre National de la Recherche Scientifique, 1952.</span><i> </i>
</p>
</div>
<a href="javascript:history.go(-1)"><span style="font-size: 8px;">Retour au texte</span></a>
<div id="sdfootnote11">
<p class="sdfootnote-western"><a class="sdfootnotesym" name="sdfootnote11sym" href="#sdfootnote11anc">11</a><span style="font-style: normal;">BRILLAT-SAVARIN
Jean Anthelme,</span> <i>op. cit.</i>, p.141.</p>
</div>
<a href="javascript:history.go(-1)"><span style="font-size: 8px;">Retour au texte</span></a>
<div id="sdfootnote12">
<p class="sdfootnote-western"><a class="sdfootnotesym" name="sdfootnote12sym" href="#sdfootnote12anc">12</a><font size="2">D'AQUIN
Thomas, <i>Somme théologique</i><span style="font-style: normal;">,</span>
Ia Qu.76 art.3, Saint Thomas cite le traité <i>De l'âme.</i></font></p>
</div>
<a href="javascript:history.go(-1)"><span style="font-size: 8px;">Retour au texte</span></a>
<div id="sdfootnote13">
<p class="sdfootnote-western"><a class="sdfootnotesym" name="sdfootnote13sym" href="#sdfootnote13anc">13</a>MAUPASSANT
Guy de, <span style=""><i>Le Rosier de Madame
Husson</i><span style="font-style: normal;">.</span> </span>Texte
publié dans <i>La Nouvelle Revue</i> du 15 juin 1887<span style="font-style: normal;">
[</span><i>« </i><span style="font-style: normal;">Le
Rosier de Madame Husson », </span><i>in </i><span style="font-style: normal;">:
</span><i>Le Rosier de Madame Husson »</i><span style="font-style: normal;">,
Paris : Gallimard, 1990, p. 36.]</span></p>
</div>
<a href="javascript:history.go(-1)"><span style="font-size: 8px;">Retour au texte</span></a>
<div id="sdfootnote14">
<p class="sdfootnote-western"><a class="sdfootnotesym" name="sdfootnote14sym" href="#sdfootnote14anc">14</a>PLATON,
<span style=""><i>Phédon</i></span>, Tome
IV, Paris : « Les Belles Lettres », 1983,
66b-67a, (p.16-17).</p>
</div>
<a href="javascript:history.go(-1)"><span style="font-size: 8px;">Retour au texte</span></a>
<div id="sdfootnote15">
<p class="sdfootnote-western"><a class="sdfootnotesym" name="sdfootnote15sym" href="#sdfootnote15anc">15</a><i>Ibid.</i><span style="font-style: normal;">,
65a (p.14).</span></p>
</div>
<a href="javascript:history.go(-1)"><span style="font-size: 8px;">Retour au texte</span></a>
<div id="sdfootnote16">
<p class="sdfootnote-western"><a class="sdfootnotesym" name="sdfootnote16sym" href="#sdfootnote16anc">16</a>VINCENT-CASSY
Mireille, « Un péché capital »,
<i>in </i><span style="font-style: normal;">:</span> <span style=""><span style="text-decoration: none;"><font color="#000000"><i>La
gourmandise, délice d'un </i><span style="font-style: normal;">péché,
Paris : Autrement, Collection mutations/mangeurs n°140,
novembre 1993, p.19.</span></font></span></span></p>
</div>
<a href="javascript:history.go(-1)"><span style="font-size: 8px;">Retour au texte</span></a>
<div id="sdfootnote17">
<p class="sdfootnote-western"><a class="sdfootnotesym" name="sdfootnote17sym" href="#sdfootnote17anc">17</a><i>Ibid.</i><span style="font-style: normal;">,
p. 21.</span></p>
</div>
<a href="javascript:history.go(-1)"><span style="font-size: 8px;">Retour au texte</span></a>
<div id="sdfootnote18">
<p class="sdfootnote-western"><a class="sdfootnotesym" name="sdfootnote18sym" href="#sdfootnote18anc">18</a>LITTRÉ
Emile, <i>Dictionnaire de la langue française, </i>
édition de 1872.</p>
</div>
<a href="javascript:history.go(-1)"><span style="font-size: 8px;">Retour au texte</span></a>
<div id="sdfootnote19">
<p class="sdfootnote-western"><a class="sdfootnotesym" name="sdfootnote19sym" href="#sdfootnote19anc">19</a>FURETIÈRE
Antoine, <i> op. cit</i><span style="font-style: normal;">..</span></p>
</div>
<a href="javascript:history.go(-1)"><span style="font-size: 8px;">Retour au texte</span></a>
<div id="sdfootnote20">
<p class="sdfootnote-western"><a class="sdfootnotesym" name="sdfootnote20sym" href="#sdfootnote20anc">20</a>FÉRAUD
Jean François, <em><font color="#000000"><i>Dictionnaire
Critique de la langue française</i><span style="font-style: normal;">,
<span style=""><font size="2">Marseille : Mossy,
[1787].</font></span><font size="2"></font></span></font></em></p>
</div>
<a href="javascript:history.go(-1)"><span style="font-size: 8px;">Retour au texte</span></a>
<div id="sdfootnote21">
<p class="sdfootnote-western"><a class="sdfootnotesym" name="sdfootnote21sym" href="#sdfootnote21anc">21</a><span style=""><font size="2"><i>Dictionnaire
de L'Académie française</i>, huitième édition
(1932-5).</font></span>
</p>
</div>
<a href="javascript:history.go(-1)"><span style="font-size: 8px;">Retour au texte</span></a>
<div id="sdfootnote22">
<p class="sdfootnote-western"><a class="sdfootnotesym" name="sdfootnote22sym" href="#sdfootnote22anc">22</a>IMBS
Paul (sous la direction de), <font color="#000000"><i>op. cit.</i><span style="font-style: normal;">.</span></font></p>
</div>
<a href="javascript:history.go(-1)"><span style="font-size: 8px;">Retour au texte</span></a>
<div id="sdfootnote23">
<p class="sdfootnote-western"><a class="sdfootnotesym" name="sdfootnote23sym" href="#sdfootnote23anc">23</a>BERCHOUX
Joseph,<span style=""> <font color="#000000"><i>Gastronomie
ou l'homme des champs à table, pour servir de suite à
l'Homme des champs par J. Dellile, </i>Paris : L. G. Michaud, 1801.</font></span></p>
</div>
<a href="javascript:history.go(-1)"><span style="font-size: 8px;">Retour au texte</span></a>
<div id="sdfootnote24">
<p class="sdfootnote-western"><a class="sdfootnotesym" name="sdfootnote24sym" href="#sdfootnote24anc">24</a>BRILLAT-SAVARIN
Jean Anthelme, <i>op. cit.</i>, p. 53-54.</p>
</div>
<a href="javascript:history.go(-1)"><span style="font-size: 8px;">Retour au texte</span></a>
<div id="sdfootnote25">
<p class="sdfootnote-western"><a class="sdfootnotesym" name="sdfootnote25sym" href="#sdfootnote25anc">25</a>IMBS
Paul (sous la dir.), <font color="#000000"><i>op. cit</i><span style="font-style: normal;">.</span></font></p>
</div>
<a href="javascript:history.go(-1)"><span style="font-size: 8px;">Retour au texte</span></a>
<div id="sdfootnote26">
<p class="sdfootnote-western"><a class="sdfootnotesym" name="sdfootnote26sym" href="#sdfootnote26anc">26</a>BAHLOUL
<span style="">Joëlle,
« L'appétit vient en jeûnant »,
<i>in </i><span style="font-style: normal;">: </span><font color="#000000"><i>La
gourmandise, délice d'un péché</i><span style="font-style: normal;">,
Paris : Autrement, collection mutations/mangeurs n°140,
novembre 1993, p. 50-53.</span></font></span></p>
</div>
<a href="javascript:history.go(-1)"><span style="font-size: 8px;">Retour au texte</span></a>
<div id="sdfootnote27">
<p class="sdfootnote-western"><a class="sdfootnotesym" name="sdfootnote27sym" href="#sdfootnote27anc">27</a>HUGUET
E. , <i>Dictionnaire de la langue française au seizième
siècle, </i>Paris : Champion/ Didier, 1925.
</p>
</div>
<a href="javascript:history.go(-1)"><span style="font-size: 8px;">Retour au texte</span></a>
<div id="sdfootnote28">
<p class="sdfootnote-western"><a class="sdfootnotesym" name="sdfootnote28sym" href="#sdfootnote28anc">28</a><span style=""><font size="2"><font color="#000000">NIETZSCHE
Friedrich Wilhelm, <i>Le Gai Savoir</i><span style="font-style: normal;">,
Paris : Flammarion, 2000, I,7, p.66.</span></font></font></span></p>
</div>
<a href="javascript:history.go(-1)"><span style="font-size: 8px;">Retour au texte</span></a>
<div id="sdfootnote29">
<p class="sdfootnote-western"><a class="sdfootnotesym" name="sdfootnote29sym" href="#sdfootnote29anc">29</a>
ONFRAY Michel, <i>Le ventre des philosophes</i><span style="font-style: normal;">,
Paris : Grasset, 1989.</span>
</p>
</div>
<a href="javascript:history.go(-1)"><span style="font-size: 8px;">Retour au texte</span></a>
<div id="sdfootnote30">
<p class="sdfootnote-western"><a class="sdfootnotesym" name="sdfootnote30sym" href="#sdfootnote30anc">30</a>RAPOPORT
Danielle, « Les plaisirs de l'ascèse »,
<i>in </i><span style="font-style: normal;">: </span><i>Le mangeur.
Menus, maux et mots</i><span style="font-style: normal;">,
Paris : Autrement, Collection Mutations/Mangeurs n°138,
1993, p.101.</span></p>
</div>
<a href="javascript:history.go(-1)"><span style="font-size: 8px;">Retour au texte</span></a>
<div id="sdfootnote31">
<p class="sdfootnote-western"><a class="sdfootnotesym" name="sdfootnote31sym" href="#sdfootnote31anc">31</a>TURLAN
<span style=""><span style="font-style: normal;">Catherine,
« Enfant gourmand », </span><i>in </i><span style="font-style: normal;">:
</span><font color="#000000"><i>La
gourmandise, délice d'un péché</i><span style="font-style: normal;">,
dirigé par Catherine N'Diaye, Paris : Autrement, Collection
mutations/mangeurs n°140, novembre 1993, p.44-45.</span></font></span></p>
</div>
<a href="javascript:history.go(-1)"><span style="font-size: 8px;">Retour au texte</span></a>
<div id="sdfootnote32">
<p class="sdfootnote-western"><a class="sdfootnotesym" name="sdfootnote32sym" href="#sdfootnote32anc">32</a>ZOLA
Émile, <i>L'Assommoir</i><span style="font-style: normal;">,
Paris : Garnier/Flammarion, 1969, [1878], p.213-249.</span></p>
</div>
<a href="javascript:history.go(-1)"><span style="font-size: 8px;">Retour au texte</span></a>
<div id="sdfootnote33">
<p class="sdfootnote-western"><a class="sdfootnotesym" name="sdfootnote33sym" href="#sdfootnote33anc">33</a>FISCHLER
Claude, <i>op. cit.</i>, <span style=""><span style="font-style: normal;"><font size="2"><font color="#000000">p.121.</font></font></span></span></p>
</div>
<a href="javascript:history.go(-1)"><span style="font-size: 8px;">Retour au texte</span></a>
<div id="sdfootnote34">
<p class="sdfootnote-western"><a class="sdfootnotesym" name="sdfootnote34sym" href="#sdfootnote34anc">34</a>VINCENT-CASSY
Mireille, <i>op. cit</i>., p.28-29.</p>
</div>
<a href="javascript:history.go(-1)"><span style="font-size: 8px;">Retour au texte</span></a>
<div id="sdfootnote35">
<p class="sdfootnote-western"><a class="sdfootnotesym" name="sdfootnote35sym" href="#sdfootnote35anc">35</a><span style=""><span style="font-style: normal;">BERCHOUX
Joseph, </span><i>op. cit.</i><span style="font-style: normal;">.</span></span></p>
</div>
<a href="javascript:history.go(-1)"><span style="font-size: 8px;">Retour au texte</span></a>
<div id="sdfootnote36">
<p class="sdfootnote-western"><a class="sdfootnotesym" name="sdfootnote36sym" href="#sdfootnote36anc">36</a>MAUPASSANT
Guy de, <i>Bel -Ami</i><span style="font-style: normal;">, Paris :
Bordas, 1988, [1885], p.26.</span></p>
</div>
<a href="javascript:history.go(-1)"><span style="font-size: 8px;">Retour au texte</span></a>
<div id="sdfootnote37">
<p class="sdfootnote-western"><a class="sdfootnotesym" name="sdfootnote37sym" href="#sdfootnote37anc">37</a><font size="2">BRILLAT-SAVARIN
Jean Anthelme, <i>op. cit</i><span style="font-style: normal;">.,
p.147.</span></font></p>
</div>
<a href="javascript:history.go(-1)"><span style="font-size: 8px;">Retour au texte</span></a>
<div id="sdfootnote38">
<p class="sdfootnote-western"><a class="sdfootnotesym" name="sdfootnote38sym" href="#sdfootnote38anc">38</a><font size="2">BRILLAT-SAVARIN
Jean Anthelme, <i>op. cit., </i><span style="font-style: normal;">p.140.</span></font></p>
</div>
<a href="javascript:history.go(-1)"><span style="font-size: 8px;">Retour au texte</span></a>
<div id="sdfootnote39">
<p class="sdfootnote-western"><a class="sdfootnotesym" name="sdfootnote39sym" href="#sdfootnote39anc">39</a>PITTE
Jean-Robert, <i>Gastronomie française</i><span style="font-style: normal;">,<font size="2">
Paris : Librairie Artheme Fayard, 1991.</font></span></p>
</div>
<a href="javascript:history.go(-1)"><span style="font-size: 8px;">Retour au texte</span></a>
<div id="sdfootnote40">
<p class="sdfootnote-western"><a class="sdfootnotesym" name="sdfootnote40sym" href="#sdfootnote40anc">40</a><span style="text-decoration: none;"><font size="2"><font color="#000000"><span style="font-style: normal;">CHABOT
Michel, </span><i>La France, terre d'élection du bien
manger</i><span style="font-style: normal;">, [En ligne], </span></font></font></span><a href="http://www.diplomatie.gouv.fr/label_france/france/DOSSIER/GASTRO/terre.html"><span style="text-decoration: none;"><span style="font-style: normal;"><font size="2"><font color="#000000">(page
consultée le 9 mars 2006), </font></font></span></span></a><span style="text-decoration: none;"><i><font size="2"><font color="#000000">
</font></font></i></span><a href="http://www.diplomatie.gouv.fr/label_france/france/DOSSIER/GASTRO/terre.html"><span style="text-decoration: none;"><font size="2"><font color="#000000">http://www.diplomatie.gouv.fr/label_france/france/DOSSIER/GASTRO/terre.html.
</font></font></span></a>
</p>
</div>
<a href="javascript:history.go(-1)"><span style="font-size: 8px;">Retour au texte</span></a>
<div id="sdfootnote41">
<p class="sdfootnote-western"><a class="sdfootnotesym" name="sdfootnote41sym" href="#sdfootnote41anc">41</a><font size="2">BRILLAT-SAVARIN
Jean Anthelme, <i>op</i>. <i>cit.</i><span style="font-style: normal;">,
p.52.</span></font></p>
</div>
<a href="javascript:history.go(-1)"><span style="font-size: 8px;">Retour au texte</span></a>
<div id="sdfootnote42">
<p class="sdfootnote-western"><a class="sdfootnotesym" name="sdfootnote42sym" href="#sdfootnote42anc">42</a><font size="2">BRILLAT-SAVARIN
Jean Anthelme, <i>op. cit.</i><span style="font-style: normal;">,
p.141.</span></font></p>
</div>
<a href="javascript:history.go(-1)"><span style="font-size: 8px;">Retour au texte</span></a>
<div id="sdfootnote43">
<p class="sdfootnote-western"><a class="sdfootnotesym" name="sdfootnote43sym" href="#sdfootnote43anc">43</a>FISCHLER
Claude, <span style=""><font size="2"><font color="#000000"><i>op.
cit.</i><span style="font-style: normal;">, p.122.</span></font></font></span></p>
</div>
<a href="javascript:history.go(-1)"><span style="font-size: 8px;">Retour au texte</span></a>
<div id="sdfootnote44">
<p class="sdfootnote-western"><a class="sdfootnotesym" name="sdfootnote44sym" href="#sdfootnote44anc">44</a>FOURNIER
Dominique, « Ferments de culture », <i>in </i>:
<span style=""><font size="2"><font color="#000000"><i>Mille
et une bouches. Cuisines et identités culturelles</i><span style="font-style: normal;">,
</span></font></font></span>sous la direction de <span style=""><span style="font-style: normal;"><font size="2"><font color="#000000">Bessis
Sophie, Paris : Autrement, collection Mutations/Mangeurs, N°154,
1995, p. 34.</font></font></span></span></p>
</div>
<a href="javascript:history.go(-1)"><span style="font-size: 8px;">Retour au texte</span></a>
<div id="sdfootnote45">
<p class="sdfootnote-western"><a class="sdfootnotesym" name="sdfootnote45sym" href="#sdfootnote45anc">45</a><font size="2">MARENGO
Claudine, « À table », <i>in</i><span style="font-style: normal;"> : </span><i>Mille
et une bouches. Cuisines </i></font><i>et identités </i><i>culturelles</i><span style="font-style: normal;">,
Paris : </span>Autrement, Paris, Collection
Mutations/Mangeurs, n°154, 1995, p.56-57.
</p>
</div>
<a href="javascript:history.go(-1)"><span style="font-size: 8px;">Retour au texte</span></a>
<div id="sdfootnote46">
<p class="sdfootnote-western"><a class="sdfootnotesym" name="sdfootnote46sym" href="#sdfootnote46anc">46</a>FISCHLER
Claude, <i>Le repas familial vu par les 10-11 ans</i>, Paris :
Autrement, Les Cahiers de l'OCHA N°6, 1996, p. 55.</p>
</div>
<a href="javascript:history.go(-1)"><span style="font-size: 8px;">Retour au texte</span></a>
<div id="sdfootnote47">
<span start="30">
<p class="sdfootnote-western"><a class="sdfootnotesym" name="sdfootnote47sym" href="#sdfootnote47anc">47</a>FURETIÈRE
<span style="font-style: normal;">Antoine, </span><i>op. cit.</i><span style="font-style: normal;">.</span></p>
</span></div>
<a href="javascript:history.go(-1)"><span style="font-size: 8px;">Retour au texte</span></a>
<div id="sdfootnote48">
<span start="31">
<p class="sdfootnote-western"><a class="sdfootnotesym" name="sdfootnote48sym" href="#sdfootnote48anc">48</a>La
même définition est employée dans le
<i>Dictionnaire de l'Académie française </i>(quatrième
édition, 1762) <span style="font-style: normal;">ainsi que
dans le dictionnaire d' Émile
Littré (1872).</span></p>
</span></div>
<a href="javascript:history.go(-1)"><span style="font-size: 8px;">Retour au texte</span></a>
<div id="sdfootnote49">
<span start="32">
<p class="sdfootnote-western"><a class="sdfootnotesym" name="sdfootnote49sym" href="#sdfootnote49anc">49</a>LITTRÉ
Émile,
<i>Dictionnaire de la langue française</i><span style="font-style: normal;">,</span><i>
</i><span style="font-style: normal;">[</span>1872].</p>
</span></div>
<a href="javascript:history.go(-1)"><span style="font-size: 8px;">Retour au texte</span></a>
<div id="sdfootnote50">
<span start="33">
<p class="sdfootnote-western"><a class="sdfootnotesym" name="sdfootnote50sym" href="#sdfootnote50anc">50</a>RABELAIS
François, <i>Gargantua</i><span style="font-style: normal;">,
Paris : Pocket, 1992, p.191.</span></p>
</span></div>
<a href="javascript:history.go(-1)"><span style="font-size: 8px;">Retour au texte</span></a>
<div id="sdfootnote51">
<span start="34">
<p class="sdfootnote-western"><a class="sdfootnotesym" name="sdfootnote51sym" href="#sdfootnote51anc">51</a><font size="2">JOUANNA
Arlette, <i>Ordre social, mythes et hiérarchies dans la
France du XVI?</i><i> </i><span style="font-style: normal;">siècle,
Paris : Hachette, 1977, p.24.</span></font></p>
</span></div>
<a href="javascript:history.go(-1)"><span style="font-size: 8px;">Retour au texte</span></a>
<div id="sdfootnote52">
<p class="sdfootnote-western"><a class="sdfootnotesym" name="sdfootnote52sym" href="#sdfootnote52anc">52</a><span style="font-style: normal;">RABELAIS
François</span><i>, op. cit.</i>, <span style="font-style: normal;">p.
67.</span></p>
</div>
<a href="javascript:history.go(-1)"><span style="font-size: 8px;">Retour au texte</span></a>
<div id="sdfootnote53">
<p class="sdfootnote-western"><a class="sdfootnotesym" name="sdfootnote53sym" href="#sdfootnote53anc">53</a>ROUSSEAU
Jean-Jacques, <i>Émile
ou De l'éducation</i><span style="font-style: normal;">, Paris
: Librairie de Firmin Didot Frère, 1854, p.12.</span></p>
</div>
<a href="javascript:history.go(-1)"><span style="font-size: 8px;">Retour au texte</span></a>
<div id="sdfootnote54">
<p class="sdfootnote-western"><a class="sdfootnotesym" name="sdfootnote54sym" href="#sdfootnote54anc">54</a>DESRUISSEAUX-TALBOT
Amélie, « L’éducation par la bouche :
les livres I-III de l’<i>Émile</i> de Rousseau »,
<i>in</i><span style="font-style: normal;"> : </span><i>Phares</i><span style="font-style: normal;">,
Volume 2, été 2002, (non paginé).</span>
</p>
</div>
<a href="javascript:history.go(-1)"><span style="font-size: 8px;">Retour au texte</span></a>
<div id="sdfootnote55">
<p class="sdfootnote-western"><a class="sdfootnotesym" name="sdfootnote55sym" href="#sdfootnote55anc">55</a>ROUSSEAU
Jean-Jacques, <i>op. cit.</i><span style="font-style: normal;">,
p.161. </span>
</p>
</div>
<a href="javascript:history.go(-1)"><span style="font-size: 8px;">Retour au texte</span></a>
<div id="sdfootnote56">
<p class="sdfootnote-western"><a class="sdfootnotesym" name="sdfootnote56sym" href="#sdfootnote56anc">56</a>MAC
LEOD Patrick, « Sur le bout de la langue », <i>in</i>
: <i>La gourmandise, délice d'un péché</i>, p.
77.</p>
</div>
<a href="javascript:history.go(-1)"><span style="font-size: 8px;">Retour au texte</span></a>
<div id="sdfootnote57">
<p class="sdfootnote-western"><a class="sdfootnotesym" name="sdfootnote57sym" href="#sdfootnote57anc">57</a><i>Ibid.</i>,
p. 75.</p>
</div>
<a href="javascript:history.go(-1)"><span style="font-size: 8px;">Retour au texte</span></a>
<div id="sdfootnote58">
<p class="sdfootnote-western"><a class="sdfootnotesym" name="sdfootnote58sym" href="#sdfootnote58anc">58</a>RENOIR
Jean, « Par le bout du nez », <i>in</i> : <i>Le
Mangeur. Menus, maux et mots</i><span style="font-style: normal;">,
p.145.</span></p>
</div>
<a href="javascript:history.go(-1)"><span style="font-size: 8px;">Retour au texte</span></a>
<div id="sdfootnote59">
<span start="35">
<p class="sdfootnote-western"><i><a class="sdfootnotesym" name="sdfootnote59sym" href="#sdfootnote59anc">59</a></i><span style="font-style: normal;">RENOIR
Jean,</span><i> op. cit., </i><span style="font-style: normal;">p.145.</span><i>
</i>
</p>
</span></div>
<a href="javascript:history.go(-1)"><span style="font-size: 8px;">Retour au texte</span></a>
<div id="sdfootnote60">
<span start="36">
<p class="sdfootnote-western"><a class="sdfootnotesym" name="sdfootnote60sym" href="#sdfootnote60anc">60</a>ALAVOINE
Bernard, <span style="font-style: normal;">« De Proust à
Siménon : l'aliment au coeur sensible » in :</span>
<i>Le Roman et la nourriture</i><span style="font-style: normal;">,
colloque organisé par le Centre d'étude du roman et
du romanesque, Besançon : Centre Presse Universitaire
Franc-comtoise, 2003, p. 64.</span></p>
</span></div>
<a href="javascript:history.go(-1)"><span style="font-size: 8px;">Retour au texte</span></a>
<div id="sdfootnote61">
<span start="37">
<p class="sdfootnote-western" style=""><font color="#000000"><font size="2"><i><a class="sdfootnotesym" name="sdfootnote61sym" href="#sdfootnote61anc">61</a>Ibid</i><span style="font-style: normal;"><span style="background: transparent none repeat scroll 0% 50%; -moz-background-clip: -moz-initial; -moz-background-origin: -moz-initial; -moz-background-inline-policy: -moz-initial;">,
p. 73.</span></span></font></font></p>
</span></div>
<a href="javascript:history.go(-1)"><span style="font-size: 8px;">Retour au texte</span></a>
<div id="sdfootnote62">
<span start="38">
<p class="sdfootnote-western"><a class="sdfootnotesym" name="sdfootnote62sym" href="#sdfootnote62anc">62</a><span style=""><font size="2">
Cité par <span style="background: transparent none repeat scroll 0% 50%; -moz-background-clip: -moz-initial; -moz-background-origin: -moz-initial; -moz-background-inline-policy: -moz-initial;"><span style="font-style: normal;"><font color="#000000">PICARD
Marie-Amélie, </font></span></span></font><i>Aliments du
désir</i><span style="background: transparent none repeat scroll 0% 50%; -moz-background-clip: -moz-initial; -moz-background-origin: -moz-initial; -moz-background-inline-policy: -moz-initial;"><span style="font-style: normal;"><font color="#000000">,
Paris : Trajectoire, 2003, p. 52.</font></span><font color="#000000"></font></span></span></p>
</span></div>
<a href="javascript:history.go(-1)"><span style="font-size: 8px;">Retour au texte</span></a>
<div id="sdfootnote63">
<span start="39">
<p class="sdfootnote-western"><a class="sdfootnotesym" name="sdfootnote63sym" href="#sdfootnote63anc">63</a><font size="2"><span style="font-style: normal;"><span style=""><span style="text-decoration: none;"><font color="#000000">BELLISLE
</font></span></span>France, « Qu'est-ce que l'appétence
? », </span><i>in </i><span style="font-style: normal;">:
</span></font><span style=""><span style="text-decoration: none;"><font color="#000000"><i>La
gourmandise, délice d'un </i><span style="font-style: normal;">péché,
p.71-72.</span></font></span><font color="#000000"></font></span></p>
</span></div>
<a href="javascript:history.go(-1)"><span style="font-size: 8px;">Retour au texte</span></a>
<div id="sdfootnote64">
<p class="sdfootnote-western"><a class="sdfootnotesym" name="sdfootnote64sym" href="#sdfootnote64anc">64</a><i>Ibid.</i><span style="font-style: normal;">,</span><i>
</i><span style="font-style: normal;">p.71-72. </span>
</p>
</div>
<a href="javascript:history.go(-1)"><span style="font-size: 8px;">Retour au texte</span></a>
<div id="sdfootnote65">
<p class="sdfootnote-western"><a class="sdfootnotesym" name="sdfootnote65sym" href="#sdfootnote65anc">65</a>ROUSSEAU
Jean-Jacques, <i>op. cit.</i><span style="font-style: normal;">,
p.162.</span></p>
</div>
<a href="javascript:history.go(-1)"><span style="font-size: 8px;">Retour au texte</span></a>
<div id="sdfootnote66">
<p class="sdfootnote-western"><a class="sdfootnotesym" name="sdfootnote66sym" href="#sdfootnote66anc">66</a><i>Ibid.</i><span style="font-style: normal;">,
p.161.</span></p>
</div>
<a href="javascript:history.go(-1)"><span style="font-size: 8px;">Retour au texte</span></a>
<div id="sdfootnote67">
<span start="40">
<p class="sdfootnote-western"><a class="sdfootnotesym" name="sdfootnote67sym" href="#sdfootnote67anc">67</a>
<i>Ibid.</i><span style="font-style: normal;">,</span> <span style="font-style: normal;">p.162.</span></p>
</span></div>
<a href="javascript:history.go(-1)"><span style="font-size: 8px;">Retour au texte</span></a>
<div id="sdfootnote68">
<p class="sdfootnote-western"><a class="sdfootnotesym" name="sdfootnote68sym" href="#sdfootnote68anc">68</a><i>Ibid.</i><span style="font-style: normal;">,
p.161.</span></p>
</div>
<a href="javascript:history.go(-1)"><span style="font-size: 8px;">Retour au texte</span></a>
<div id="sdfootnote69">
<p class="sdfootnote-western"><a class="sdfootnotesym" name="sdfootnote69sym" href="#sdfootnote69anc">69</a><i>Ibid.</i><span style="font-style: normal;">,</span>
<span style="font-style: normal;">p.161.</span></p>
</div>
<a href="javascript:history.go(-1)"><span style="font-size: 8px;">Retour au texte</span></a>
<div id="sdfootnote70">
<p class="sdfootnote-western"><a class="sdfootnotesym" name="sdfootnote70sym" href="#sdfootnote70anc">70</a>PONCHON
Raoul, .</p>
</div>
<a href="javascript:history.go(-1)"><span style="font-size: 8px;">Retour au texte</span></a>
<div id="sdfootnote71">
<span start="41">
<p class="sdfootnote-western"><a class="sdfootnotesym" name="sdfootnote71sym" href="#sdfootnote71anc">71</a><span style="font-style: normal;">FURETÈIRE
Antoine, </span><i>op. cit.</i><span style="font-style: normal;">.</span></p>
</span></div>
<a href="javascript:history.go(-1)"><span style="font-size: 8px;">Retour au texte</span></a>
<div id="sdfootnote72">
<span start="42">
<p class="sdfootnote-western"><a class="sdfootnotesym" name="sdfootnote72sym" href="#sdfootnote72anc">72</a>VALLÈS
Jules, <i>L'enfant</i><span style="font-style: normal;">, Paris :
Livre de Poche, 1985, [1881], p.68-69.</span></p>
</span></div>
<a href="javascript:history.go(-1)"><span style="font-size: 8px;">Retour au texte</span></a>
<div id="sdfootnote73">
<span start="43">
<p class="sdfootnote-western"><a class="sdfootnotesym" name="sdfootnote73sym" href="#sdfootnote73anc">73</a>ALAVOINE
Bernard, <i>op. cit.</i><span style="font-style: normal;">, p. 63.</span></p>
</span></div>
<a href="javascript:history.go(-1)"><span style="font-size: 8px;">Retour au texte</span></a>
<div id="sdfootnote74">
<p class="sdfootnote-western"><a class="sdfootnotesym" name="sdfootnote74sym" href="#sdfootnote74anc">74</a><span style="font-style: normal;">AUDIBERTI
Marie-Louise, « L'enfance boulimique »</span>,
<i>in</i> : <i>Nourritures d'enfance. Souvenirs Aigres-doux</i><span style="font-style: normal;">,
Paris : Autrement, Collection Mutation/Mangeur,1992, p63</span>.</p>
</div>
<a href="javascript:history.go(-1)"><span style="font-size: 8px;">Retour au texte</span></a>
<div id="sdfootnote75">
<p class="sdfootnote-western"><a class="sdfootnotesym" name="sdfootnote75sym" href="#sdfootnote75anc">75</a>
ROUSSEAU Jean-Jacques, <i>op. cit.</i>, <span style="font-style: normal;">p.162.</span>
</p>
</div>
<a href="javascript:history.go(-1)"><span style="font-size: 8px;">Retour au texte</span></a>
<div id="sdfootnote76">
<p class="sdfootnote-western"><a class="sdfootnotesym" name="sdfootnote76sym" href="#sdfootnote76anc">76</a>DAHL
Roald cité dans une fiche de présentation réalisée
par les éditions Gallimard Jeunesse, [en Ligne],
http://www.gallimard-jeunesse.fr/medias/20/pdf_auteurs/dahl.pdf,
pages consultées le 13 mars 2006, p.1.</p>
</div>
<a href="javascript:history.go(-1)"><span style="font-size: 8px;">Retour au texte</span></a>
<div id="sdfootnote77">
<p class="sdfootnote-western"><a class="sdfootnotesym" name="sdfootnote77sym" href="#sdfootnote77anc">77</a><i>
Ibid., </i><span style="font-style: normal;">p.1.</span></p>
</div>
<a href="javascript:history.go(-1)"><span style="font-size: 8px;">Retour au texte</span></a>
<div id="sdfootnote78">
<p class="sdfootnote-western"><a class="sdfootnotesym" name="sdfootnote78sym" href="#sdfootnote78anc">78</a>Cité
par COMBET Claude, <i>in </i><span style="font-style: normal;">:
« Roald Dahl », Encyclopeadia Universalis,
2004.</span></p>
</div>
<a href="javascript:history.go(-1)"><span style="font-size: 8px;">Retour au texte</span></a>
<div id="sdfootnote79">
<p class="sdfootnote-western"><a class="sdfootnotesym" name="sdfootnote79sym" href="#sdfootnote79anc">79</a><span style="font-style: normal;">HOWARD
Kristine,</span> <span style="font-style: normal;">« My
Dahl biography », [en ligne],
http://www.roalddahlfans.com, pages consultées le 14 janvier
2006 :</span></p>
<p class="sdfootnote-western"> «<i> Had I not
had children of my own, I would have never written books for
children, nor would I have been capable of doing so ». </i>
</p>
<p class="sdfootnote-western"> <span style="font-style: normal;">Par
ailleurs, afin de simplifier la lecture, nous tenons à
préciser que toutes les citations anglaises sont traduites
par nos soins</span>.</p>
</div>
<a href="javascript:history.go(-1)"><span style="font-size: 8px;">Retour au texte</span></a>
<div id="sdfootnote80">
<p class="sdfootnote-western"><a class="sdfootnotesym" name="sdfootnote80sym" href="#sdfootnote80anc">80</a><span style="font-style: normal;">« The
children's book of Roald Dahl</span> <span style="font-style: normal;">»</span>,
<i>in </i><span style="font-style: normal;">: </span><i>Book and
Magazine Collector</i><span style="font-style: normal;">, n°58,
janvier 1989, (http://www.roalddahlfans.com/articles/bmcjan89.php) :
</span>
</p>
<p class="sdfootnote-western"> <i>« <span lang="en-US">Some</span>
<span lang="en-US">adults</span> may find his stories <span lang="en-US">objectionable</span>,
but Dahl <span lang="en-US">is</span> <span lang="en-US">not</span>
<span lang="en-US">writing</span> for <span lang="en-US">them.</span>
<span lang="en-US">He</span> <span lang="en-US">is</span> <span lang="en-US">writing</span>
for <span lang="en-US">children</span>, <span lang="en-US">and</span>
<span lang="en-US">they</span> adore <span lang="en-US">him</span>
in large <span lang="en-US">numbers</span> ». </i>
</p>
</div>
<a href="javascript:history.go(-1)"><span style="font-size: 8px;">Retour au texte</span></a>
<div id="sdfootnote81">
<span start="44">
<p class="sdfootnote-western" style="page-break-before: always;">
<a class="sdfootnotesym" name="sdfootnote81sym" href="#sdfootnote81anc">81</a>LURIE
Alison,<i> Ne le dite pas aux grands, Essai sur la littérature
enfantine</i><span style="font-style: normal;">, Paris : Edition
Rivage, 1991, p.66-67.</span></p>
</span></div>
<a href="javascript:history.go(-1)"><span style="font-size: 8px;">Retour au texte</span></a>
<div id="sdfootnote82">
<p class="sdfootnote-western"><a class="sdfootnotesym" name="sdfootnote82sym" href="#sdfootnote82anc">82</a>BETTELHEIM
Bruno, <i>Psychanalyse des contes de fées</i><span style="font-style: normal;">,
Paris : Robert Laffond, 1976, p.81.</span></p>
</div>
<a href="javascript:history.go(-1)"><span style="font-size: 8px;">Retour au texte</span></a>
<div id="sdfootnote83">
<p class="sdfootnote-western"><a class="sdfootnotesym" name="sdfootnote83sym" href="#sdfootnote83anc">83</a><span style="font-style: normal;">DAHL
Roald, </span><i>Moi, Boy</i><span style="font-style: normal;">,
Paris : Gallimard Jeunesse, 1997, p.40.</span></p>
</div>
<a href="javascript:history.go(-1)"><span style="font-size: 8px;">Retour au texte</span></a>
<div id="sdfootnote84">
<p class="sdfootnote-western"><a class="sdfootnotesym" name="sdfootnote84sym" href="#sdfootnote84anc">84</a>DAHL
Roald, <i>op. cit.</i><span style="font-style: normal;">, p.172.</span></p>
</div>
<a href="javascript:history.go(-1)"><span style="font-size: 8px;">Retour au texte</span></a>
<div id="sdfootnote85">
<p class="sdfootnote-western"><a class="sdfootnotesym" name="sdfootnote85sym" href="#sdfootnote85anc">85</a>PEDEROS
<span style=""><span style="font-style: normal;">Jean,
« N'est pas gourmand qui veut ! »</span>, <i>in
</i>: <span style="font-style: normal;"> <font color="#000000">Revue
Dada n°105, </font></span><font color="#000000"><i>La
gourmandise</i><span style="font-style: normal;"> , Belgique :
édition MangoPresse, novembre 2005.</span></font></span><font color="#000000"></font></p>
</div>
<a href="javascript:history.go(-1)"><span style="font-size: 8px;">Retour au texte</span></a>
<div id="sdfootnote86">
<p class="sdfootnote-western"><a class="sdfootnotesym" name="sdfootnote86sym" href="#sdfootnote86anc">86</a>DAHL
Roald, <i>op. cit.</i>, p.3.</p>
</div>
<a href="javascript:history.go(-1)"><span style="font-size: 8px;">Retour au texte</span></a>
<div id="sdfootnote87">
<p class="sdfootnote-western"><a class="sdfootnotesym" name="sdfootnote87sym" href="#sdfootnote87anc">87</a>Cité
par COMBET Claude, <i>in </i><span style="font-style: normal;">:
« Roald Dahl », </span><i>Encyclopeadia
Universalis</i><span style="font-style: normal;">, (Version CD Room),
2004.</span></p>
</div>
<a href="javascript:history.go(-1)"><span style="font-size: 8px;">Retour au texte</span></a>
<div id="sdfootnote88">
<p class="sdfootnote-western"><a class="sdfootnotesym" name="sdfootnote88sym" href="#sdfootnote88anc">88</a>DAHL
Tessa, « Once upon a time, childhood was made of
magic... », <i>in :</i><span style="font-style: normal;">
</span><i>The Sunday Times</i><span style="font-style: normal;">,</span><i>
</i><span style="font-style: normal;">23 avril 2000 </span><i>:
« Titillation, suggestion and naughtiness left us room to
make our own discoveries in our own time. We did not have smut
rammed down our throats. »</i></p>
</div>
<a href="javascript:history.go(-1)"><span style="font-size: 8px;">Retour au texte</span></a>
<div id="sdfootnote89">
<p class="sdfootnote-western"><a class="sdfootnotesym" name="sdfootnote89sym" href="#sdfootnote89anc">89</a>MONTANDON
Alain, <i>Du récit merveilleux ou l'ailleurs de l'enfance</i><span style="font-style: normal;">,
Paris : Éditions imago, 2001, p.10.</span></p>
</div>
<a href="javascript:history.go(-1)"><span style="font-size: 8px;">Retour au texte</span></a>
<div id="sdfootnote90">
<p class="sdfootnote-western"><a class="sdfootnotesym" name="sdfootnote90sym" href="#sdfootnote90anc">90</a>Afin
de simplifier la lecture, nous utiliserons désormais cette
abréviation pour désigner le personnage nommé
le Bon Gros Géant.</p>
</div>
<a href="javascript:history.go(-1)"><span style="font-size: 8px;">Retour au texte</span></a>
<div id="sdfootnote91">
<p class="sdfootnote-western"><a class="sdfootnotesym" name="sdfootnote91sym" href="#sdfootnote91anc">91</a>Jacqueline
Held explique que<i> </i>« la gourmandise primordiale »
serait le déclencheur du merveilleux puisque celle-ci serait
comme le « prisme kaléidoscope à travers
lequel les îles du fleuve d'Argal sont perçues comme un
immense saladier d'oeufs à la neige... »,<i> op.
cit.,</i> p.39.</p>
</div>
<a href="javascript:history.go(-1)"><span style="font-size: 8px;">Retour au texte</span></a>
<div id="sdfootnote92">
<p class="sdfootnote-western"><a class="sdfootnotesym" name="sdfootnote92sym" href="#sdfootnote92anc">92</a>FÉNELON,
« Voyage dans l'île des plaisirs », <i>in
</i><span style="font-style: normal;">: </span><i>Télémaque</i><span style="font-style: normal;">,
Paris : Librairie de Firmin Didot Frère, 1841, p.474.</span></p>
</div>
<a href="javascript:history.go(-1)"><span style="font-size: 8px;">Retour au texte</span></a>
<div id="sdfootnote93">
<p class="sdfootnote-western"><a class="sdfootnotesym" name="sdfootnote93sym" href="#sdfootnote93anc">93</a>SAINT-POL-ROUX
cité par HELD Jacqueline, <i>op. cit.</i>, p.8.</p>
</div>
<a href="javascript:history.go(-1)"><span style="font-size: 8px;">Retour au texte</span></a>
<div id="sdfootnote94">
<p class="sdfootnote-western"><a class="sdfootnotesym" name="sdfootnote94sym" href="#sdfootnote94anc">94</a>
DAHL Tessa, <i>op. cit</i>. <span style="font-style: normal;">:</span>
<i>« But you did not overprotect me. If the local fire
station alarm sounded, we would follow the fire engine to its
destination. Real-life drama was interlaced with phantasmal
scenarios. We were taught to understand and therefore to empathise
by thinking what it could or would be like to be them »</i></p>
</div>
<a href="javascript:history.go(-1)"><span style="font-size: 8px;">Retour au texte</span></a>
<div id="sdfootnote95">
<p class="sdfootnote-western"><a class="sdfootnotesym" name="sdfootnote95sym" href="#sdfootnote95anc">95</a>SCHUHL
Pierre-Maxime, <i>L'imaginaire et le merveilleux, la pensée
ou l'action</i><span style="font-style: normal;">, Paris :
Flammarion, 1969, p.51.</span></p>
</div>
<a href="javascript:history.go(-1)"><span style="font-size: 8px;">Retour au texte</span></a>
<div id="sdfootnote96">
<p class="sdfootnote-western"><a class="sdfootnotesym" name="sdfootnote96sym" href="#sdfootnote96anc">96</a>DAHL
Tessa, <i>op. cit. </i><span style="font-style: normal;">:</span>
<i>« <span style="">There
was no subtlety, no entrancement, no mystery at all, [...]. Nothing
was left to the imagination. How different from your insistence
always to respect the audience and allow them to travel into their
world and weave a story in their own language. It seems nowadays
that teenagers are not allowed the luxury of self-translations. </span>»</i></p>
</div>
<a href="javascript:history.go(-1)"><span style="font-size: 8px;">Retour au texte</span></a>
<div id="sdfootnote97">
<p class="sdfootnote-western"><a class="sdfootnotesym" name="sdfootnote97sym" href="#sdfootnote97anc">97</a>WOOD
Michael, « The Confidence Man », <i>in </i><span style="font-style: normal;">:
</span><i>New Society</i><span style="font-style: normal;">, le </span>
27 décembre 1979, p.14-16. L'auteur de cet article nous
montre comment Roald Dahl manipule dans ces livres ses jeunes
lecteurs.
</p>
</div>
<a href="javascript:history.go(-1)"><span style="font-size: 8px;">Retour au texte</span></a>
<div id="sdfootnote98">
<p class="sdfootnote-western"><a class="sdfootnotesym" name="sdfootnote98sym" href="#sdfootnote98anc">98</a>ROUSSEAU
Jean-Jacques, <i>op. cit.</i><span style="font-style: normal;">,
p.133.</span></p>
</div>
<a href="javascript:history.go(-1)"><span style="font-size: 8px;">Retour au texte</span></a>
<div id="sdfootnote99">
<p class="sdfootnote-western"><a class="sdfootnotesym" name="sdfootnote99sym" href="#sdfootnote99anc">99</a><i>Ibid.</i><span style="font-style: normal;">,
p.161.</span></p>
</div>
<a href="javascript:history.go(-1)"><span style="font-size: 8px;">Retour au texte</span></a>
<div id="sdfootnote100">
<p class="sdfootnote-western"><a class="sdfootnotesym" name="sdfootnote100sym" href="#sdfootnote100anc">100</a><i>Ibid.</i><span style="font-style: normal;">,
p.163.</span></p>
</div>
<a href="javascript:history.go(-1)"><span style="font-size: 8px;">Retour au texte</span></a>
<div id="sdfootnote101">
<p class="sdfootnote-western"><a class="sdfootnotesym" name="sdfootnote101sym" href="#sdfootnote101anc">101</a>Néologismes
de Roald Dahl utilisés dans le <i>BGG</i><span style="font-style: normal;">.</span>
</p>
</div>
<a href="javascript:history.go(-1)"><span style="font-size: 8px;">Retour au texte</span></a>
<div id="sdfootnote102">
<p class="sdfootnote-western"><a class="sdfootnotesym" name="sdfootnote102sym" href="#sdfootnote102anc">102</a>DAHL
Roald, <i>Moi, Boy</i><span style="font-style: normal;">, Paris :
Gallimard jeunesse, 1997, p.171.</span></p>
</div>
<a href="javascript:history.go(-1)"><span style="font-size: 8px;">Retour au texte</span></a>
<div id="sdfootnote103">
<p class="sdfootnote-western"><a class="sdfootnotesym" name="sdfootnote103sym" href="#sdfootnote103anc">103</a>CHÂTELET
Noëlle, « On dirait que ce serait », <i>in
</i><span style="font-style: normal;">: </span><i>Nourritures
d'enfance. Souvenirs aigres-doux</i><span style="font-style: normal;">,
Paris : Autrement, Collection Mutations/Mangeurs, n°129, 1992,
p.146.</span></p>
</div>
<a href="javascript:history.go(-1)"><span style="font-size: 8px;">Retour au texte</span></a>
<div id="sdfootnote104">
<p class="sdfootnote-western"><a class="sdfootnotesym" name="sdfootnote104sym" href="#sdfootnote104anc">104</a>
DAHL Roald, <i>op. cit. </i><span style="font-style: normal;">, p.36.</span></p>
</div>
<a href="javascript:history.go(-1)"><span style="font-size: 8px;">Retour au texte</span></a>
<div id="sdfootnote105">
<p class="sdfootnote-western"><a class="sdfootnotesym" name="sdfootnote105sym" href="#sdfootnote105anc">105</a>
DAHL Roald, <i>Les nouvelles irrésistibles recettes de
Roald Dahl</i>, Paris : Gallimard jeunesse, 2002.</p>
</div>
<a href="javascript:history.go(-1)"><span style="font-size: 8px;">Retour au texte</span></a>
<div id="sdfootnote106">
<p class="sdfootnote-western"><a class="sdfootnotesym" name="sdfootnote106sym" href="#sdfootnote106anc">106</a>
CARROLL Lewis, <i>Les Aventures d'Alice au pays des merveilles</i><span style="font-style: normal;">,
Paris : Édition J'ai lu, 2000, (collection Librio), p.11.</span></p>
</div>
<a href="javascript:history.go(-1)"><span style="font-size: 8px;">Retour au texte</span></a>
<div id="sdfootnote107">
<p class="sdfootnote-western"><a class="sdfootnotesym" name="sdfootnote107sym" href="#sdfootnote107anc">107</a>
DAHL Roald, <i>op. cit.</i><span style="font-style: normal;">, p.100.</span></p>
</div>
<a href="javascript:history.go(-1)"><span style="font-size: 8px;">Retour au texte</span></a>
<div id="sdfootnote108">
<span start="45">
<p class="sdfootnote-western" style="page-break-before: always;">
<a class="sdfootnotesym" name="sdfootnote108sym" href="#sdfootnote108anc">108</a>
LURIE Alison,<i> op. cit.,</i><span style="font-style: normal;">
p.149.</span></p>
</span></div>
<a href="javascript:history.go(-1)"><span style="font-size: 8px;">Retour au texte</span></a>
<div id="sdfootnote109">
<p class="sdfootnote-western"><a class="sdfootnotesym" name="sdfootnote109sym" href="#sdfootnote109anc">109</a>
SORIANO Mark, <span style=""><font color="#000000"><i>Guide
pour la littérature pour la jeunesse</i><span style="font-style: normal;">,
Paris : Flammarion, 1975.</span></font></span></p>
</div>
<a href="javascript:history.go(-1)"><span style="font-size: 8px;">Retour au texte</span></a>
<div id="sdfootnote110">
<p class="sdfootnote-western"><a class="sdfootnotesym" name="sdfootnote110sym" href="#sdfootnote110anc">110</a>
BETTELHEIM Bruno, <i>op. cit.</i><span style="font-style: normal;">,
p.208.</span></p>
</div>
<a href="javascript:history.go(-1)"><span style="font-size: 8px;">Retour au texte</span></a>
<div id="sdfootnote111">
<p class="sdfootnote-western"><a class="sdfootnotesym" name="sdfootnote111sym" href="#sdfootnote111anc">111</a>
FÉNELON, <i>op. cit.</i><span style="font-style: normal;">,
p.477.</span></p>
</div>
<a href="javascript:history.go(-1)"><span style="font-size: 8px;">Retour au texte</span></a>
<div id="sdfootnote112">
<p class="sdfootnote-western"><a class="sdfootnotesym" name="sdfootnote112sym" href="#sdfootnote112anc">112</a><span style="font-style: normal;">
</span><i>Ibid., </i><span style="font-style: normal;">p.475.</span></p>
</div>
<a href="javascript:history.go(-1)"><span style="font-size: 8px;">Retour au texte</span></a>
<div id="sdfootnote113">
<p class="sdfootnote-western"><a class="sdfootnotesym" name="sdfootnote113sym" href="#sdfootnote113anc">113</a>
FISCHLER Claude, <i>op. cit.</i>, <span style=""><span style="font-style: normal;"><font size="2"><font color="#000000">p.122.</font></font></span></span></p>
</div>
<a href="javascript:history.go(-1)"><span style="font-size: 8px;">Retour au texte</span></a>
<div id="sdfootnote114">
<p class="sdfootnote-western"><a class="sdfootnotesym" name="sdfootnote114sym" href="#sdfootnote114anc">114</a>
DOUIN Jean-Luc, « Roald Dahl, écrivain
britannique à succès » <i>in</i><span style="font-style: normal;">
: </span><i>Le Monde</i><span style="font-style: normal;">, p.14, le
13/07/2005.</span></p>
</div>
<a href="javascript:history.go(-1)"><span style="font-size: 8px;">Retour au texte</span></a>
<div id="sdfootnote115">
<p class="sdfootnote-western"><a class="sdfootnotesym" name="sdfootnote115sym" href="#sdfootnote115anc">115</a>
DOUGLAS Virginie, « Les oeuvres pour enfants de Roald
Dahl. La revanche de l'enfance moderne ? », <i>in </i><span style="font-style: normal;">:</span><i>
Enfance d'en face</i>, Rouen : Presse Universitaire de Rouen, 2002,
p.139.</p>
</div>
<a href="javascript:history.go(-1)"><span style="font-size: 8px;">Retour au texte</span></a>
<div id="sdfootnote116">
<p class="sdfootnote-western"><a class="sdfootnotesym" name="sdfootnote116sym" href="#sdfootnote116anc">116</a>
PROPP Vladimir I., <i>La morphologie du conte</i>, Paris : Seuil,
1970, p.93.</p>
</div>
<a href="javascript:history.go(-1)"><span style="font-size: 8px;">Retour au texte</span></a>
<div id="sdfootnote117">
<p class="sdfootnote-western"><a class="sdfootnotesym" name="sdfootnote117sym" href="#sdfootnote117anc">117</a>
DOUGLAS Virgine, <i>op. cit.</i>, p.135.</p>
</div>
<a href="javascript:history.go(-1)"><span style="font-size: 8px;">Retour au texte</span></a>
<div id="sdfootnote118">
<p class="sdfootnote-western"><a class="sdfootnotesym" name="sdfootnote118sym" href="#sdfootnote118anc">118</a>
BETTELHEIM Bruno, <i>op. cit.</i><span style="font-style: normal;">,
p.194.</span></p>
</div>
<a href="javascript:history.go(-1)"><span style="font-size: 8px;">Retour au texte</span></a>
<div id="sdfootnote119">
<p class="sdfootnote-western"><a class="sdfootnotesym" name="sdfootnote119sym" href="#sdfootnote119anc">119</a>
Notons ici que le <span style="font-style: normal;">nombre
d'occurrences</span> du mot « father » est
moins important que celui de « mother ». Cet
écart significatif peut s'expliquer grâce à la
biographie de l'auteur. En effet, Roald Dahl a perdu son père
à l'âge de trois ans. Il fut entouré par la
suite de figures essentiellement féminines, à savoir
sa mère, Sofie Dahl, sa grand-mère qu'on retrouve dans
<i>Sacrées Sorcières</i><span style="font-style: normal;">,
et ses soeurs.</span>
</p>
</div>
<a href="javascript:history.go(-1)"><span style="font-size: 8px;">Retour au texte</span></a>
<div id="sdfootnote120">
<p class="sdfootnote-western"><a class="sdfootnotesym" name="sdfootnote120sym" href="#sdfootnote120anc">120</a>
MICHEL Jeanne, <i>L'imaginaire de l'enfant : les contes</i><span style="font-style: normal;">,
Paris : Nathan, 1976, p.70.</span></p>
</div>
<a href="javascript:history.go(-1)"><span style="font-size: 8px;">Retour au texte</span></a>
<div id="sdfootnote121">
<p class="sdfootnote-western"><a class="sdfootnotesym" name="sdfootnote121sym" href="#sdfootnote121anc">121</a>
Cet adjectif est souligné par l'auteur.</p>
</div>
<a href="javascript:history.go(-1)"><span style="font-size: 8px;">Retour au texte</span></a>
<div id="sdfootnote122">
<p class="sdfootnote-western"><a class="sdfootnotesym" name="sdfootnote122sym" href="#sdfootnote122anc">122</a>
<span style=""><font size="2"><font color="#000000"><span style="font-style: normal;">FISCHLER
Claude, </span><i>op. cit.</i><span style="font-style: normal;">,
p.121.</span></font></font></span></p>
</div>
<a href="javascript:history.go(-1)"><span style="font-size: 8px;">Retour au texte</span></a>
<div id="sdfootnote123">
<p class="sdfootnote-western"><a class="sdfootnotesym" name="sdfootnote123sym" href="#sdfootnote123anc">123</a>
SAINT-AUGUSTIN, <i>Confessions</i><span style="font-style: normal;">,
Paris : Les Belles Lettres, 1989, Tome I, livre huitième,
Chapitre XII, §28-29.</span></p>
</div>
<a href="javascript:history.go(-1)"><span style="font-size: 8px;">Retour au texte</span></a>
<div id="sdfootnote124">
<p class="sdfootnote-western"><a class="sdfootnotesym" name="sdfootnote124sym" href="#sdfootnote124anc">124</a>
Nous avons préféré la version anglaise qui est
moins édulcorée que la traduction française <span lang="fr-FR"><font size="2">:
« Ce garçon qui, voilà peu de temps, était
rejeté de part en part par les hommes ».</font></span></p>
</div>
<a href="javascript:history.go(-1)"><span style="font-size: 8px;">Retour au texte</span></a>
<div id="sdfootnote125">
<p class="sdfootnote-western"><a class="sdfootnotesym" name="sdfootnote125sym" href="#sdfootnote125anc">125</a>
DOUGLAS Virginie, <i>op. cit.</i>, p.134.</p>
</div>
<a href="javascript:history.go(-1)"><span style="font-size: 8px;">Retour au texte</span></a>
<div id="sdfootnote126">
<p class="sdfootnote-western"><a class="sdfootnotesym" name="sdfootnote126sym" href="#sdfootnote126anc">126</a>
Bruno Bettelheim explique effectivement que « la première
expérience consciente de tout individu a trait à la
nourriture et ses premières relations avec une autre personne
s'établissent avec sa mère qui le nourrit. »
</p>
</div>
<a href="javascript:history.go(-1)"><span style="font-size: 8px;">Retour au texte</span></a>
<div id="sdfootnote127">
<p class="sdfootnote-western"><a class="sdfootnotesym" name="sdfootnote127sym" href="#sdfootnote127anc">127</a>
DAHL Roald, <i>Les Minuscules</i><span style="font-style: normal;">,
Paris : Gallimard Jeunesse, 1993, p.9.</span></p>
</div>
<a href="javascript:history.go(-1)"><span style="font-size: 8px;">Retour au texte</span></a>
<div id="sdfootnote128">
<p class="sdfootnote-western"><a class="sdfootnotesym" name="sdfootnote128sym" href="#sdfootnote128anc">128</a>
BETTELHEIM Bruno, <i>op. cit.</i><span style="font-style: normal;">,
p.198.</span></p>
</div>
<a href="javascript:history.go(-1)"><span style="font-size: 8px;">Retour au texte</span></a>
<div id="sdfootnote129">
<p class="sdfootnote-western"><a class="sdfootnotesym" name="sdfootnote129sym" href="#sdfootnote129anc">129</a>
CARROLL Lewis, <i>op. cit.</i><span style="font-style: normal;">,
p.8.</span></p>
</div>
<a href="javascript:history.go(-1)"><span style="font-size: 8px;">Retour au texte</span></a>
<div id="sdfootnote130">
<p class="sdfootnote-western"><a class="sdfootnotesym" name="sdfootnote130sym" href="#sdfootnote130anc">130</a>
DAHL Roald, <i>op. cit.</i>, p.3.</p>
</div>
<a href="javascript:history.go(-1)"><span style="font-size: 8px;">Retour au texte</span></a>
<div id="sdfootnote131">
<span start="46">
<p class="sdfootnote-western" style="page-break-before: always;">
<a class="sdfootnotesym" name="sdfootnote131sym" href="#sdfootnote131anc">131</a>
HELD Jacqueline, <i>L'enfant, le livre et l'écrivain</i>,
Paris : Édition du Scarabée, 1984, p.178.</p>
</span></div>
<a href="javascript:history.go(-1)"><span style="font-size: 8px;">Retour au texte</span></a>
<div id="sdfootnote132">
<span start="47">
<p class="sdfootnote-western" style="page-break-before: always;">
<a class="sdfootnotesym" name="sdfootnote132sym" href="#sdfootnote132anc">132</a><i>
Ibid.</i>, p.178.</p>
</span></div>
<a href="javascript:history.go(-1)"><span style="font-size: 8px;">Retour au texte</span></a>
<div id="sdfootnote133">
<p class="sdfootnote-western"><a class="sdfootnotesym" name="sdfootnote133sym" href="#sdfootnote133anc">133</a><span style="font-style: normal;">
DAHL Roald, </span><i>op. cit.</i><span style="font-style: normal;">,
p.40.</span></p>
</div>
<a href="javascript:history.go(-1)"><span style="font-size: 8px;">Retour au texte</span></a>
<div id="sdfootnote134">
<p class="sdfootnote-western"><a class="sdfootnotesym" name="sdfootnote134sym" href="#sdfootnote134anc">134</a>
CARO Paul, « Le sourire du dinosaure », [en
ligne], http://www.palais-decouverte.fr/revue/272/272art17.htm,
pages consultées le 5 mai 2006.
</p>
</div>
<a href="javascript:history.go(-1)"><span style="font-size: 8px;">Retour au texte</span></a>
<div id="sdfootnote135">
<p class="sdfootnote-western"><a class="sdfootnotesym" name="sdfootnote135sym" href="#sdfootnote135anc">135</a><span style=""><span style="font-style: normal;">
Cité par ROYER Sharon E., « </span></span>Roald
Dahl and Sociology », <i>in </i><span style="font-style: normal;">:</span><i>The
Alan Review,<span style=""> </span></i><span style="">Volume
26, n°1, automne 1998,
(</span>http://scholar.lib.vt.edu/ejournals/ALAN/fall98/royer.html<span style="">)
: <i><span lang="en-US">In almost all of Dahl's fiction--whether it
be intended for children or for adults--authoritarian figures,
social institutions, and societal norms are ridiculed or at least
undermined</span></i></span></p>
</div>
<a href="javascript:history.go(-1)"><span style="font-size: 8px;">Retour au texte</span></a>
<div id="sdfootnote136">
<p class="sdfootnote-western"><a class="sdfootnotesym" name="sdfootnote136sym" href="#sdfootnote136anc">136</a>
Le narrateur décrit les Verdebois comme des personnes
« bornés, [...] confinés dans leurs petites
existences étriqués et stupides »[14],
une description ressemblant étrangement à leur plateau
repas : « ils mangeaient des repas tout préparés
dans des barquettes d'aluminium comportant des cases pour la viande
bouillie, les pommes vapeur et les pois cassés »[30].</p>
</div>
<a href="javascript:history.go(-1)"><span style="font-size: 8px;">Retour au texte</span></a>
<div id="sdfootnote137">
<p class="sdfootnote-western"><a class="sdfootnotesym" name="sdfootnote137sym" href="#sdfootnote137anc">137</a>
VERRIER Jean, « une initiation jubilatoire »,
[en ligne], http://www.cndp.fr/revueTDC/832-41667.htm<span style="font-style: normal;">,
page consultée le 27 avril 2006.</span></p>
</div>
<a href="javascript:history.go(-1)"><span style="font-size: 8px;">Retour au texte</span></a>
<div id="sdfootnote138">
<p class="sdfootnote-western"><a class="sdfootnotesym" name="sdfootnote138sym" href="#sdfootnote138anc">138</a>
« The children's book of Roald Dahl », <i>in</i><span style="font-style: normal;">
:</span><i> Book and Magazine Collector</i><span style="font-style: normal;">,
n°58, janvier 1989,
(</span>http://www.roalddahlfans.com/articles/bmcjan89.php<span style="font-style: normal;">)
:</span> « <i>Writing for children is much harder than
writing for adults. Children don't have the concentration of adults,
and unless you hold them from the first page, they're going to
wander away and watch the telly or do something else. They only read
for fun; you've got to hold them ». </i>
</p>
</div>
<a href="javascript:history.go(-1)"><span style="font-size: 8px;">Retour au texte</span></a>
<div id="sdfootnote139">
<p class="sdfootnote-western"><a class="sdfootnotesym" name="sdfootnote139sym" href="#sdfootnote139anc">139</a>
HOWARD Kristine, <i>op. cit.</i><span style="font-style: normal;">,
non paginé.</span></p>
</div>
<a href="javascript:history.go(-1)"><span style="font-size: 8px;">Retour au texte</span></a>
<div id="sdfootnote140">
<p class="sdfootnote-western"><a class="sdfootnotesym" name="sdfootnote140sym" href="#sdfootnote140anc">140</a>ÉMELINA
Jean, <i>Le Comique, essai d'interprétation générale</i>,
Paris : éditions SEDES, Collection Question de
littérature, 1996, p. 65.</p>
</div>
<a href="javascript:history.go(-1)"><span style="font-size: 8px;">Retour au texte</span></a>
<div id="sdfootnote141">
<span start="48">
<p class="sdfootnote-western"><a class="sdfootnotesym" name="sdfootnote141sym" href="#sdfootnote141anc">141</a>
WEISSEMAN Vicki, « I like Matilda... », <i>in
</i>: <i>The New York Times</i><span style="font-style: normal;">,
15 Janvier 1989, (</span>http://www.roalddahlfans.com/books/matirev1.php<span style="font-style: normal;">)
: </span><i>« no one is really hurt, and the truths of
death and torture are as distant as when the magician saws the lady
in half. Children rapidly push aside what they don't want and,
following their lead, so does Mr. Dahl when a character
inconveniences the thread of his fantasy. »</i></p>
</span></div>
<a href="javascript:history.go(-1)"><span style="font-size: 8px;">Retour au texte</span></a>
<div id="sdfootnote142">
<p class="sdfootnote-western"><a class="sdfootnotesym" name="sdfootnote142sym" href="#sdfootnote142anc">142</a>
ÉMELINA Jean, <i>op. cit.</i>, p.166.</p>
</div>
<a href="javascript:history.go(-1)"><span style="font-size: 8px;">Retour au texte</span></a>
<div id="sdfootnote143">
<p class="sdfootnote-western"><a class="sdfootnotesym" name="sdfootnote143sym" href="#sdfootnote143anc">143</a>
Dans une dédicace adressée à Quentin Blake,
Pierre Marchand, directeur des éditions Galimard Jeunesse
affirme qu'il ne peut imaginer les textes de Roald Dahl sans ses
illustrations.</p>
</div>
<a href="javascript:history.go(-1)"><span style="font-size: 8px;">Retour au texte</span></a>
<div id="sdfootnote144">
<p class="sdfootnote-western"><a class="sdfootnotesym" name="sdfootnote144sym" href="#sdfootnote144anc">144</a>
CHAPUIS Lise, « Plasticiens, illustrateurs...quelles
démarches de création d'images pour la jeunesse ? »,
<i>in </i><span style="font-style: normal;">: </span><i>Littérature
de jeunesse, incertaines frontière</i><span style="font-style: normal;">,
Paris : Gallimard Jeunesse, 2005, p.128-139.</span></p>
</div>
<a href="javascript:history.go(-1)"><span style="font-size: 8px;">Retour au texte</span></a>
<div id="sdfootnote145">
<p class="sdfootnote-western"><a class="sdfootnotesym" name="sdfootnote145sym" href="#sdfootnote145anc">145</a>
The official Quentin Blake website, « How it's done »,
[en ligne], www.quentinblake.com/about/interview4.asp, consulté
le 24 janvier 2006 : <i>« I try to get as close to what
the writer intended as possible – to get on their wavelength.
The text, not the pictures, must lead the way. »</i></p>
</div>
<a href="javascript:history.go(-1)"><span style="font-size: 8px;">Retour au texte</span></a>
<div id="sdfootnote146">
<p class="sdfootnote-western"><a class="sdfootnotesym" name="sdfootnote146sym" href="#sdfootnote146anc">146</a>BLAKE
Quentin, <i>La vie de la page</i><span style="font-style: normal;">,
Paris : Gallimard Jeunesse, 1995, p.75.</span></p>
</div>
<a href="javascript:history.go(-1)"><span style="font-size: 8px;">Retour au texte</span></a>
<div id="sdfootnote147">
<span start="49">
<p class="sdfootnote-western"><a class="sdfootnotesym" name="sdfootnote147sym" href="#sdfootnote147anc">147</a>
Seules les illustrations de <i>Charlie </i><span style="font-style: normal;">(<span style="">Paris
: Gallimard jeunesse, collection hors série littérature
avec des illustrations en couleur, 1997) </span>et de </span><i>James<span style=""><font size="2">
</font></span></i><span style=""><font size="2"><span style="font-style: normal;">(Paris
: Gallimard jeunesse, collection hors série littérature
avec illustrations en couleur, 1999) sont en couleur. Il n'existe
pas d'édition en couleur pour </span><i>Matilda </i><span style="font-style: normal;">(Paris
: Gallimard jeunesse, 1994) et </span><i>Le Bon gros Géant
</i><span style="font-style: normal;">(Paris : Gallimard jeunesse,
1987).</span></font></span></p>
</span></div>
<a href="javascript:history.go(-1)"><span style="font-size: 8px;">Retour au texte</span></a>
<div id="sdfootnote148">
<p class="sdfootnote-western"><a class="sdfootnotesym" name="sdfootnote148sym" href="#sdfootnote148anc">148</a><span style=""><font size="2"><span style="font-style: normal;">
BLAKE Quentin, </span><i>op. cit.</i><span style="font-style: normal;">,
p.41.</span></font></span></p>
</div>
<a href="javascript:history.go(-1)"><span style="font-size: 8px;">Retour au texte</span></a>
<div id="sdfootnote149">
<p class="sdfootnote-western"><a class="sdfootnotesym" name="sdfootnote149sym" href="#sdfootnote149anc">149</a>
Confère annexe intitulée « l'émancipation
de James ».
</p>
</div>
<a href="javascript:history.go(-1)"><span style="font-size: 8px;">Retour au texte</span></a>
<div id="sdfootnote150">
<p class="sdfootnote-western"><a class="sdfootnotesym" name="sdfootnote150sym" href="#sdfootnote150anc">150</a>
NOIVILLE Florence, « Tout l'art de croquer »,
<i>in </i>: <i>La vie de la page</i>, <i>op. cit.</i>, p.9.<i> </i>
</p>
</div>
<a href="javascript:history.go(-1)"><span style="font-size: 8px;">Retour au texte</span></a>
<div id="sdfootnote151">
<p class="sdfootnote-western"><a class="sdfootnotesym" name="sdfootnote151sym" href="#sdfootnote151anc">151</a>BLAKE
Quentin, <i>op. cit.</i><span style="font-style: normal;">, p.42.</span></p>
</div>
<a href="javascript:history.go(-1)"><span style="font-size: 8px;">Retour au texte</span></a>
<div id="sdfootnote152">
<span start="50">
<p class="sdfootnote-western" style="background: transparent none repeat scroll 0% 50%; margin-bottom: 0.2cm; -moz-background-clip: -moz-initial; -moz-background-origin: -moz-initial; -moz-background-inline-policy: -moz-initial; line-height: 0.45cm; page-break-inside: avoid; page-break-after: avoid;">
<a class="sdfootnotesym" name="sdfootnote152sym" href="#sdfootnote152anc">152</a>
DUMAS Philippe, « Mon ami Quentin Blake »,
<i>in </i><span style="font-style: normal;">: </span><span style=""><font size="2"><i>La
vie de la page</i><span style="font-style: normal;">, </span><i>op.
cit.</i><span style="font-style: normal;">, p.18.</span></font></span><span style="font-style: normal;">
</span>
</p>
</span></div>
<a href="javascript:history.go(-1)"><span style="font-size: 8px;">Retour au texte</span></a>
<div id="sdfootnote153">
<p class="sdfootnote-western"><a class="sdfootnotesym" name="sdfootnote153sym" href="#sdfootnote153anc">153</a>ZOUGHEBI
Henriette, <i>in </i><span style="font-style: normal;">: </span><i>
La vie de la page</i><span style="font-style: normal;">, </span><i>op.
cit.</i><span style="font-style: normal;">, p.6.</span></p>
</div>
<a href="javascript:history.go(-1)"><span style="font-size: 8px;">Retour au texte</span></a>
<div id="sdfootnote154">
<p class="sdfootnote-western"><a class="sdfootnotesym" name="sdfootnote154sym" href="#sdfootnote154anc">154</a>
La physionomie du géant contraste avec le titre français,
<i>Le Bon Gros Géant</i><span style="font-style: normal;">. Il
n'est effectivement aucunement corpulent. Bien au contraire, il est
décrit comme très mince dès les premières
pages. Notons que le titre anglais est bien moins ambigu puisqu'il
s'agit du </span><i>The Big Friendly Giant </i><span style="font-style: normal;">signifiant
littéralement le grand et amical géant. </span>
</p>
</div>
<a href="javascript:history.go(-1)"><span style="font-size: 8px;">Retour au texte</span></a>
<div id="sdfootnote155">
<p class="sdfootnote-western"><a class="sdfootnotesym" name="sdfootnote155sym" href="#sdfootnote155anc">155</a>
DAHL Roald, <i>Le Bon Gros Géant</i>, <i>op. cit.</i>, 66-67.</p>
</div>
<a href="javascript:history.go(-1)"><span style="font-size: 8px;">Retour au texte</span></a>
<div id="sdfootnote156">
<p class="sdfootnote-western"><a class="sdfootnotesym" name="sdfootnote156sym" href="#sdfootnote156anc">156</a>
HELD Jacqueline, <i>op. cit.</i><span style="font-style: normal;">,
p.147</span></p>
</div>
<a href="javascript:history.go(-1)"><span style="font-size: 8px;">Retour au texte</span></a>
<div id="sdfootnote157">
<p class="sdfootnote-western"><a class="sdfootnotesym" name="sdfootnote157sym" href="#sdfootnote157anc">157</a>
The official Quentin Blake website, « Favorite book »,
[en ligne,] http://www.quentinblake.com, pages consultées le
24 janvier 2006 : « <i>I like The BFG, and that is partly
because in various ways it was quite difficult to do and I was
pleased when I got there in the end; and partly because the
relationship between the BFG and Sophie is very interesting and
obviously was very important to Roald Dahl. » </i>
</p>
</div>
<a href="javascript:history.go(-1)"><span style="font-size: 8px;">Retour au texte</span></a>
<div id="sdfootnote158">
<p class="sdfootnote-western"><a class="sdfootnotesym" name="sdfootnote158sym" href="#sdfootnote158anc">158</a>
Cité par KLEIN Marie-josé, « Quentin
l'enchanteur », <i>in</i> : <i>Nous voulons lire ! </i>n°109,
1995</p>
</div>
<a href="javascript:history.go(-1)"><span style="font-size: 8px;">Retour au texte</span></a>
<div id="sdfootnote159">
<p class="sdfootnote-western"><a class="sdfootnotesym" name="sdfootnote159sym" href="#sdfootnote159anc">159</a>Réalisé
par Mel Stuart.</p>
</div>
<a href="javascript:history.go(-1)"><span style="font-size: 8px;">Retour au texte</span></a>
<div id="sdfootnote160">
<p class="sdfootnote-western"><a class="sdfootnotesym" name="sdfootnote160sym" href="#sdfootnote160anc">160</a>Réalisé
par Brian Cosgrove.</p>
</div>
<a href="javascript:history.go(-1)"><span style="font-size: 8px;">Retour au texte</span></a>
<div id="sdfootnote161">
<p class="sdfootnote-western"><a class="sdfootnotesym" name="sdfootnote161sym" href="#sdfootnote161anc">161</a>Réalisé
par Danny Devito. Il y avait eu auparavant deux autres adaptations
en 1978 et 1990.</p>
</div>
<a href="javascript:history.go(-1)"><span style="font-size: 8px;">Retour au texte</span></a>
<div id="sdfootnote162">
<p class="sdfootnote-western"><a class="sdfootnotesym" name="sdfootnote162sym" href="#sdfootnote162anc">162</a>Réalisé
par Henry Selick.</p>
</div>
<a href="javascript:history.go(-1)"><span style="font-size: 8px;">Retour au texte</span></a>
<div id="sdfootnote163">
<p class="sdfootnote-western"><a class="sdfootnotesym" name="sdfootnote163sym" href="#sdfootnote163anc">163</a>Réalisé
par Tim Burton.</p>
</div>
<a href="javascript:history.go(-1)"><span style="font-size: 8px;">Retour au texte</span></a>
<div id="sdfootnote164">
<span start="51">
<p class="sdfootnote-western" style="background: transparent none repeat scroll 0% 50%; margin-bottom: 0.2cm; -moz-background-clip: -moz-initial; -moz-background-origin: -moz-initial; -moz-background-inline-policy: -moz-initial; font-style: normal; line-height: 100%; page-break-inside: avoid; page-break-after: avoid;" align="justify">
<font color="#000000"><font size="2"><a class="sdfootnotesym" name="sdfootnote164sym" href="#sdfootnote164anc">164</a>Contre-rendu
d'une interview avec Hedwige Pasquet, « Harry potter a
cassé les tabous »,
http://cultureetloisirs.france2.fr/livres/dossiers/6141682-fr.php</font></font></p>
</span></div>
<a href="javascript:history.go(-1)"><span style="font-size: 8px;">Retour au texte</span></a>
<div id="sdfootnote165">
<span start="52">
<p class="sdfootnote-western"><a class="sdfootnotesym" name="sdfootnote165sym" href="#sdfootnote165anc">165</a>
<span style="font-style: normal;">Les quatre ouvrages en gras
correspondent au </span><i>corpus</i><span style="font-style: normal;">
étudié.</span></p>
</span></div>
<a href="javascript:history.go(-1)"><span style="font-size: 8px;">Retour au texte</span></a>
<div id="sdfootnote166">
<p class="sdfootnote-western"><a class="sdfootnotesym" name="sdfootnote166sym" href="#sdfootnote166anc">166</a>Ce
site est incontestablement une source d'informations inestimables au
vu des documents réunis, tels que des articles de presse, des
photos, une bibliographie très complète,etc.
</p></div>
</div>Conclusion2006-12-11T23:14:52+01:00tag:www.dahl-gourmandise.fr,2006-12-11:/14Camille CrozierLa
gourmandise a depuis des siècles été sous le
coup de l'injustice de nombreuses autorités. L'impropriété
sémantique qui lui a été imputée la
confondait avec la répugnante goinfrerie. Il était
désormais temps de sortir du purgatoire de l'ambiguïté
verbale où souffrent les... <div class="contenu">
<font color="#000000"> La
gourmandise a depuis des siècles été sous le
coup de l'injustice de nombreuses autorités. L'impropriété
sémantique qui lui a été imputée la
confondait avec la répugnante goinfrerie. Il était
désormais temps de sortir du purgatoire de l'ambiguïté
verbale où souffrent les gourmands. Il semblerait que la
vérité ait enfin triomphé puisque le mot
« gourmandise » est aujourd'hui associé
à d'autres termes comme « aimable »,
« amical », « douceur ».
Celui-ci est désormais évocateur de bien des
satisfactions sensorielles. Il nous amène non seulement à
la notion de plaisir, longtemps proscrite par les ascètes,
mais aussi à la notion même d'instinct. En effet, la
gourmandise va parfois à contre sens de la raison. Les enfants
savent plus facilement que les adultes mettrent de côté
leur raison pour privilègier cette gourmandise choisie. De nos
premiers émois culinaires de notre enfance, chacun gardera un
souvenir indélibible qui fera partie intégrante de
l'identité aussi bien personnelle que culturelle.</font><p></p>
<p class="western" style="font-style: normal;"><font color="#000000"> L'intérêt
que suscite la gourmandise chez les enfants n'a pas échappé
à Roald Dahl. Celui-ci a refusé de voir dans
l'absorption de mets délectables un comportement condamnable.
Il décide alors d'utiliser le pouvoir fascinant de la
nourriture sur ses jeunes lecteurs. Il se sert en effet de ce
penchant pour accompagner l'enfant dans sa quête de vérité
sur le monde, sans oublier non plus son objectif principal qui est de
l'aider à entrer dans le monde des adultes en douceur. </font>
</p>
<p class="western" style="font-style: normal;"><font color="#000000"> La
gourmandise est bien entendu ressentie sensoriellement, mais
l'intellect ne doit pas être négligé pour autant.
À chaque bouchée, notre cerveau cherche à
analyser les saveurs et fait appel à nos souvenirs. Le
processus de plaisir ressenti lors de l'absorption d'un aliment est
en grande partie du à ces réminescence agréables.
Quelques fois le simple fait de penser à un aliment nous fait
saliver, l'intellect prédomine alors sur les sens. </font>
</p>
<p class="western" style="font-style: normal;"><font color="#000000"> Les
nourritures merveilleuses des romans de Roald Dahl agissent de la
même façon en faisant appel à notre imagination.
Elles sont alors une sources infinie d'inspiration pour un
illustrateur comme Quentin Blake. Ce dernier a su exploiter les idées
de génie, l'imagination et l'instance créatrice de
Roald Dahl, réalisant ainsi un tour de force. Les idées
de Roald Dahl offrent tellement de possibilités
d'interprêtation par leur caractère insolite que les
illustrations devaient en effet être tout aussi libres. Le
lecteur doit pouvoir se faire lui-même une idée du monde
époustouflant et magique de l'écrivain. Quentin Blake
n'a ainsi pas dénaturé le texte.</font></p>
<p class="western" style="font-style: normal;"><font color="#000000"> L'illustrateur
et l'écrivain forment alors un couple désormais
inséparable qui a réussi le pari de transmettre
intelligemment leur savoir, l'un avec les image, l'autre avec le
texte. Ils n'ont jamais oublié que les enfants sont moins
indulgents que les adultes sur ce qu'ils lisent. De plus, ces deux
amis ont toujours répondu avec justesse et créativité
aux exigences si particulières de leurs jeunes lecteurs tout
en conservant ce brin de folie qui leur est propre. </font>
</p>
<p class="western" style="font-style: normal;"><font color="#000000"> La
directrice générale de Gallimard jeunesse, Hedwige
Pasquet, disait à propos de la littérature de jeunesse
que celle-ci était « beaucoup plus exigeante que la
littérature générale. En effet, contrairement à
un adulte, un jeune lecteur n'accepte jamais de s'ennuyer, même
sur quelques pages »<a class="sdfootnoteanc" name="sdfootnote164anc" href="bibliographie-dahl.php#sdfootnote164sym"><sup>164</sup></a>.
Cette phrase aurait pu être attribuée à Roald
Dahl tellement cette perception est proche de sa conception de la
littérature de jeunesse. </font>
</p>
<p class="western" style="font-style: normal;"><font color="#000000"> L'ennui
est insupportable pour l'enfant qui ne peut rester passif devant un
livre ou même quoi que ce soit qui ne lui apprenne rien ou qui
ne répond à aucun de ses intérêts
imminents. <font color="#000000">De plus, le monde apparaît si
riche et offre tellement à découvrir qu'il est
inconcevable d'exiger d'</font>un enfant qu'il s'intéresse à
un sujet ennuyeux. La lutte contre l'ennui, Roald Dahl souhaite la
mener avec la gourmandise qui répond effectivement à un
besoin naturel et impulsif de l'enfant. </font>
</p>
<p class="western" style="font-style: normal;"><font color="#000000"> L'univers
gourmand de Roald Dahl est indubitablement lié à
l'éducation puisque l'appréciation de la gourmandise
n'échappe pas à cette nécessité d'une
initiation préalable. La gourmandise est aussi un moteur et un
stimulant de l'apprentissage.<font color="#ff0000"> </font><font color="#000000">Ainsi,
l</font>e plaisir culinaire s'apprend au même titre que la
lecture et l'écriture. Il est ainsi tout aussi difficile de
choisir ses mets que ses mots. </font>
</p>
<p class="western" style="font-style: normal;"><font color="#000000"> C'est
pourquoi, il ne faut pas négliger non plus le but sans cesse
recherché par notre auteur : donner envie aux enfants de lire.
Plusieurs interviews relatent cet objectif premier. La Roald Dahl
Foundation, créée après sa mort par sa deuxième
femme, a pour ambition de promouvoir la lecture. C'est une réussite
puisque quinze ans après la mort de Roald Dahl, de nombreux
écoliers apprennent désormais à lire avec ses
livres.</font></p>
</div>Perspectives prometteuses2006-12-11T22:22:30+01:00tag:www.dahl-gourmandise.fr,2006-12-11:/13Camille CrozierSi Roald Dahl a toujours compris l'intérêt
de l'illustration, il a eu bien du mal à trouver un
illustrateur qu'il jugeait capable d'interpréter son univers
extraordinaire tout en ne dénaturant pas son texte. Néanmoins,
après des débuts difficiles avec Quentin Blake –
Roald Dahl... <div class="contenu">
<p class="western"> Si Roald Dahl a toujours compris l'intérêt
de l'illustration, il a eu bien du mal à trouver un
illustrateur qu'il jugeait capable d'interpréter son univers
extraordinaire tout en ne dénaturant pas son texte. Néanmoins,
après des débuts difficiles avec Quentin Blake <span style="">–</span>
<span style="">Roald Dahl jugeant le travail de
celui-ci trop personnel – ils formèrent une équipe
considérée aujourd'hui encore, après le mort de
l'auteur, comme indissociable.</span></p>
<p class="western" style=""> Quentin Blake,
capable de prolonger les textes en les faisant dialoguer avec >les
dessins, s'exprime ainsi sur le travail qu'il menait avec Dahl :</p>
<blockquote class="citation-longue-western"><span style="">Roald
Dahl avait comme moi la capacité d'imaginer des situations
surréalistes – un lavabo jeté d'une fenêtre,
un plat de spaghetti en vers de terre – avait la possibilité
de créer un univers imaginaire imprégné d'une
dimension poétique. L'ambiance de ses livres oscille entre
l'insolite et le réalisme. Ce sont des contes à la fois
baroques et émouvants, traités d'une manière
comique qui nécessitent des équivalents graphiques
porteurs d'une même sensibilité. Certains auteurs
s'accommodent de l'illustration, mais Roald Dahl savait que c'était
une part importante du livre. Aussi, il n'a jamais écrit le
même livre et vous ne saviez jamais ce qui allait sortir ! <a class="sdfootnoteanc" name="sdfootnote158anc" href="bibliographie-dahl.php#sdfootnote158sym"><sup>158</sup></a></span></blockquote>
<p class="western"><span style=""> Quentin Blake
n'est pas le seul à avoir su apprécier la grande part
d'imagination que les livres de Roald Dahl donnent au lecteur. Le
cinéma et la télévision ont en effet à de
nombreuses occasions acheté les droits de ces différents
ouvrages ; d'ailleurs les livres de notre <i>corpus</i> ont tous fait
leur entrée en salle : <i>Willy Wonka and the chocolate
factory<a class="sdfootnoteanc" name="sdfootnote159anc" href="bibliographie-dahl.php#sdfootnote159sym"><sup>159</sup></a>
</i>en 1971, <i>The BFG<a class="sdfootnoteanc" name="sdfootnote160anc" href="bibliographie-dahl.php#sdfootnote160sym"><sup>160</sup></a></i>
en 1989, <i>Matilda<a class="sdfootnoteanc" name="sdfootnote161anc" href="bibliographie-dahl.php#sdfootnote161sym"><sup>161</sup></a></i>
en avril 1997, </span><i>James and the Giant Peach<a class="sdfootnoteanc" name="sdfootnote162anc" href="bibliographie-dahl.php#sdfootnote162sym"><sup>162</sup></a>
</i><span style="font-style: normal;">en juin 1997 et plus récemment
</span><i>Charlie and the chocolate factory<a class="sdfootnoteanc" name="sdfootnote163anc" href="bibliographie-dahl.php#sdfootnote163sym"><sup>163</sup></a>
</i><span style="font-style: normal;">en juillet 2005</span><span style="">.
En juin 2006, la compagnie cinématographique Warner Bros a
annoncé que <i>The Wiches </i><span style="font-style: normal;">(réalisé
par Guillermo Del Toro)</span><i>, </i>un autre livre de Dahl pour
enfants, allait être porté sur grand écran.</span></p>
<p class="western" style=""> L'oeuvre conjointe de
Roald Dahl et de Quentin Blake va donc continuer longtemps à
faire rêver petits et grands.</p>
</div>L'humour illustré provoqué par la nourriture2006-12-11T22:18:48+01:00tag:www.dahl-gourmandise.fr,2006-12-11:/11Camille CrozierL'imaginaire chez Blake s'installe
à tous les niveaux puisque ses dessins à la fois
caricaturaux et humoristiques laissent une place importante à
la fantaisie. Quentin Blake explique cela à propos de la
création de personnages d'un livre dans La vie de la page
: « l'un des... <div class="contenu">
L'imaginaire chez Blake s'installe
à tous les niveaux puisque ses dessins à la fois
caricaturaux et humoristiques laissent une place importante à
la fantaisie. Quentin Blake explique cela à propos de la
création de personnages d'un livre dans <i>La vie de la page</i><span style="font-style: normal;">
: « l'un des avantages du dessin, dépourvu de
l'authenticité documentaire de la photographie, c'est qu'il
laisse le lecteur une certaine latitude à son imagination »<a class="sdfootnoteanc" name="sdfootnote151anc" href="bibliographie-dahl.php#sdfootnote151sym"><sup>151</sup></a>.</span><p></p>
<p class="western" style="font-style: normal;" align="justify"> Cet
illustrateur ingénieux utilise effectivement des techniques
particulières laissant au lecteur un large espace à
l'imaginaire. Car son trait spontané est proche de l'esquisse
ou du croquis. Pour Blake, rien ne sert de montrer avec précision
les personnages, car l'exactitude relève de la photographie et
non du dessin. Philippe Dumas, illustrateur et ami de Quentin Blake,
fait toute la lumière sur sa propension pour le croquis :</p>
<blockquote class="citation-longue-western">Dans ses dessins, trois
choses sautent aux yeux : la rapidité, la justesse des
expressions et l'appétit de croquer. Aujourd'hui Quentin Blake
n'a pas changé, il a conservé ce même appétit
communicatif. « Ce n'est pas la nourriture qui compte,
c'est l'appétit », dit Ramuz.<a class="sdfootnoteanc" name="sdfootnote152anc" href="bibliographie-dahl.php#sdfootnote152sym"><sup>152</sup></a>
</blockquote>
<p class="western"> C'est donc ce trait, sans aucun doute inimitable
rapide et spontané, deux ou trois coups de crayon, qui
permettent à ses personnages de prendre vie. De même,
quelques coups de crayon suffiront à saisir la plus abominable
grimace. Par ce trait unique et irrésistible transparaît
tout l'humour <i>british</i> de cet illustrateur refusant toute
mignardise. Henriette Zoughebi parle de l'humour contagieux de
Quentin Blake :</p>
<blockquote class="citation-longue-western"><span style="font-style: normal;">Face
au « pessimisme » ambiant, au monde souvent
cruel dans lequel les enfants vivent – monde qui transparaît
dans les livres de jeunesse -, Quentin Blake prend le parti de
l'humour... et quel humour ! Corrosif à souhait, si vivant et
si expressif. Toujours au côté des plus petits et des
plus faibles... Là est la force de Quentin Blake. Là
aussi l'émotion que nous éprouvons. Rien n'est nié
dans son oeuvre – ni les difficultés ni les embûches
-, mais tout se mue dans une dynamique réparatrice, pour
insuffler l'énergie de croire à un monde plus juste où
chacun a sa place !<a class="sdfootnoteanc" name="sdfootnote153anc" href="bibliographie-dahl.php#sdfootnote153sym"><sup>153</sup></a></span></blockquote>
<p class="western"> Le théâtre comique de Quentin Blake
se découvre effectivement à chaque illustration. Nous
allons en étudier les scènes les plus irrésistibles.</p>
<p class="western" style="font-style: normal;"><span id="Cadre20" dir="ltr" style="border: medium none ; padding: 0cm; background: rgb(255, 255, 255) none repeat scroll 0% 50%; float: left; width: 5.49cm; height: 1.5cm; -moz-background-clip: -moz-initial; -moz-background-origin: -moz-initial; -moz-background-inline-policy: -moz-initial;">
<p style="margin-top: 0.11cm; margin-bottom: 0.21cm;">Matilda, p.<br clear="left"><font 2=""><i>Illustration.
11: La farce</i></font></p>
</span> Dans <i>Matilda</i>, Mlle Legourdin donne le cours le jeudi
dans la classe de la petite fille. Avant la classe, Anémone,
influencée par les exploits de Hortense, dépose un
triton dans la carafe d'eau réservée à la
directrice. Dans illustration 12, nous constatons l'exagération
de la taille non seulement du pichet mais aussi du triton qui
semblent presque aussi grand que la petite fille. L'illustrateur
semble vouloir nous montrer l'immensité de la plaisanterie
qu'Anémone va jouer à Mlle Legourdin.
</p>
<p class="western" style="font-style: normal;"><span id="Cadre28" dir="ltr" style="border: medium none ; padding: 0cm; background: rgb(255, 255, 255) none repeat scroll 0% 50%; float: left; width: 8.44cm; height: 7.61cm; -moz-background-clip: -moz-initial; -moz-background-origin: -moz-initial; -moz-background-inline-policy: -moz-initial;">
<p style="margin-top: 0.11cm; margin-bottom: 0.21cm;">Matilda p.<br clear="left"><font 2=""><i>Illustration
12: Le triton</i></font></p>
</span> Ce vilain tour va d'ailleurs bien fonctionner puisque sur
l'illustration 13, nous apercevons Mlle Legourdin tétanisée
par le triton qui vient d'être renversé sur sa poitrine.
Celui-ci est vraiment petit à comparer de l'image précédente,
pourtant l'effet n'en est que plus grand sur un personnage de la
taille de Mlle Legourdin. La directrice, qui n'a apparemment peur de
rien et semble invulnérable, est dépeinte par Blake de
façon très caricaturale : ses énormes mains
projetées en arrière pour éviter tout contact
avec ce qu'elle perçoit comme un monstre, ses lèvres
fermées et en dents de scie qui expriment mieux que toute
autre chose la peur, et ses yeux épouvantés qui
semblent ne pas croire ce qu'ils voient. D'ailleurs le triton aussi
est bien perdu, il regarde en direction du lecteur, surpris non
seulement de se trouver dans un environnement si peu familier, mais
aussi de provoquer tant de frayeur. L'illustrateur nous pose alors
cette question : qui des deux doit être le plus surpris :
un triton sur une femme aux dimensions incroyables, ou<font color="#000000">
une directrice face à un si petit animal ? Sa posture
assise la rend alors bien plus vénérable qu'à
l'accoutumée. En effet, dans les illustrations des pages
précédentes, l'illustrateur a choisi de représenter
Mlle Legourdin toujours debout, ce qui la rendait à la fois
imposante et effrayante.</font>
</p>
<p class="western" style="font-style: normal;"><span id="Cadre19" dir="ltr" style="border: medium none ; padding: 0cm; background: rgb(255, 255, 255) none repeat scroll 0% 50%; float: left; width: 6.26cm; height: 4cm; -moz-background-clip: -moz-initial; -moz-background-origin: -moz-initial; -moz-background-inline-policy: -moz-initial;">
<p style="margin-top: 0.11cm; margin-bottom: 0.21cm;">Matilda p.<br clear="left"><font 2=""><i>Illustration
13: colère et béatitude</i></font></p>
</span> L'illustration 14 confirme d'ailleurs cet effet. Mlle
Legourdin est debout et occupe tout une page. Malgré le fait
qu'elle se trouve dans une posture agressive, elle ne fait pas peur,
elle est même assez comique. Quentin Blake joue ici sur les
contrastes e<font color="#000000">ntre la colère de cette
femme et la béatitude de Julien à qui a fait une orgie
de nourriture. La colère excessive est toujours tournée
en dérision lorsqu'elle n'est pas accompagnée d'un
danger imminent, et la colère de Melle Legourdin n'échappe
pas à la règle. Ains</font>i, Julien Apolon semble dans
cette image invulnérable et tout à fait indifférent
à la menace qui pèse sur lui. Le contraste est aussi
mis en place par la pliure du livre qui sépare les
personnages, et nous annonce que Julien est de toute façon
intouchable. Mlle Legourdin peut bien le frapper, elle ne lui fera
aucun mal. Une situation d'attente est alors mise en place et on se
demande quand Mlle Legourdin va le frapper et si elle le fera
finalement. Blake choisit de montrer « le geste anticipé »
plutôt que le résultat final comme le fait Roald Dahl.
</p>
<div id="Cadre18" dir="ltr" style="border: medium none ; padding: 0cm; background: rgb(255, 255, 255) none repeat scroll 0% 50%; float: left; width: 5.99cm; height: 8cm; -moz-background-clip: -moz-initial; -moz-background-origin: -moz-initial; -moz-background-inline-policy: -moz-initial;">
<p style="margin-top: 0.11cm; margin-bottom: 0.21cm;">Le Bon gros géant P.<br clear="left"><font 2=""><i>Illustration
14: La petite Sophie</i></font></p>
</div>
<h3 class="western">2.2. dans le BGG, les grimaces.
</h3>
<p class="western" style="font-style: normal;"> Dans <i>le Bon Gros
Géant, </i>c'est de l'héroïne que naît
l'humour puisque Sophie est désignée dans les
illustrations comme un aliment. Dans le texte, Roald Dahl nous
rassure assez vite sur sa situation alors que Quentin Blake choisit
de faire durer le suspense. Dans la scène Sophie de
l'illustration 15 est déposée sur la table, à
genoux comme suppliant le géant de ne pas la manger. Celui-ci
est disposé dans une posture révélatrice de la
réflexion intense d'une personne : une main qui soutient son
menton, et l'autre posée sur la hanche, le regard fixe et la
tête légèrement penchée vers le sol. La
vue en contre-plongée accentue l'importance de la taille de la
table par rapport au reste de l'image, table sur laquelle nous
ressentons bien que Sophie risque d'être mangée par un
géant sans scrupules. D'ailleurs, dans le texte le BGG<a class="sdfootnoteanc" name="sdfootnote154anc" href="bibliographie-dahl.php#sdfootnote154sym"><sup>154</sup></a>
est assis sur une chaise et se retrouve ainsi à même
hauteur que Sophie, Quentin Blake préfère laisser une
atmosphère plus ambiguë avec un géant en pleine
réflexion, contemplant Sophie de toute sa hauteur. Les bocaux
apparemment vides dans le fond de la pièce pourraient pour
Sophie représenter ce qu'il adviendra d'elle, à savoir
une conserve parmi tant d'autres. Elle ne sait pas encore que ces
bocaux ne contiennent en réalité que des rêves.</p>
<p class="western" style="font-style: normal;"><span id="Cadre17" dir="ltr" style="border: medium none ; padding: 0cm; background: rgb(255, 255, 255) none repeat scroll 0% 50%; float: left; width: 5.62cm; height: 4cm; -moz-background-clip: -moz-initial; -moz-background-origin: -moz-initial; -moz-background-inline-policy: -moz-initial;">
<p style="margin-top: 0.11cm; margin-bottom: 0.21cm;">Le bon gros géant p.<br clear="left"><font 2=""><i>Illustration
15: Les effets du snockombre</i></font></p>
</span> Mais Roald Dahl en a décidé autrement, Sophie
ne sera pas avalée par le BGG, réfractaire à
l'idée de manger des hommes de terre. Elle est cependant
confrontée à un danger bien plus grave : être
dans la bouche du « Buveur de sang ». Dans
l'illustration 16, plutôt que de nous montrer la situation
délicate dans laquelle se trouve Sophie, l'illustrateur
préfère en rire et dessine Sophie volant au milieu de
morceaux de schnokombres nauséabonds et répugnants. La
grimace du géant est également très intéressante
par son côté toujours si caricatural. Le personnage
ressemble bien à la brève description que nous en offre
Roald Dahl :
</p>
<blockquote class="citation-longue-western">Il avait les cheveux
longs, noirs et broussailleux. Son visage répugnant était
tout rond et flasque ; ses yeux semblaient deux minuscules trous
noirs ; son nez était court et plat mais sa bouche était
énorme. Elle barrait son visage d'une oreille à l'autre
et ses lèvres ressemblaient à deux gigantesques
saucisses rougeâtres posées l'une sur l'autre. Des dents
jeunes et tranchantes dépassaient d'entre les lèvres de
saucisses rouges et des flots de bave lui coulaient sur le menton.<a class="sdfootnoteanc" name="sdfootnote155anc" href="bibliographie-dahl.php#sdfootnote155sym"><sup>155</sup></a>
</blockquote>
<p class="western" style="font-style: normal;"><span id="Cadre16" dir="ltr" style="border: medium none ; padding: 0cm; background: rgb(255, 255, 255) none repeat scroll 0% 50%; float: left; width: 5.69cm; height: 2cm; -moz-background-clip: -moz-initial; -moz-background-origin: -moz-initial; -moz-background-inline-policy: -moz-initial;">
<p style="margin-top: 0.11cm; margin-bottom: 0.21cm;">Le bon gros géant p.<br clear="left"><font 2=""><i>Illustration
16: Les effets du schnockombre</i></font></p>
</span> Nous retrouvons une caricature identique chez le BGG à
un moment identique : lorsqu'il mange un schnockombre devant
Sophie avant de lui en proposer un morceau. Si les effets de la
frambouille sont très visibles, celui des schnokombres l'est
tout autant. Les personnages ne peuvent s'empêcher de recracher
de façon très marquée les morceaux qu'ils
viennent de croquer. Quentin Blake souhaite ainsi à plusieurs
reprises, à travers ce comique de répétition,
montrer à quel point les effets d'une nourriture peuvent être
désagréables.
</p>
<h3 class="western">2.3. Dans <i>Charlie et la Chocolaterie</i></h3>
<p class="western" style="font-style: normal;"><span id="Cadre21" dir="ltr" style="border: medium none ; padding: 0cm; background: rgb(255, 255, 255) none repeat scroll 0% 50%; float: left; width: 8.15cm; height: 6cm; -moz-background-clip: -moz-initial; -moz-background-origin: -moz-initial; -moz-background-inline-policy: -moz-initial;">
<p style="margin-top: 0.11cm; margin-bottom: 0.21cm;">Charlie et la chocolaterie, col p.<br clear="left"><font 2=""><i>Illustration
17: Le ressort</i></font></p>
</span> Lorsque Quentin Blake illustre la scène où
Grand-papa Joe apprend que son petit fils a trouvé un ticket
d'or, il va y mettre toute son énergie (<i>cf.</i>
illustration 11). Ainsi, Grand-papa Joe devient un véritable
ressort qui subit mille mouvements. On le voit jaillir du lit, les
bras levés et même son bonnet de nuit s'agite au-dessus
de sa tête. Son pyjama montre aussi cet effet de ressort avec
les très nombreuses ondulations marquant le mouvement. On a
ainsi l'impression que Grand-papa Joe vole dans les airs prenant
certainement son envol pour une nouvelle vie. Ses bras écartés
sont alors semblables à des ailes. D'ailleurs, Charlie et son
grand-père semblent former un couple. Ils se regardent
mutuellement sans voir un autre aspect de la scène très
humoristique : le bol de soupe que Grand-maman Joséphine
va recevoir sur la tête. Ici la couleur prend un aspect comique
puisqu'un liquide verdâtre s'échappant du bol se dirige
directement vers sa tête. Le lecteur sait qu'une seconde plus
tard Grand-maman Josephine sera verte de soupe. Son visage est
exagérément expressif, car elle a les yeux exorbités
de surprise et les lèvres tremblantes. La vieille femme
apparaît toute ratatinée, ce qui bien entendu met en
évidence le déploiement de Grand-papa Joe. Quentin
Blake anticipe donc cette action et comme souvent nous laisse
l'imaginer, ce qui n'enlève rien au côté drôle
de la scène.
</p>
<p class="western" style="font-style: normal;"><br><br>
</p>
<p class="western" style="font-style: normal;"><br><br>
</p>
<p class="western" style="font-style: normal;"><br><br>
</p>
<p class="western" style="font-style: normal;"><span id="Cadre15" dir="ltr" style="border: medium none ; padding: 0cm; background: rgb(255, 255, 255) none repeat scroll 0% 50%; float: left; width: 5.9cm; height: 7.07cm; -moz-background-clip: -moz-initial; -moz-background-origin: -moz-initial; -moz-background-inline-policy: -moz-initial;">
<p style="margin-top: 0.11cm; margin-bottom: 0.21cm;">Charlie et la chocolaterie p.<br clear="left"><font size="2"><i>Illustration
18: Violette se transforme</i></font></p>
</span> Ce comique de répétition et cette
exagération dans le nombre de morceaux rejetés par les
géants est aussi source d'humour dans <i>Charlie</i>. Nous la
retrouvons tout particulièrement dans l'épisode où
Violette se transforme en une myrtille géante. Quentin Blake
nous offre alors deux illustrations de la jeune fille, l'une pendant
sa transformation et l'autre alors que les Oompas-Loompas la roulent
jusqu'à la salle des jus de fruits pour la presser de son jus.
Dans la première illustration ci-contre, seul le personnage de
Violette est représenté et tient tout l'espace
disponible. Celle-ci est sur la pointe des pieds, prête à
s'envoler semble-t-il, malgré son volume considérable.
Toute boursouflée et prête à exploser, c'est une
myrtille, bien peu appétissante qui nous est présentée.
<font color="#000000">Le personnage tout au long de l'histoire est
représenté les lèvres en mouvement puisqu'elle
mâche son chewing-gum à longueur de temps.</font> Ici
les traits ondulants sont beaucoup plus longs qu'à
l'accoutumée et plus marqués. Ils n'ont d'ailleurs pas
le même sens : Violette a peur de ce qui lui arrive et ne
comprend pas ce qui est en train de se passer. Mais le rire dépasse
la peur puisque Willy Wonka s'empresse de rassurer ses invités :
« ils s'en tirent toujours »[109].
</p>
<p class="western" style="font-style: normal;"><span id="Cadre14" dir="ltr" style="border: medium none ; padding: 0cm; background: rgb(255, 255, 255) none repeat scroll 0% 50%; float: left; width: 6.76cm; height: 5.48cm; -moz-background-clip: -moz-initial; -moz-background-origin: -moz-initial; -moz-background-inline-policy: -moz-initial;">
<p style="margin-top: 0.11cm; margin-bottom: 0.21cm;">Charlie et la chocolaterie collection p.<br clear="left"><font size="2"><i>Illustration
19: Myrtille violette</i></font></p>
</span> La seconde illustration de Violette Beauregard fait perdre
toute humanité à la fillette. Celle-ci n'est plus
considérée comme un être humain, mais comme une
grosse myrtille, objet que dix Oompas-Loompas roulent sans aucun
soin. Blake connaît tout comme le lecteur le soin que le
chocolatier et ses partenaires apportent aux aliments :
écureuils sélectionneurs pour les noix, émois de
Willy Wonka à l'idée qu'Augustus<font color="#000000">
puisse lui gâcher sa nougatine…
On remarque dans l'illustration 19 que ce soin n'est pas accordé
à la fillette : sa valeur n'équivaut même à
celle accordée aux aliments utilisés dans la
chocolaterie. </font>Ce manque d'attention est clairement rendu
visible par le fait que Violette se retrouve la tête en bas,
presque écrasée sous son corps entouré de petits
hommes qui dansent et chantent autour d'elle sans le moindre état
d'âme.
</p></div>Le merveilleux et l'imaginaire2006-12-11T22:15:11+01:00tag:www.dahl-gourmandise.fr,2006-12-11:/10Camille CrozierNOTE : N'ayant pas encore eu l'autorisation de publier les images de Quentin Blake en ligne je remplace ici les images par leur référence dans les livres français, lorsque l'édition n'est pas précisée il s'agit de Gallmiard collection Folio Julior.Je m'excuse pour ce désagrément mais... <div class="contenu">
<p class="western">
</p><p><strong>NOTE : N'ayant pas encore eu l'autorisation de publier les images de Quentin Blake en ligne je remplace ici les images par leur référence dans les livres français, lorsque l'édition n'est pas précisée il s'agit de Gallmiard collection Folio Julior.<br>Je m'excuse pour ce désagrément mais je ne saurais que trop vous inciter à vous procurer ces livres.</strong></p>
<p>Roald Dahl utilise <font color="#000000">la
nourriture afin de plonger le lecteur dans le monde du merveilleux.
Nourriture et gourmandise merveilleuse sont donc tout naturellement
mises en images par Quentin Blake. Ces éléments
essentiels de l'oeuvre de Roald Dahl vont pleinement être
soulignés par les techniques de dessin particulières de
l'illustrateur. Ce dernier est un fervent défenseur du trait
et possède comme outil, la plume qui est plus ou moins large
selon l'effet et la signification qu'il veut transmettre dans son
dessin. De plus, même si les traits à l'encre sont
rehaussés de grandes touches d'aquarelle, celles-ci sont très
légère et elles semblent être purement
esthétiques. Dans <i>La vie d'une page</i><span style="font-style: normal;">,
Quentin Blake explique à ce propos :</span></font></p>
<blockquote class="citation-longue-western"><font color="#000000"><span style="font-style: normal;">La
couleur ne doit surtout pas épouser les contours du tracé.
En revanche, la légèreté et la fluidité
de l'aquarelle confèrent un charme nouveau au dessin. La
touche discrète du pinceau ne compromet pas la dynamique d'un
mouvement éphémère, même si elle
l'enrichit d'un élément agréable à
l'oeil.<a class="sdfootnoteanc" name="sdfootnote146anc" href="bibliographie-dahl.php#sdfootnote146sym"><sup>146</sup></a></span></font></blockquote>
<p class="western"><font color="#000000"> Les dires de Quentin Blake
semblent réducteurs vis-à-vis de la couleur puisqu'il
est évident qu'elle joue un rôle dans la signification
des images. Son aquarelle ajoute et renforce le caractère
merveilleux du dessin<a class="sdfootnoteanc" name="sdfootnote147anc" href="bibliographie-dahl.php#sdfootnote147sym"><sup>147</sup></a>.
L'aquarelle n'est pas précise, elle n' « épouse
pas les contours du tracé ». Elle évite
ainsi de représenter les scènes de façon trop
réalistes. D'ailleurs, les couleurs ne sont pas en accord avec
la réalité. Quentin Blake s'évertue à
aller au-delà des « préjugés
chromatiques » et à montrer par la couleur une
symbolique bien plus profonde et significative. </font>
</p>
<p class="western"><font color="#000000"> Le trait et la couleur des
illustrations de Quentin Balke renforcent ainsi le merveilleux
alimentaire que nous trouvions déjà dans le texte de
Roald Dahl. Ces dessins ne sont pas alors de pâles et simples
copies du texte. Le message visuel a plutôt tendance à
augmenter la complexité et la richesse de celui-ci</font>.
D'ailleurs, Quentin Blake ajoute une nouvelle dimension à la
nourriture : le mouvement et le dynamisme.</p>
<p class="western"><br><br>
</p>
<h3 class="western">1.1. Nourritures en mouvement</h3>
<p class="western"><span id="Cadre30" dir="ltr" style="border: medium none ; padding: 0cm; background: rgb(255, 255, 255) none repeat scroll 0% 50%; float: left; width: 7.76cm; height: 11.05cm; -moz-background-clip: -moz-initial; -moz-background-origin: -moz-initial; -moz-background-inline-policy: -moz-initial;">
<p style="margin-top: 0.11cm; margin-bottom: 0.21cm;">Charlie et la chocolaterie, collection p.<br><br><font 2=""><i>Illustration
1: La salle au chocolat</i></font></p>
</span> L'image de la cascade de chocolat (c<i>f. </i>illustration 1)
représente de façon évidente <font color="#000000">le
mouvement. Elle occupe l'ensemble de la page de droite à
savoir la pleine page qui montre par là son importance puisque
celle-ci se découvre en priorité au lecteur, lors de la
tourne de page. De plus, cette mise en page n'est pas fréquente,
moins d'une illustration sur dix connaît effectivement ce
privilège (cinq sur cinquante-sept dans <i>Charlie et la
chocolaterie</i>). Au premi</font>er plan se trouve Willy Wonka
tenant une canne de la main droite qui invite notre regard à
découvri<font color="#000000">r l'ensemble de la salle. Cette
canne ressemble à une baguette magique faisant apparaître
les merveilles de l'usine Wonka. De plus, Blake marque le mouvement
en mettant son personnage sur un pied, comme s'il était en
train de danser ou de sautiller. Ce semblant de « chorégraphie »
renforce ainsi le dynamisme de Willy Wonka qu'on trouvait déjà
dans le texte. Nous apercevons sur l'extrême gauche également
les têtes curie</font>uses et abasourdies de Charlie, Grandpapa
Joe, M. Salt et Véruca qui à l'inverse de Willy
Wonka sont immobiles. Cette immobilité est causée bien
entendu par le spectacle qui s'offre à leurs yeux. À
l'arrière-plan, deux cascades se jettent dans une rivière
de chocolat. Le mouvement ou plutôt le bouillonnement de la
cascade est marqué de deux façons par l'illustrateur.
Sur la première cascade, il a accentué le trait afin de
souligner son débit impressionnant. À la fin de la
seconde cascade, c'est par de petits traits qu'il insiste sur la
projection de chocolat en tous sens. Enfin, c'est par des traits
amples et fins que Quentin Blake montre une rivière de
chocolat plus calme comme pour inviter le lecteur à s'y
reposer. On remarque qu'une différence flagrante apparaît
par rapport au texte puisque ce dernier ne parle que d'une seule
cascade. Cette exagération permet de souligner le caractère
merveilleux de la salle au chocolat. Tout autour de la rivière,
un paysage idyllique se devine où la flore est luxuriante.
Blake fait entrer des plages blanches importantes sur son image. Ceci
permet au lecteur de continuer à imaginer cette salle qui ne
peut alors devenir qu'un immense territoire sans fin ni limite.
D'ailleurs, les personnages entrent dans celle-ci par une porte, mais
n'en sortiront qu'en bateau. Blake nous transmet bien cette sensation
d'immensité propre à l'imagination.
</p>
<p class="western"><span id="Cadre33" dir="ltr" style="border: medium none ; padding: 0cm; background: rgb(255, 255, 255) none repeat scroll 0% 50%; float: left; width: 6.51cm; height: 6.9cm; -moz-background-clip: -moz-initial; -moz-background-origin: -moz-initial; -moz-background-inline-policy: -moz-initial;">
<p style="margin-top: 0.11cm; margin-bottom: 0.21cm;">Matilda p. <br clear="left"><font 2=""><i>Illustration
2: La surprise</i></font></p>
</span>
<span id="Cadre3" dir="ltr" style="border: medium none ; padding: 0cm; background: rgb(255, 255, 255) none repeat scroll 0% 50%; float: left; width: 7.19cm; height: 7.47cm; -moz-background-clip: -moz-initial; -moz-background-origin: -moz-initial; -moz-background-inline-policy: -moz-initial;">
<p style="margin-top: 0.11cm; margin-bottom: 0.21cm;">Matilda p.<br clear="left"><font 2=""><i>Illustration
3: L'enfant volant</i></font></p>
</span><br clear="left"> Nous retrouvons un procédé
identique de mise en mouvement dans <i>Matilda </i>(<i>cf.
</i>illustration 2). Lorsque Madame Verdebois voit les cheveux
décolorés de son mari, elle lâche son assiette
pleine de nourriture. Le personnage a les bras tendus, les yeux
exorbités. On voit une assiette tomber par terre. Cependant,
la nourriture que contenait l'assiette ne respecte pas les lois de la
gravité puisque les aliments sont projetés vers le
haut. Le merveilleux de cette explosion d'aliments dans les airs est
renforcé par les quantités pléthoriques de
nourritures contenues dans une si petite assiette. La nourriture
devient un personnage à part entière qui suit la
description de Roald Dahl : « Tout le monde sauta en
l'air, y compris M. Verdebois »[64].
Blake nous dit alors « y compris la nourriture ».
On n'ose imaginer ce à quoi doit ressembler M. Verdebois, hors
champ sur cette image. Cet effet est renforcé par l'expression
de Mme Verdebois.
</p>
<p class="western"> Mlle Legourdin est également à
l'origine du mouvement de la nourriture. Un jeune élève
de l'école Lamy-Noir est surpris en train de manger des
réglisses en classe par Mlle Legourdin qui comme un javelot
jette le petit garçon par la fenêtre. Cette image (<i>Cf.
</i><span style="font-style: normal;">illustration 3) </span>représente
son envol de la fenêtre de l'étude. À l'intérieur
de l'école, rien n'apparaît, même pas celle qui
est l'auteur de ce lancé, laissant ainsi l'imagination
travailler à son aise. Cela est bien sûr prémédité
de la part de l'illustrateur, car cette image reflète alors<font color="#000000">
plus encore qu'une simple punition, elle relève d'une
dimension fantastique par son caractère surréaliste.
Quentin Blake explique quelle a voulu être sa portée en
tant qu'illustrateur : « C'était très
amusant de le montrer voltigeant à travers les airs dans un</font>
éparpillement de sucreries accompagnant sa trajectoire. Ce
n'était pas un élément important dans la
progression du récit, mais un moment particulièrement
propre à l'illustration, et renforçant la mythologie de
l'histoire »<a class="sdfootnoteanc" name="sdfootnote148anc" href="bibliographie-dahl.php#sdfootnote148sym"><sup>148</sup></a>.
Il est évident ici que l'image ne fait pas que doubler le
texte qui d'ailleurs ne mentionnait p<font color="#000000">as les
bonbons volants. L'image apporte beaucoup plus de significations et
ouvre sur un autre niveau de lecture qui est celui du mythe. En
effet, l'illustrateur ne doit pas copier le texte. Il doit en
déchiffrer les signes, les images emblématiques,
trouver les images capables d'être douées de vie.</font></p>
<p class="western" style="font-style: normal;"><span id="Cadre2" dir="ltr" style="border: medium none ; padding: 0cm; background: rgb(255, 255, 255) none repeat scroll 0% 50%; float: left; width: 6.05cm; height: 6cm; -moz-background-clip: -moz-initial; -moz-background-origin: -moz-initial; -moz-background-inline-policy: -moz-initial;">
<p style="margin-top: 0.11cm; margin-bottom: 0.21cm;">Le Bon Gros Géant, p.<br><font 2=""><i>Illustration
4: Une boisson euphorisante</i></font></p>
</span> Les effets de la frambouille sont tout à fait en
accord avec le merveilleux de Roald Dahl puisqu'une nouvelle fois le
mouvement est primordial. Dahl nous le dit : cette boisson permet à
chacun de s'évader et de ne plus sentir ses tracas. Dans cette
illustration 4<i> </i>nous voyons le BGG tenant la bouteille de
frambouille dans sa main droite. Le géant n'est dessiné
que des pieds jusqu'aux épaules et nous ne voyons pas sa tête.
Blake a effectivement choisi de faire un cadrage tout à fait
particulier qui indique effectivement que notre bon géant est
au septième ciel. En quelque sort, il est la tête dans
les nuages ou pris en train de rêver, ce qui n'est pas étonnant
avec tous ses bocaux pleins de « bouille de
gnome dorée»[94] qui l'entourent. Le regard de
Sophie et le grand sourire qu'elle arbore apportent aussi leur
contribution au rêve que Blake souhaite ici nous décrire.
</p>
<p class="western" style="font-style: normal;"> Dans <i>James et la
grosse pêche</i>, c'est le gros fruit doré qui est au
centre du mouvement. En<font color="#000000"> effet, comme on le voit
sur l'illustration 5, la pêche prend littéralement son
envol. Encore une fois on retrouve un aliment dans les airs. Cet
envol montre ici sa légèreté malgré son
volume impressionnant. Il est aussi celui de James et de ses
compagnons. La hauteur de la falaise symbolise dans cette image
l'ampleur du changement que James va connaître au cours de son
aventure.</font> C'est James pour ainsi dire qui vole de ses propres
ailes maintenant que ses tantes ne sont plus à travers son
chemin. Après avoir écrasé cet obstacle, son
imagination est enfin libre et une pêche peut donc bien
commencer à voler.
</p>
<p class="western" style="font-style: normal;"><span id="Cadre7" dir="ltr" style="border: medium none ; padding: 0cm; background: rgb(255, 255, 255) none repeat scroll 0% 50%; float: left; width: 5.81cm; height: 2cm; -moz-background-clip: -moz-initial; -moz-background-origin: -moz-initial; -moz-background-inline-policy: -moz-initial;">
<p style="margin-top: 0.11cm; margin-bottom: 0.21cm;">James et la grosse pêche, collection p.<br clear="left"><font 2=""><i>Illustration
5: La pêche s'envole</i></font></p>
</span> Notons par ailleurs que petit à petit la pêche
aura de moins en moins sa place dans l'image. C'est le personnage de
James qui prendra la place de la pêche. Nous n'avons
malheureusement pas le temps nécessaire pour décrire
plus longuement cette évolution. Toutefois, il est évident
que la pêche est le déclencheur de l'aventure et de
l'émancipation de James. Cependant, au fur et à mesure
que James prend confiance en lui, la pêche prend de moins en
moins d'importance puis disparaît jusqu'à être
disparaître totalement dans le ventre des enfants de New York<a class="sdfootnoteanc" name="sdfootnote149anc" href="bibliographie-dahl.php#sdfootnote149sym"><sup>149</sup></a>
à la fin de l'aventure.
</p>
<h3 class="western">1.2. Nourritures surdimensionnées</h3>
<p class="western" style="font-style: normal;"> La pêche
elle-même est aussi créatrice de mouvement. En effet,
Tante Piquette et Tante Éponge, extrêmement paresseuses,
sont toujours représentées très immobiles. Elles
sont assises sur des chaises longues alors que James coupe du
bois[14], puis
stoïques tout d'abord devant la pêche[26],
mais aussi devant la mort qua<font color="#000000">nd la pêche
va leur rouler dessus[59]</font>.
L'illustration 6 présente la pêche en pleine croissance.
Tante Piquette <span id="Cadre6" dir="ltr" style="border: medium none ; padding: 0cm; background: rgb(255, 255, 255) none repeat scroll 0% 50%; float: left; width: 6.56cm; height: 2cm; -moz-background-clip: -moz-initial; -moz-background-origin: -moz-initial; -moz-background-inline-policy: -moz-initial;">
<p style="margin-top: 0.11cm; margin-bottom: 0.21cm;">James et la grosse pêche p.<br clear="left"><font 2=""><i>Illustration
6: La danse sous la pêche</i></font></p>
</span>et Tante Éponge se trouvent juste en dessous. Cette
position dangereuse agit comme une prolepse annonçant déjà
leur disparition. Grâce à la pêche, les
deux femmes s'agitent et entament à la manière des
Indiens non pas une danse de la pluie, mais bien une danse de joie
quant à l'avenir prometteur que semble leur offrir cette pêche
géante. Blake montre dans leurs yeux globu<font color="#000000">leux
et obnubilés la vénération et l'envie qui
naissent de ce fruit fascinant et merveilleux. Les bras fins, amples
et </font>tendus vers le ciel de Tante Piquette, montrent d'autant
plus le mouvement qui agite les deux femmes.
</p>
<p class="western" style="font-style: normal;"><span id="Cadre5" dir="ltr" style="border: medium none ; padding: 0cm; background: rgb(255, 255, 255) none repeat scroll 0% 50%; float: left; width: 8.64cm; height: 6.32cm; -moz-background-clip: -moz-initial; -moz-background-origin: -moz-initial; -moz-background-inline-policy: -moz-initial;">
<p style="margin-top: 0.11cm; margin-bottom: 0.21cm;">Matilda p.<br clear="left"><font 2=""><i>Illustration
7: le gâteau</i></font></p>
</span> Pour renforcer le merveilleux du texte, l'illustrateur
réalise aussi une exagération de la taille des aliments
ou des êtres vivants. On peut le constater dans l'illustration
6 où, comme le dirait Roald Dahl, les deux femmes ont l'air de
lilliputiennes comparées à la pêche magique.<font color="#ff0000">
</font><font color="#000000">Dans l'illustration 7, le petit Julien
Apolon au premier plan se trouve devant un gâteau
surdimensionné. Alors que celui-ci avait volé </font>une
part de gâteau à Mlle Legourdin, cette dernière
lui inflige comme punition de manger un gâteau aussi voire
plus gros que lui. Cette image nous montre le petit garçon
mangeant une part de gâteau plus grosse que sa tête et
devant lui un gâteau tout aussi impressionnant. Cet effet est
d'autant plus accentué par une vue en plongée qui
devrait avoir tendance à rapetisser les éléments
et qui ne semblent avoir ici cet effet que sur l'enfant, laissant au
gâteau sa taille imposante. Cet angle de vue a aussi pour effet
de nous montrer la scène telle qu'elle serait décrite à
travers les yeux de Mlle Legourdin. Un autre élément
apparaît bien présent et semble être dû à
la vision de Mlle Legourdin : un couteau très agressif
non seulement surdimentionné mais surtout très agressif
et menaçant. Celui-ci renforce le climat de tension dans
lequel cette scène se déroule. D'ailleurs, tous ces
indices nous laissent penser plutôt à une immobilité
qu'à une évolution. Le temps semble s'être
arrêté. Julien semble ne plus bouger et attend que
quelque chose se passe. Blake ne nous donne aucun indice de ce duel
entre le garçon et la directrice. Il semblerait même, à
travers ces différents éléments, qu'il veut
indiquer au lecteur que Julien ne peut qu'échouer et il rend
donc sa victoire encore plus impossible.
</p>
<p class="western" style="font-style: normal;"><br><br>
</p>
<p class="western" style="font-style: normal;"><span id="Cadre8" dir="ltr" style="border: medium none ; padding: 0cm; background: rgb(255, 255, 255) none repeat scroll 0% 50%; float: left; width: 5cm; height: 3.62cm; -moz-background-clip: -moz-initial; -moz-background-origin: -moz-initial; -moz-background-inline-policy: -moz-initial;">
<p style="margin-top: 0.11cm; margin-bottom: 0.21cm;">Le BGG p.<br clear="left"><font 2=""><i>Illustration
8: La frambouille</i></font></p>
</span> Dans <i>Le Bon Gros Géant</i>, c'est la frambouille
qui est soulignée par l'illustrateur. L'image 8 présente
le BGG vu de<font color="#000000"> face coupé au niveau des
épaules. Étrangement, elle complète l'image 3
montrant le BGG coupé au niveau de la partie supérieure
du tronc. Cette boisson merveilleuse semble alors bénéfique
non seulement pour la tête mais aussi pour le corps. </font>Le
BGG porte haut la bouteille de frambouille. Ce geste qui n'est pas
marqué de façon anodine par Quentin Blake montre à
quel point cette boisson est vénérée par les
géants. Cela est mis en évidence par la grosseur et la
grandeur de la bouteille par rapport au visage du BGG dont la taille
considérable est précisée par le texte lui-même.
</p>
<p class="western"><span id="Cadre9" dir="ltr" style="border: medium none ; padding: 0cm; background: rgb(255, 255, 255) none repeat scroll 0% 50%; float: left; width: 7cm; height: 9.54cm; -moz-background-clip: -moz-initial; -moz-background-origin: -moz-initial; -moz-background-inline-policy: -moz-initial;">
<p style="margin-top: 0.11cm; margin-bottom: 0.21cm;">Charlie et la chocolaterie p collection<br clear="left"><font 2=""><i>Illustration
9: La porte de la chocolaterie</i></font></p>
</span> L'image suivante est particulièrement représentative
non seulement de la surdimension de l'usine, mais aussi d'une porte
fermée créatrice d'imaginaire. Elle accentue également
la différence entre petits et grands. Notons qu'elle occupe
entièrement la page de gauche, accentuant par là sa
taille gargantuesque. Nous voyons en premier plan une grande porte,
la porte de la chocolaterie Willy Wonka. Toujours au premier plan,
mais sur le côté, le jeune Charlie est représenté
à la taille d'une fourmi. Il lève les yeux vers la
porte, mais celle-ci lui occulte tout de l'usine et il peut seulement
imaginer ce qui est dissimulé derrière. Le lecteur
lui-même peut à peine deviner qu'il se cache une usine à
travers les fentes du haut de la porte. Ce que nous devinons à
peine permet à l'illustrateur de signifier ce que Charlie
perçoit lui avec le nez. Jamais Quentin Blake ne représentera
l'usine de Willy Wonka de l'extérieur que ce soit dans <i>Charlie
et la Chocolaterie ou</i> dans <i>Charlie et l'ascenseur de verre</i>.
Les deux grosses serrures montrent qu'il s'agit d'un lieu fermé,
pas ouvert à tout le monde et donc très mystérieux.
Florence Noiville, journaliste au <i>Monde</i>, explique qu'
« il faut être un metteur en scène hors pair
pour entraîner ses lecteurs dans ce théâtre
loufoque, et pour laisser là, juste aux portes de
l'imaginaire, avec l'air de leur dire : « Entrez, c'est
délicieux... ». Seul Quentin Blake est capable
« d'entr'ouvrir une porte et de laisser à l'enfant
le soin de deviner ce qui se cache derrière »<a class="sdfootnoteanc" name="sdfootnote150anc" href="bibliographie-dahl.php#sdfootnote150sym"><sup>150</sup></a>.</p>
<h3 class="western">1.3. Nourritures mystérieuses</h3>
<p class="western" style="font-style: normal;"><span id="Cadre1" dir="ltr" style="border: medium none ; padding: 0cm; background: rgb(255, 255, 255) none repeat scroll 0% 50%; float: left; width: 6.76cm; height: 5.64cm; -moz-background-clip: -moz-initial; -moz-background-origin: -moz-initial; -moz-background-inline-policy: -moz-initial;">
<p style="margin-top: 0.11cm; margin-bottom: 0.21cm;">Charlie et la chocolaterie, col page<br clear="left"><font 2=""><i>Illustration
10: Les bonbons carrés ou ronds</i></font></p>
</span> Parfois Quentin Blake va même plus loin. Il nous montre
l'objet que l'on souhaite voir, mais celui-ci ne correspond pas à
la description du texte. C'est le cas lorsque les enfants et leurs
parents découvrent les bonbons carrés qui ont l'air
d'être ronds (<i>cf. </i>illustration 10). Le lecteur aussi
intrigué et interrogatif que les visiteurs de la chocolaterie
espère que l'illustrateur l'aidera à comprendre comment
cela est possible. Et Blake prend un malin plaisir à dessiner
des bonbons carrés... qui ont l'air d'être carrés !
Il faudra faire preuve de beaucoup d'imagination pour les voir ronds.
Le lecteur se retrouve aussi incrédule que les personnages du
livre. De plus, avec leur regard malicieux et coquin, ces petits
bonbons carrés semblent rire aux dépens du lecteur
comme s'ils s'amusaient de notre désarroi devant des bonbons
carrés qui devraient être ronds. Willy Wonka – qui
n'est en réalité qu'un avatar de l'auteur –
apparaît comme le magicien manipulant nos esprits pour nous
faire croire ce qui n'est en fait qu'une illusion.
</p></div>L'« inquiétante étrangeté » d'un monde dévorant2006-12-11T22:11:11+01:00tag:www.dahl-gourmandise.fr,2006-12-11:/9Camille CrozierAller vers un ailleurs ne doit pas à être
interprété comme une fuite du présent et de la
réalité. Bien au contraire, il s'agit d'une manière
de mieux la découvrir pour pouvoir
davantage s'y situer par la suite. La découverte de son propre
intérieur est intimement liée à la... <div class="contenu">
<p class="western"> Aller vers un ailleurs ne doit pas à être
interprété comme une fuite du présent et de la
réalité. Bien au contraire, il s'agit d'une manière
de mieux la découvrir pour p<font color="#000000">ouvoir
davantage s'y situer par la suite. La découverte de son propre
intérieur est intimement liée à la découverte
de l'extérieur, c'est-à-dire du monde.</font></p>
<p class="western"> Cette période où l'enfant cherche
son identité est un tournant dans l'existence de l'être
humain. L'enfant découvre le monde et se découvre d'une
tout autre façon puisqu'il n'est plus tout à fait un
enfant, mais il n'est pas tout à fait un adulte. Inspiré
par la maturité, il prend conscience de l'autre face du monde.
Le lecteur visé par le <i>corpus </i>étudié se
doit de connaître ce monde avec son lot de difficultés,
d'injustices, et ses côtés effrayants. Roald Dahl disait
d'ailleurs que : « Nous vivons dans un monde cruel. Les
enfants doivent lutter pour parvenir à leurs fins »<a class="sdfootnoteanc" name="sdfootnote130anc" href="bibliographie-dahl.php#sdfootnote130sym"><sup>130</sup></a>.
Il ne faut pas leur cacher la vérité.
</p>
<p class="western"> Malgré les nombreux défauts
apparents de ce « nouveau monde », Roald Dahl
veut faire comprendre qu'il faut quoi qu'il en soit s'y intégrer
pour ne pas sombrer. L'enfant le comprend parfaitement, il est
d'ailleurs habité par la peur, inspiré par ce monde
différent de celui qu'on lui présentait dans le cocon
familial.
</p>
<p class="western"> On comprend alors que les contes de Roald Dahl
sont loin d'être purement des histoires simples ou à
l'eau de rose. Car le monde et l'enfance sont bien plus complexes
qu'il n'y paraît. L'auteur doit donc, comme le préconise
Jacqueline Held, « développer l'imaginaire de l'enfant
non dans une perspective passéiste de rêve-évasion,
mais en abordant les problèmes que pose et posera l'univers de
demain »<span style=""><span style="font-style: normal;"><a class="sdfootnoteanc" name="sdfootnote131anc" href="bibliographie-dahl.php#sdfootnote131sym"><sup>131</sup></a></span></span>.</p>
<p class="western"> Le monde dans lequel entre l'enfant n'est pas
aussi manichéen qu'on pourrait le penser. Il est loin d'être
aussi rassurant que semblent le faire croire les adultes qui essayent
coûte que coûte, mais sans y parvenir, de dissimuler aux
enfants cette triste réalité. Roald Dahl montre du
doigt les comportements des adultes. Il laisse apparaître leur
côté condamnable et par là prouve aux enfants que
l'adulte est loin d'être parfait et que lui aussi peut être
meilleur. Mais refusant le pessimisme, Roald Dahl apprend à
l'enfant à prendre de la distance avec le monde, grâce à
l'humour. </p>
<h3 class="western" style="page-break-after: auto;">3.1. Un monde
dévorant</h3>
<p class="western"> Si les auteurs de littérature de jeunesse
sont souvent critiqués pour ne présenter dans leurs
récits qu'un monde édulcoré, Roald Dahl semble
vouloir enseigner à son lectorat que le monde n'est pas si
manichéen.</p>
<h4 class="western">3.1.1. Une situation initiale accablante
</h4>
<p class="western"> Le monde environnant est très inquiétant
et angoissant pour les héros. Subissant la faim, le froid, les
sévices corporels, la solitude, la situation initiale pour les
quatre enfants est effectivement loin d'être facile et
heureuse. La
structure de ce type de récit est généralement
constante. Les quelques chapitres d'introduction nous présentent
des personnages ternes, tourmentés ou tout au moins mal
intégrés ou souffrant de complexes. Le narrateur
choisit de représenter le tourment du héros à ce
moment-là, diminué par une atmosphère
inquiétante dont il n'arrive pas à prendre le dessus.
Cette atmosphère est à l'image de son être
intérieur, son état d'esprit à ce moment précis.</p>
<p class="western" style="font-style: normal;"> Ainsi,
la situation difficile que connaissent les quatre héros de
notre <i>corpus </i> au début de chaque livre est
significative. James et Charlie connaissent tous deux la faim.
Jacqueline Held explique que la peur d'avoir faim est une des
premières angoisses de l'enfant :</p>
<blockquote class="citation-longue-western">Importance de la
gourmandise, les préoccupations de l'enfant se concentrent sur
la nourriture qui vient toujours en premier : nourriture,
boisson, vêtement, maison... Bref , le gîte et le
couvert, la sécurité assurée. L'enfant a besoin
de stabilité et de protection.<a class="sdfootnoteanc" name="sdfootnote132anc" href="bibliographie-dahl.php#sdfootnote132sym"><sup>132</sup></a></blockquote>
<p class="western"> Le sentiment d'insécurité est
souligné pour James par les sévices effrayants
perpétrés par ses tantes et qu'il subit à
longueur de journée. Pour Charlie, ce sentiment est souligné
par une maison pleine de courant d'air et par le froid qui y règne.
Le narrateur met en évidence cette situation en opposant les
adjectifs « petit » et « grand » :</p>
<blockquote class="citation-longue-western">Toute cette gentille
famille – les six grandes personnes [...] et le petit Charlie
Bucket – vivait réunie dans une petite maison de
bois, en bordure d'une grande ville. La maison était trop
petite (...)[13]</blockquote>
<p class="western"> Matilda, quant à elle, est livrée à
elle-même, elle ne possède aucune protection, car ses
parents ne lui manifestent aucun intérêt, la considérant
« à peu près comme une croûte sur une
plaie »[13].
Même la souffrance de leur fille les laisserait indifférents
selon le narrateur puisqu'il dit : « fût-elle
rentrée à la maison en se traînant avec la jambe
cassée qu'ils ne s'en seraient pas aperçus »[14].
C'est à partir de là que leur indifférence
devient vraiment condamnable et surtout effrayante.
</p>
<p class="western"><font color="#ff0000"> </font><font color="#000000">Sophie
vit dans un orphelinat et l'<i>incipit</i> du livre nous montre un
endroit sinistre. Il transparaît de cette première scène
un sentiment oppressant qui dérange profondément le
lecteur. Celui-ci pressent que quelque chose de terrible va se
passer.</font> C'est à « l'heure des ombres »
où tout le monde est sensé dormir que Sophie,
irrésistiblement attirée par la lune, décide de
se lever. Cette dernière est très inquiétante et
menaçante, puisqu'elle projette sur l'oreiller de Sophie « une
lueur oblique » et qu'« un rayon de lune
tranchait d'obscurité comme une lame d'argent et tombait droit
sur son visage »[15]. La comparaison révèle
que la vie de Sophie est vraisemblablement en péril.
</p>
<h4 class="western">3.1.2. Des personnages inquiétants</h4>
<p class="western"> Les personnages de ces histoires sont également
peu rassurants. Notons que même si l'on retrouve des
personnages foncièrement du côté du mal tels que
les ogres ou les sorcières, bien d'autres personnages dans
l'univers de Roald Dahl sont inquiétants par leur ambiguïté.
Dès son plus jeune âge, Roald Dahl décrit les
personnes comme étranges surtout lorsqu'elles ont un rapport
avec la nourriture. Il explique cela à propos de la
propriétaire de la confiserie du village où il vivait :
</p>
<blockquote class="citation-longue-western">La confiserie de Llandaff
en l'année 1923 était le centre même de notre
existence.[...]Mais elle présentait un terrible désagrément,
cette confiserie : la propriétaire était une
horrible créature, nous la détestions et notre haine
était parfaitement justifiée.<a class="sdfootnoteanc" name="sdfootnote133anc" href="bibliographie-dahl.php#sdfootnote133sym"><sup>133</sup></a></blockquote>
<p class="western"> Parce que Roald Dahl et ses copains lui firent
une farce, cette femme les dénonça au directeur de leur
école qui les punit sévèrement en les frappant
avec une canne. Tous les sévices qu'il a subis lorsqu'il était
écolier l'ont sans aucun doute inspiré pour créer
Mlle Legourdin, la directrice de l'école de Matilda. Mlle
Legourdin est un personnage fondamentalement mauvais. Le narrateur ne
veut pas excuser sa méchanceté par la folie. En effet,
Matilda dit : « Elle n'est pas folle [...], mais elle
est très dangereuse. Être élève ici, c'est
comme d'être enfermée dans une cage avec un cobra. Il
faut avoir de bons réflexes »[119].
Mlle Legourdin n'est pas folle et donc tous les punitions horribles
qu'elle inflige à ses élèves sont tout à
fait conscientes et raisonnées. Dans <i>James et la grosse
pêche</i><span style="font-style: normal;">, Tante Piquette et
Tante Éponge sont de véritables sorcières
malfaisantes. Dès le début du roman, le narrateur les
qualifie d<font color="#000000">e « méchantes et
égoïstes et paresseuses et cruelles »[10]</font>.
James et ses compagnons vont se faire agresser par d'autres créatures
inquiétantes comme les requins et les nuageois. Ces derniers
sont des « monstres effroyables » [120]
qui font littéralement la pluie et le beau temps sur terre.
Les voyageurs de la grosse pêche se font attaquer plusieurs
fois par ces géants cylindriques. </span><font color="#000000">D</font>ans
le <i>Bon Gros Géant</i>, la menace vient des autres géants
qui dévorent les « hommes de terre »
sans pitié.
</p>
<p class="western"> À côté de personnages
fondamentalement mauvais, on trouve d'autres créatures
beaucoup plus ambiguës. Même les compagnons de James ne
sont pas très rassurants. Et c'est d'abord avec « le
visage blême de terreur »[41]
qu'il fait la rencontre des insectes géants qui lui offrent
« un spectacle absolument sinistre »<b>[44]</b>.
Les Oompas-Loompas sont eux aussi de bien étranges
personnages. Willy Wonka prévient ses invités qu'« ils
sont un peu polissons » et qu'« ils aiment
faire des blagues »[97].
Rapidement, on se rend compte que ces pygmées s'amusent et
<span style="font-style: normal;">rient du malheur des enfants punis,
ce qui peut être condamnable. Le personnage de Willy Wooka
lui-même est très mystérieux. Il semble avoir
orchestré tous les événements qui se produisent
dans l'usine ainsi que tous les châtiments donnés aux
enfants non méritants. Grandpapa Joe fait remarquer que toute
son usine a quelque chose d'inquiétant. En effet, il dit à
Charlie : « Serre bien ma main, Charlie. Ce ne doit
pas être drôle de se perdre ici »[136].
La version originale rend mieux compte du sentiment d'insécurité
qu'inspire l'usine : « It would be terrible to get
lost in here ». De même, Sophie ne se sent pas
vraiment rassurée lorsqu'elle est enlevée par le BGG
car elle ne sait pas encore qu'il s'agit du « seul gentil
géant tout confus au pays des géants »[37].</span></p>
<h4 class="western">3.1.3 La peur de l'ogre</h4>
<p class="western" style=""> Cette peur inspirée
par la plupart des personnages de Roald Dahl s'explique dans le fait
que l'enfant a peur de se faire dévorer par le monde. En
effet, parce qu'il se croit faible, en tout cas trop faible pour
affronter les difficultés du monde des adultes, il a peur de
s'y faire engloutir, et de disparaître. Les psychanalystes
nomment généralement cette peur, la peur de l'ogre.</p>
<p class="western"><span style=""> Ce sentiment
d'engloutissement se retrouve dans <i>Charlie et la chocolaterie</i>,
<i>Le BGG</i> et <i>James et la grosse pêche</i><span style="font-style: normal;">,
mais pas dans </span><i>Matilda</i><span style="font-style: normal;">.
En effet, le lectorat de ce livre est censé avoir dépassé
le stade de cette peur</span>.</span><b> </b>
</p>
<p class="western"> On retrouve cette peur d'être dévoré
dans de nombreux contes. Paul Caron, chercheur au C.N.R.S., explique
la réaction des enfants face à des monstres à la
dentition proéminente :
</p>
<blockquote class="citation-longue-western">Il s'agit de leur
dentition proéminente, agressive, construite pour dévorer.
Ces dents renvoient aux pulsions d'oralité sadique, aux
couples dévoré/dévorant, bourreau/victime, à
toute une abjection malsaine et angoissante, à la fois
repoussante et attirante, et capable d'attiser le fantasme tant ces
images suggèrent la pénétration violente de
l'autre. On sait que les enfants ont peur d'être mangés
par ce qui a de « grandes dents » (le Loup ?), s'ils
commettent quelque faute. Cette peur <span style="">est
l'envers du plaisir de la transgression.</span><a class="sdfootnoteanc" name="sdfootnote134anc" href="bibliographie-dahl.php#sdfootnote134sym"><sup>134</sup></a></blockquote>
<p class="western" style="page-break-inside: avoid; page-break-after: avoid;">
<span style="font-style: normal;"> Ainsi, la transgression semble
immédiatement accompagnée d'une peur incontrôlable.
Sophie est directement confrontée à la peur d'être
dévorée expliquant qu'« une pensée
terrifiante » traversa son esprit : « C'est
la faim qui le fait courir si vite, se dit-elle, il a hâte de
rentrer chez lui pour me dévorer en guise de petit
déjeuner »[25];
plus loin elle pense : « Il s'apprête à
me manger, [...]il va probablement me dévorer toute crue. Ou
peut-être me fera-t-il bouillir. Ou frire. Il va me jeter comme
une tranche de lard dans un gigantesque poêle pleine de beurre
grésillant »[29-30].
À la vue de ses dents, Sophie supplie le géant de ne
pas la manger. Pourtant, la description de ses dents est éloignée
de celle d'un véritable ogre :</span></p>
<blockquote class="citation-longue-western">Puis il se mit à
sourire, en découvrant d'immenses dents carrées. Elles
étaient très carrées et très blanches et
semblaient plantées dans la mâchoire comme d'énormes
tranches de pain de mie.[31]</blockquote>
<p class="western"> Ses dents carrées ne ressemblent
aucunement à celles décrite pas Paul Caro, à
savoir « une dentition proéminente, agressive,
construite pour dévorer ». En revanche, la bouche
du Buveur de Sang correspond parfaitement à cette
description :
</p>
<blockquote class="citation-longue-western">(...)sa bouche était
énorme. Elle barrait son visage d'une oreille à l'autre
et ses lèvres ressemblaient à deux gigantesques
saucisses rougeâtres posées l'une sur l'autre. Des dents
jaunes et tranchantes dépassaient d'entre ses deux lèvres
de saucisses rouges et des flots de bave lui coulaient sur le menton.
On n'avait aucun mal à croire que cette épouvantable
brute se nourrissait, chaque nuit, d'hommes, de femmes et
d'enfants.[66-67]</blockquote>
<p class="western"> On comprend très vite la différence
qu'il existe entre le BGG et ses congénères.
D'ailleurs, le narrateur par ces deux descriptions le souligne très
clairement.</p>
<p class="western"> James lui aussi est effrayé en voyant les
énormes insectes lorsqu'il pénètre dans le noyau
de la pêche. Il a peur d'être dévoré par
eux. Il prend leur regard insistant pour un regard plein d'envie :
« James vit quatre paires de gros yeux noirs et vitreux
braqués sur lui »[44].
Pour comble, l'araignée en fixant James dit : « J'ai
faim ». Les autres insectes semblent avoir la même
envie. Le petit garçon ne peut que croire qu'il va finir dans
les assiettes de ces étranges insectes. Bien sûr, on
apprend bientôt que ce n'est qu'un quiproquo et que ces
insectes géants vont devenir les compagnons de voyage de
James.</p>
<p class="western"> La<span style="font-style: normal;"> peur de
l'ogre est représentée tout à fait différemment
dans </span><i>Charlie et la chocolaterie</i><span style="font-style: normal;">,</span><i>
</i><span style="font-style: normal;">mais elle reste présente.
On pourrait ainsi aisément considérer la chocolaterie
elle-même comme la métaphore de l'ogre. En effet, à
plusieurs reprises les enfants sont absorbés et engloutis par
l'usine. Mike Teavee est absorbé par la télévision
de l'usine. Véruca Salt tombe dans le vide-ordures symbolisant
sans aucun doute l'« estomac de l'usine »,
plein de divers déchets provenant de l'ingestion d'aliments.
Quant à Augustus Gloop, il est aspiré par un tuyau
comparable à la bouche qui engloutit, mais aussi à
l'intestin qui digère.</span></p>
<h3 class="western">3.2. Les dents longues et creuses de la société</h3>
<p class="western" style="font-style: normal;"> Toute
écriture pourtant naît du désir, de
l'insatisfaction et du refus de ce qui est établi voire de
l'« establishment » : l'écriture est
contestation.<font color="#ff0000"> </font><font color="#000000">Elle
n'est donc pas momentanée ou liée à un plaisir
brut, mais elle se veut plutôt à l'origine d'ambitions
plus hautes, l'investigatrice de passions plus nobles et plus
durables. Il en va de même pour Roald Dahl. Quoiqu'écrivain
pour la jeunesse, il veut transmettre ou plutôt permettre aux
enfants d'ouvrir les yeux sur le monde. Il veut leur montrer que le
monde n'est pas tel </font>que certains romans vraisemblablement
édulcorés, veulent leur faire croire. D'ailleurs, <span lang="en-US">Mark
West </span><span lang="fr-FR">après</span><span lang="en-US">
</span><span lang="fr-FR">de nombreux entretiens avec Roald Dahl
conclut : « Dans la plupart des histoires de Dahl
- que ce soit destiné pour les enfants ou pour les
adultes – les figures autoritaires, les institutions sociales
et les normes de la société sont ridiculisées ou
au moins infirmées</span><span lang="en-US"> »<a class="sdfootnoteanc" name="sdfootnote135anc" href="bibliographie-dahl.php#sdfootnote135sym"><sup>135</sup></a>
. </span>Entre autres choses, il dénonce une société
de consommation qui dès les années soixante a pris
beaucoup trop d'ampleur. De cette société-là, il
fait une satire alimentaire.</p>
<h4 class="western">3.2.1. La dénaturation de l'aliment
</h4>
<p class="western" style="font-style: normal;"> Nous l'avons compris
tout au long de cette analyse, la gourmandise dans ces quatre oeuvres
est un élément essentiel de l'histoire. Mais Roald Dahl
dénonce également dans ses livres que l'aliment perd
progressivement toute sa dimension sacrée. La valeur de
l'aliment est effectivement remise en cause par notre société
de consommation et de matérialisation.</p>
<p class="western" style="font-style: normal;"> Le père de
Véruca Salt achète des milliers de barres de chocolat
seulement pour céder à un caprice de sa fille. Cet
achat montre à quel point le chocolat est évincé
du plaisir qu'il procure. Il devient un objet qui n'a plus aucune
valeur nutritive ni même gourmande. Le fait que Mr. Salt fait
ensuite décortiquer ses barres de chocolat par ses ouvrières
habituées à décortiquer des cacahuètes
contribue aussi à désacraliser la nourriture. En effet,
la cacahouète est elle aussi un symbole gourmand, celui d'un
partage lors d'un apéritif par exemple. Le monde dans lequel
Mr. Salt évolue a oublié cette valeur des aliments.
L'aliment n'a plus qu'une valeur économique. Des cacahuètes
ou du chocolat, c'est bien la même chose : un objet auquel
il faut enlever son enveloppe. On retrouve le même comportement
dans <i>James et la grosse pêche </i>avec Tante Piquette. La
pêche n'y est plus considérée comme un fruit
délicieux, mais comme une possibilité de s'enrichir.
C'est James qui lui rendra sa vraie nature en la partageant avec les
enfants affamés de New-York.</p>
<p class="western" style="font-style: normal;"> Dans <i>Matilda</i>,
c'est au plateau TV et à la télévision
omniprésente que s'attaque Roald Dahl. La famille Verdebois
est bien consciente qu'un dîner doit être l'occasion de
réunir la famille. En effet, lorsque Matilda veut quitter le
repas avant sa fin pour lire, M. Verdebois lui dit que : « Le
dîner, c'est une réunion de famille et personne ne sort
de table avant qu'on ait fini »[31].
Matilda lui répond alors : « Mais nous ne
sommes pas à table [...]. Nous n'y sommes même jamais.
Nous mangeons toujours sur nos genoux en regardant la télé »[32].
À travers la nourriture, c'est une satire familiale que
réalise Roald Dahl. La nourriture était un lien entre
les membres de la famille, ce lien a été dénaturé
chez les Verdebois et il n'en subsiste plus que l'intérêt
pour la télévision. La « boîte à
fadaises » du BGG ou la machine idiote des Oompas-Loompas
devient plus importante que la famille. Pour Roald Dahl, il est
évident et indiscutable que la télévision
empêche l'imagination. Dans l'assiette des Verdebois, le manque
de créativité est significatif, car leur plateau-repas
est déjà préparé, préemballé
et cuit. Ce plateau-repas est en réalité le reflet de
leur propre vie, tout aussi cloisonnée et insipide<a class="sdfootnoteanc" name="sdfootnote136anc" href="bibliographie-dahl.php#sdfootnote136sym"><sup>136</sup></a>.
</p>
<h4 class="western">3.2.2. L'égoïsme de la société
</h4>
<p class="western" style="font-style: normal;"> À travers la
nourriture, Roald Dahl met en évidence l'égoïsme
et le discrimination de tout une société. Alors que les
personnages issus des catégories sociales les plus aisées
se nourrissent abondamment, les autres sont souvent exclus de ces
festins pléthoriques.
</p>
<p class="western" style="font-style: normal;"> L'obésité
d'Augustus et de Tante Éponge est pointée du doigt.
Roald Dahl veut vraisemblablement critiquer notre société
de surconsommation. On pourrait faire référence aussi
aux camions transportant le chocolat ainsi qu'à la bousculade
pour pouvoir se procurer des chocolats Willy Wonka.</p>
<p class="western" style="font-style: normal;"> Les plus défavorisés
sont contraints de vivre en exil. Les descriptions de Roald Dahl
insistent sur l'éloignement qui est imposé aux
personnages pauvres. Ainsi, Charlie et ses parents vivent dans une
petite maison de bois où s'infiltrent les courants d'air, et
Mlle Candy habite selon les dires de Matilda dans la « cabane
où le bûcheron vivait avec Hansel et Gretel »[182].
La pauvreté et le manque de nourriture font peur aux plus
riches.
</p>
<p class="western" style="font-style: normal;"> Il existe néanmoins
des exceptions : Matilda ne sera pas effrayée par la
pauvreté de son institutrice. Bien au contraire, elle va même
jusqu'à préférer le goûter frugal que lui
offre celle-ci au délicieux goûté habituel :
« Matilda se percha avec précaution sur l'une des
caisses et, par politesse plutôt que pour toute autre raison,
prit une des tartines de margarine et se mit à la manger. Chez
elle, il y aurait eu sans doute sur son pain du beurre et de la
confiture de fraises sans compter une tranche de cake pour conclure
son goûter. Et pourtant, ce thé si modeste lui donnait
bien plus de plaisir. Un mystère entourait cette maison, un
grand mystère, cela ne faisait aucun doute, et Matilda rêvait
de l'élucider »[187].
Ce mystère, c'est la reconnaissance et le p<font color="#000000">laisir
d'un sentiment de bien-être partagé. Cette scène
met notamment en lumière que la valeur des gens devrait aller
au-delà de la pauvreté et qu'il en est de même
pour un repas.</font></p>
<p class="western" style="font-style: normal;"><span style="text-decoration: none;"> Un
repas pauvre et partagé vaut mieux que des plateaux bien
garnis dans une famille désunie. Dans le BGG, Sophie ne se
plaindra pas non plus du manque de nourriture de son hôte.</span>
L'amitié qui la lie à celui-ci semble compenser le sort
dans lequel elle se trouve.</p>
<h4 class="western">3.2.1. Et quoi d'autre au menu de la satire ?</h4>
<p class="western" style="font-style: normal;"><font color="#000000"> Roald
Dahl s'est attaqué à bien d'autres institutions comme
la politique ou l'armée et il s'intéresse également
à la condition de la femme.</font></p>
<p class="western"><font color="#000000"> Les politiciens et leur
politique sont très malmenés dans toute l'oeuvre de
Roald Dahl. On retrouve quelques moments satiriques et comiques dans<i>
James et la grosse pêche.</i> L<span style="font-style: normal;">e
président est alors présenté comme un homme qui
ne fait que pousser des boutons [138]</span></font>et
se décharge de toute responsabilité quant aux
conséquences de ses actes. C'est dans <i>Charlie
et l'ascenseur de verre </i><span style="font-style: normal;">que </span>
l'auteur donne du
gouvernement américain et de son président une image
particulièrement satirique :</p>
<blockquote class="citation-longue-western"> Au milieu de la
pièce, le Conseiller Financier essayait en vain de faire tenir
le budget en équilibre sur le sommet de sa tête. Et tout
près du Président se tenait la Vice-Présidente,
une énorme femme de quatre-vingt-neuf ans, avec du poil au
menton. [...] Seul le Président avait le droit de l’appeler
Nounou [...] « J’y suis arrivé ! s’écria
le conseiller financier. Regardez-moi ! J’ai équilibré
le budget ! » En effet. Il se tenait au milieu de la
pièce, avec l’énorme budget de deux cents
billions de dollars splendidement en équilibre sur le sommet
de son crâne chauve. Tout le monde applaudit. [36-37]</blockquote>
<p class="western"><span style="font-style: normal;"><font color="#000000"> </font>Dans
</span><i>Le BGG</i><span style="font-style: normal;">, il y a une
réflexion importante sur le comportement de l'homme. Le BGG
explique que seul l'homme tue ses congénères et que
même les impitoyables ogres ne se mangent pas entre eux. Il
démontre le comportement autodestructeur de l'homme en ces
termes : </span>
</p>
<blockquote class="citation-longue-western">(...) il y a des hommes
de terre qui disparaissent tout le temps et partout, même sans
que les géants les avalent. Les hommes de terre s'entre-tuent
tout le temps beaucoup plus vite que les géants ne les
dévorent. [...] Les géants non plus ne se mangent pas
entre eux, [...] et en plus, les géants ne se tuent pas les
uns les autres. Les géants ne sont pas très agréables
à fréquenter, mais ils ne s'entre-tuent pas. De même,
les croque-l'Odile ne tuent pas d'autres croque-l'Odile.[...] Même
les serpents venimeux ne se tuent pas, s'entre-tuent pas [...]. Je
n'arrive pas comprendre les hommes de terre, [...] toi, par exemple,
tu fais partie des hommes de terre et tu dis que les géants
sont abomineux et monstruables parce qu'ils mangent des gens.
[...]Mais les hommes de terre, eux, s'étripaillent sans cesse
[...] ils se tirent dessus avec des fusils et ils montent dans des
aéroplanes pour lancer des bombes sur la tête des
autres. Et ils font ça chaque semaine. Les hommes de terre
tuent sans arrêt d'autres hommes de terre.[89-90]</blockquote>
<p class="western"> Les ogres semblent même excusables
puisqu'ils sont comparés à l'être humain qui tue
les petits porcelets. Ils se nourrissent des humains, mais ils ne
s'entre-tuent pas comme les humains. Sophie arrive même à
se demander si après tout « les hommes étaient
vraiment meilleurs que les géants »[90].</p>
<p class="western" style="font-style: normal;"> Toujours dans <i>Le
Bon Gros Géant</i>, les militaires haut placés qui sont
chargés de la mission d'attacher les ogres font preuve de bien
peu de courage. En effet, ils s'enfuient laissant leurs soldats se
débrouiller seuls [210-216].
Peut-être que ces éléments font référence
à des moments de sa propre vie car Roald Dahl a effectivement
été soldat dans l'armée de l'air.
</p>
<p class="western" style="font-style: normal;"> Un dernier trait est
critiqué par Roald Dahl : la condition de la femme avec
Matilda et Sophie. À plusieurs reprises, les parents de
Matilda expliquent que les « petites filles sont faites
pour être vues mais non pas pour être entendues »[14].
Roald Dahl rejette cette vision de celles qui vont bientôt être
des femmes. Il le montre en caractérisant ces figures
féminines de qualités intellectuelles exceptionnelles.</p>
<p class="western"><span style="font-style: normal;"> Jean Verrier
dans un article intitulé « Une initiation
jubilatoire » paru sur le site du Centre National de
Documentation Pédagogique affirme que le conte populaire sert
à renforcer la cohésion sociale, car même le
héros défavorisé au départ trouvera un
moyen de s'intégrer à la société. Mais
Jean Verrier explique que « </span>ce dénouement
[n'est] absolument pas crédible en réalité ».
Le public, même naïf ne croit pas à cette fin trop
édulcorée. Il ajoute par ailleurs :</p>
<blockquote class="citation-longue-western">L’intérêt
est ailleurs. On sait bien qu’on ne transformera ni la société
ni la loi ni le pouvoir. Mais la solution utopique proposée
par les contes agit comme une soupape de sécurité ;
elle fait rêver, sans trop d’illusions, à des
lendemains qui chantent d’où le mal serait banni ;
et elle permet peut-être de rentrer dans le rang et de mieux
supporter le monde tel qu’il est. Le conte expose les
contradictions et les conflits auxquels tout le monde est confronté ;
il peut critiquer les injustices, les abus d’autorité,
mais, en général, il ne remet pas fondamentalement en
cause les normes sociales en vigueur. Il reflète la société
telle qu’elle est avec ses drames, ses injustices, telle
qu’elle se souhaite avec des héros idéalisés
et le triomphe de la vertu, telle qu’elle se redoute avec les
puissances du mal. <a class="sdfootnoteanc" name="sdfootnote137anc" href="bibliographie-dahl.php#sdfootnote137sym"><sup>137</sup></a>
</blockquote>
<p class="western" style="font-style: normal;"> Les histoires doivent
aider l'enfant à comprendre le monde et surtout ne pas lui
cacher la vérité, mais sans pour autant l'effrayer.
L'objectif de Roald Dahl, c'est d'apprendre en s'amusant.</p>
<h3 class="western">3.3.Un humour « délisquisavouresque »</h3>
<p class="western" style=""> L'apprentissage de la
lecture est fondamental pour Roald Dahl, cependant celui-ci comporte
beaucoup d'obstacles et de difficultés. Il disait à ce
propos qu'« écrire pour les enfants est bien plus
dur qu'écrire pour les adultes. Les enfants n'ont pas la
concentration des adultes, et si vous ne suscitez pas leur intérêt
dès la première page, ils s'en vont vagabonder ailleurs
et vont regarder la télé ou bien faire quelque chose
d'autre. Ils lisent pour s'amuser ; vous devez les tenir en
haleine »<a class="sdfootnoteanc" name="sdfootnote138anc" href="bibliographie-dahl.php#sdfootnote138sym"><sup>138</sup></a>.</p>
<p class="western"><span style=""> Roald Dahl
réussit à capter leur attention, d'une part parce qu'il
ne sous-estime ni ne dénigre jamais les enfants, d'autre part,
parce qu'il joue avec le sens de l'humour de son lectorat. Il
dira d'ailleurs que « l'écrivain pour enfant doit
être un modèle toujours riant... il doit être
subversif et inventif »<a class="sdfootnoteanc" name="sdfootnote139anc" href="bibliographie-dahl.php#sdfootnote139sym"><sup>139</sup></a>.
</span>L'humour de Roald Dahl pimente d'une façon si admirable
son récit qu'il semble impossible pour son lectorat de se
détacher de sa lecture.
</p>
<p class="western" style=""> Pour cet auteur, tout
est matière à s'amuser et à faire rire les
enfants. Et même la gravité de certains événements
ne semble pas un obstacle à l'humour de Roald Dahl. Ainsi, il
met en place une approche imagée et réconfortante du
monde et des autres. Tout en alimentant les fantasmes de l'enfant, il
en efface l'aspect culpabilisant et angoissant grâce à
sa dynamique et à ses conclusions optimistes et toujours
empreintes d'humour.
</p>
<h4 class="western">3.3.1. Un rire malicieux et unificateur</h4>
<p class="western" style="font-style: normal;" align="justify">
L'auteur de littérature jeunesse utilise donc l'humour pour
capter l'attention de son lectorat. L'humour dans les oeuvres de
Roald Dahl a deux fonctions principales. Il permet de tourner en
dérision les défauts des méchants et leur manque
d'imagination, et de créer de liens forts entre les individus.
</p>
<p class="western" style="font-style: normal;"> Tout
d'abord, on rit des personnages bêtes et méchants, à
la manière de Molière dont la formule « castigat
ridendo mores » est célèbre. La description
seule des personnages est souvent de nature très comique.
Roald Dahl met bien en évidence les défauts de chacun.
Ainsi, Tante Piquette, Tante Éponge, les ogres, Mlle
Legourdin, les quatre enfants de <i>Charlie et la chocolaterie </i>sont
ridiculisés.</p>
<p class="western" style="font-style: normal;"> Mlle
Legourdin est décrite par contraste avec la norme. Alors que
les dirigeants d'établissements scolaires sont choisis pour
leur ouverture d'esprit, leur coeur, leur sens de la justice et de
l'éducation[84], Mlle Legourdin est décrite comme une
créature mi-homme mi-taureau :</p>
<blockquote class="citation-longue-western">C'était une espèce
de monstre femelle d'aspect redoutable. Elle avait en effet accompli,
dans sa jeunesse, des performances en athlétisme et sa
musculation était encore impressionnante. Il suffisait de
regarder son cou de taureau, ses épaules massives, ses bras
musculeux, ses poignets noueux, ses jambes puissantes pour l'imaginer
capable de tordre des barres de fer ou de déchirer en deux un
annuaire téléphonique. Pas la moindre trace de beauté
sur son visage qui était loin d'être une source de joie
éternelle. Elle avait un menton agressif, une bouche cruelle
et de petits yeux arrogants.[...] Bref, elle évoquait beaucoup
plus une dresseuse de molosses sanguinaires que la directrice d'une
paisible école primaire.[85]</blockquote>
<p class="western" style=""> La laideur physique
et la description hyperbolique de sa musculature sont très
représentatives des caricatures de personnages de contes. La
caricature permet de prendre de la distance avec ce personnage.<font color="#ff0000">
</font><font color="#000000">Le même procédé sera
utilisé dans la description des ogres du pays des géants.
Par ailleurs, dans les récits de Roald Dahl, le narrateur
ridiculise le personnage malfaisant en le mettant dans une situation
cocasse. Par exemple, la scène où Mlle Legourdin est
effrayée par un simple petit triton qui entre en contraste
avec sa taille colossale :</font></p>
<blockquote class="citation-longue-western">Mlle Legourdin souleva
alors le grand pichet de terre cuite bleue et versa un peu d'eau dans
son verre. C'est alors, avec un <i>plop</i> mat, que le triton
entraîné par le liquide fit un plongeon dans le verre.
Mlle Legourdin laissa échapper un glapissement et bondit comme
si un pétard avait explosé sous sa chaise. [...] Mlle
Legourdin, cette femme colossale, debout, avec sa culotte verte,
tremblait comme une crème renversée. [158]</blockquote>
<p class="western"> Le comique de la scène est amplifié
par la répétition de l'évocation du triton. En
effet Maltilda réussit à renverser le verre contenant
encore le triton sur Mlle Legourdin :</p>
<blockquote class="citation-longue-western" style="background: transparent none repeat scroll 0% 50%; margin-top: 0.3cm; margin-bottom: 0.8cm; -moz-background-clip: -moz-initial; -moz-background-origin: -moz-initial; -moz-background-inline-policy: -moz-initial; line-height: 100%; text-align: justify;">
L'eau et le triton qui se tortillait de plus belle jaillirent sur
Mlle Legourdin dont ils éclaboussèrent l'énorme
giron. La directrice laissa échapper un glapissement qui dut
faire vibrer toutes les vitres de l'établissement et, pour la
seconde fois en cinq minutes, elle bondit de sa chaise comme une
fusée. <span style=""><font style="font-size: 10pt;" size="2">[164]</font></span>
</blockquote>
<p class="western"><span style=""> Tante Piquette
et Tante Éponge sont, tout comme Mlle Legourdin, caractérisées
par leur laideur physique. Le narrateur nous les rend risibles
lorsque, malgré une apparence peu avantageuse, elles sont en
admiration devant leur physique. L'exemple de Tante Éponge est
très significatif : « </span>Tante <span style="">É</span>ponge
avait posé sur ses genoux un miroir à long manche
qu'elle ne cessait de soulever pour s'extasier devant sa hideuse
figure ». Tante Éponge s'exclame pourtant :
</p>
<blockquote class="citation-longue-western">« Je suis
belle et parfumée/Comme une rose de juin/Que pensez-vous de la
courbure/ De mon petit nez mutin ?/ De mes bouclettes de satin? /Et
quand j'enlève ma chaussure,/ De mes orteils, si fins, si fins
? [...]Là ma beauté, avec ou sans voiles, fera
pâlir toutes les étoiles » [15-16]</blockquote>
<p class="western"> Son comportement est d'autant plus risible que le
lecteur mais aussi Tante Piquette ne sont pas dupes de cette fausse
beauté. C'est pourquoi Tante Piquette lui dit ironiquement :
« Vous ferez, chère soeur, c'est certain un
fabuleux Frankenstein »[16].</p>
<p class="western"> Augustus Gloop, Violette Beauregard, Véruca
Salt, Mike Teavee seront ridiculisés avec les chansons des
Oompas-Loompas. Leurs parents le seront également, car leurs
gestes et leurs comportements sont complètement déphasés
par rapport à ce qui arrive à leur enfant.
</p>
<p class="western"><span style=""> C'est aussi
leur manque d'imagination qui est pointé du doigt. En effet,
les jeux de mots évidents sur les portes de la chocolaterie ne
sont pas compris par les enfants. Ce manque d'humour </span>de
certains enfants reflète leur manque d'ouverture d'esprit :</p>
<blockquote class="citation-longue-western">(...)ils pouvaient
déchiffrer en passant ce qui était écrit sur
cette porte : HALLE DE DEPÔT N° 54: TOUTES LES CRÈMES
: CRÈME FRAÎCHE, CRÈME FOUETTÉE, CRÈME
DE VIOLETTE, CRÈME DE CAFÉ, CRÈME D'ANANAS,
CRÈME DE VANILLE ET CRÈME À RASER.« Crème
à raser ? Cria Mike Teavee. Comment ? Vous en mettez dans vos
chocolats ? - En avant ! Hurla Mr. Wonka. Ce n'est pas le moment de
répondre à des questions stupides. »[...]
Ils passèrent devant une porte jaune où on pouvait lire
: HALLE DE DEPÔT N° 77 : TOUS LES GRAINS, GRAINS DE CACAO,
GRAINS DE CAFÉ, GRAINS DE MARMELADE ET GRAINS DE BEAUTÉ.
« Grains de beauté ? S'écria Violette
Beauregard.- Oui comme celui que tu as sur le nez ! Dit Mr. Wonka. Ce
n'est pas le moment de discuter ! En avant ! Plus vite ! [114-115]</blockquote>
<p class="western"><span style=""> On retrouve en
abondance ces calembours gourmands non seulement dans tout le livre
<i>Charlie et la chocolaterie</i> mais aussi dans <i>Le Bon Gros
Géant</i>. Ces formes extravagantes apparaissent naturellement
dans l'oeuvre de Roald. En effet, l<span style="font-style: normal;">a
fantaisie verbale se rencontre déjà dans le babil
enfantin, dans les comptines de cours de récréation et
dans les plaisanteries orales de la vie quotidienne. On notera bien
sûr dans </span><i>Charlie et la chocolaterie</i><span style="font-style: normal;">
le grand défilé d'inventions culinaires et de jeux de
mots comme les caramels à cheveux [116], les oreillers et le
papier peint mangeables, les crèmes glacées chaudes
[136]. Mais c'est aussi la « frambouille » du
monde des géants qui se doit d'être opposée aux
schnockombres répugnants. Il ne faut pas oublier non plus tous
les mots « délisquisavouresques »
prononcés par le BGG. Tous ces mots, calembours ou
mots-valises, favorisent et font travailler l'imagination. On
retrouve également des jeux sur les mots dans les chansons du
mille-pattes dans </span><i>James et la Grosse pêche</i><span style="font-style: normal;">.
Cette chanson provoque le rire, car les recettes que propose le
mille-pattes sont en décalage avec la réalité et
les normes alimentaires des humains :</span></span></p>
<blockquote class="citation-longue-western">J'adore les tailles de
guêpe écrasées / À la vaseline et sur
canapé. / Et les vertèbres de porc-épic, / Le
rôti de dragon un peu moisi,/ Plat fort coûteux, fort
apprécié / (Expédié par courrier
supersonique).
<br><br>Et j'aime les tentacules d'octopi, / Les petites
saucisses à la réglisse / C'est chaud, c'est vivant et
ça glisse / C'est arrosé de carburant / (De « super »
naturellement) !<br><br>Le jour de ma fête, je me fais servir /
Des nouilles flambées au poil de caniche / Bien parfumées
à l'élixir /D'ongles coupés et de cils de biche
(A avaler les yeux fermés)/<br><br>Enfin, il faut que je vous
le dise : / Chacune de ces friandises / Est rare, onéreuse,
onirique. / Mais je donnerais le tout / Pour un tout petit bout / De
cette PÊCHE FANTASTIQUE ! [75-76]</blockquote>
<p class="western"> Les chansons du mille-pattes réunissent
des éléments divers qu'il détourne de leur usage
premier, et c'est ce mélange incongru de produits hétéroclites
qui est à l'origine du rire. L'humour de ses chansons a
également l'avantage de rendre heureux et d'unir les gens. En
effet, le narrateur indique qu'après la chanson du
mille-pattes « tout le monde était heureux et
détendu. Le soleil brillait d'un éclat encourageant
dans le ciel bleu et la mer était calme »[76].
L'humour chez Roald Dahl est « unificateur »,
créateur de lien.</p>
<p class="western"> Dans le même type d'humour<span style="">,
c'est à table que Roald Dahl va jouer sur le comique de
caractère en attablant un BGG bien peu conventionnel. Celui-ci
ne connaît pas les codes et les règles de savoir-vivre
propres aux hommes et c'est ainsi, qu'assis face à la reine
d'Angleterre, il émettra une symphonie musicale, propice au
rire des enfants :</span></p>
<blockquote class="citation-longue-western">La musique est excellente
pour la digestion, assura la reine, lorsque je suis en Écosse,
des joueurs de cornemuse donnent des concerts devant mes fenêtres
pendant mes repas. Je vous en prie, jouez-nous donc quelque chose. -
J'ai la permission de Sa Majestueuse ! S'exclama le BGG. Et il lâcha
aussitôt un crépitage qui retentit dans la grande salle
de bal comme si une bombe venait d'y exploser. La reine sursauta. -
Youpiiie ! S'écria le BGG, voilà qui sonne autrement
mieux que les cornes à muses, n'est-ce-pas, Majestueuse ? Il
fallut quelques secondes à la reine pour se remettre du choc.
- Je préfère les cornemuses, dit-elle enfin. Elle ne
put s'empêcher cependant de sourire.[190]</blockquote>
<p class="western"> Ce comique rabelaisien ou comique du « bas
corporel » selon Bakhtine est effectivement souvent
utilisé par Roald Dahl qui, en bon pédagogue, est sûr
de faire rire l'enfant. Comme la frambouille, les boissons gazeuses
aérodynamiques de Willy Wonka provoquent des bruits assez
inconvenants[138].</p>
<h4 class="western">3.3.2. Humour et démystification
</h4>
<p class="western"><span style="font-style: normal;"><b> À </b><span style="">côté
du rire goguenard de Roald Dahl, il y a d'u<font color="#000000">ne
part, un rire rassurant, et d'autre part un rire démystificateur.
En effet, une des premières qualités du rire est la
possibilité de prise de distance par rapport au vécu.
Jean Émelina explique que le bonheur, les rêves ou le
chagrin submergent l'individu alors que le comique agit différemment
: </font></span></span>
</p>
<blockquote class="citation-longue-western"><span style=""><span style="font-style: normal;">[Le
comique] </span></span>s'oppose par sa nature à ces
« invasions » comme Démocrite s'oppose à
Héraclite. Je ne puis rire du vécu, heureux ou
malheureux, que [...] si je dresse des barrières mentales
entre lui et moi. C'est parce qu'il ne sait pas opérer cette
déconnexion que l'animal, qui connaît la joie, la peur,
la colère, ne rit pas, et que le rire est bien le propre de
l'homme.<a class="sdfootnoteanc" name="sdfootnote140anc" href="bibliographie-dahl.php#sdfootnote140sym"><sup>140</sup></a></blockquote>
<p class="western" style="font-style: normal;"> Grâce
au rire, l'enfant peut prendre de la distance avec les peurs que lui
inspire le monde des adultes. Ainsi, comme l'explique Vicki
Weisseman, l'exagération des atrocités de certains
personnages dans l'univers de Roald Dahl, n'est pas prise au sérieux
par l'enfant :
</p>
<blockquote class="citation-longue-western"><span lang="fr-FR"><span style=""><span style="font-style: normal;">Personne
n'est réellement blessé, et les formes de la mort et de
la torture sont aussi réelles et aussi peu considérées
que lorsque le magicien scie son assistante en deux. Les enfants
rejettent ce qu'ils ne veulent pas et suivent leur voie, comme le
fait M. Dahl quand un personnage dérange le cours de
l'histoire.</span></span><a class="sdfootnoteanc" name="sdfootnote141anc" href="bibliographie-dahl.php#sdfootnote141sym"><sup>141</sup></a>
</span>
</blockquote>
<p class="western" style="font-style: normal;"> On
ne rit pas parce que ces personnages réduits à l'état
de types sont laids, bêtes et méchants, mais parce qu'on
nous offre le spectacle de la défaite de personnages suspects
et inquiétants qu'on a rendus à dessein laids, bêtes
et méchants, et que ce « triomphe d'angoisse »
a mis hors d'état de nuire.</p>
<p class="western" style="font-style: normal;"><font color="#000000"> Tout
est matière à rire chez Roald Dahl, et même les
sujets les plus graves sont traités avec légèreté.
La mort ne fait pas exception à la règle. Elle est même
fréquemment évoquée, mais bien sûr
toujours sur le mode du rire. Nous assistons dans ces récits
cruels à une démystification d'événements
dramatiques par l'humour ou le comique qui permet une évacuation,
un déplacement rassurant ainsi les lecteurs.</font></p>
<p class="western" style="font-style: normal;"> Plusieurs
scènes traitent d'une peur fondamentale de l'enfant, la « peur
de l'ogre », mais Roald Dahl fait fi des conventions et
s'attaque à cette peur sans aucun répit. Les scènes
de quiproquos qui en résultent sont savoureuses par leur
humour. Par exemple, Sophie croit qu'elle va se faire manger. Elle
imagine les façons dont le géant pourrait la manger
(« bouillir », « frire »,
« crue », « sauter »[28]).
Elle ne sait pas qu'elle est entre les mains du seul géant
végétarien. Après avoir essayé de
résister et voyant que la conversation dure (de la page 22 à
la page 36) elle pense alors : « Si elle devait être
mangée, mieux valait en finir une bonne fois plutôt que
de laisser ainsi les choses traîner en longueur »[35].</p>
<p class="western" style="font-style: normal;"> De
même Charlie face aux insectes géants croit son dernier
jour arrivé surtout lorsque chacun à leur tour ils
avouent leur appétit :</p>
<blockquote class="citation-longue-western">L'araignée - une
araignée femelle - ouvrit la bouche. <font size="2">Une
langue noire et effilée parcourut délicatement ses
lèvres. Et toi ? N'as-tu pas faim ? demanda-t-elle soudain à
James. Frissonnant, muet d'effroi, le pauvre petit garçon
recula vers le<span style=""><font color="#000000">
mur. - Qu'est-ce qui t'arrive ? demanda le vieux grillon des champs.
Tu n'es pas malade ? </font></span><b><font color="#0000ff"> </font></b></font>-
On dirait qu'il va tomber dans les pommes, constata le mille-pattes.
<span style=""><font color="#000000">- Oh ! le
pauvre petit ! s'écrit la coccinelle. Il pense que c'est lui
que nous allons manger ! Et tout le monde éclata de
rire.[44-45]</font></span></blockquote>
<p class="western" style=""><span style="font-style: normal;"> Quelques
pages suivantes, c'est le ver de terre qui a peur de se faire dévorer
pa<font color="#000000">r les mouettes à qui il doit servir
d'appât. L</font></span><font color="#000000">e pathétique
est tellement exagéré et cette scène est décrite
si longuement – de la page 84 à la page 86 – que
la situation ne peut que devenir comique.</font><font color="#ff0000">
</font>Cet effet de comique est bien sûr accentué par la
personnalité du ver de terre qui est vraiment peureux :</p>
<blockquote class="citation-longue-western">- Assez ! Cria le ver de
terre. Assez, assez, assez ! Je ne marche pas ! Je proteste ! Je ...
je ... je ... je ... - Du calme ! Dit le mille-pattes. N'as tu pas
honte de ne penser qu'à toi ? - Je pense à ce qu'il
me plaît ![...] - Tu seras un martyr, dit le mille-pattes. Je
te respecterai jusqu'à la fin de ma vie. - Moi aussi, je te
respecterai, dit mademoiselle l'araignée.[...] - Elles
me picoreront à mort ! Se lamenta le ver de terre. - Mais non,
voyons ! - Mais si je le sais ! Et je ne les verrai même pas
foncer sur moi puisque je n'ai pas d'yeux ![...] - Oh ! Je n'aime
pas ce jeu, pleurnicha le ver de terre. Elle a failli me piquer !
J'ai senti ses battements d'ailes sur mon dos ! [84-90]</blockquote>
<p class="western"><span style=""><span style="font-style: normal;"> Même
la mort des parents de Sophie ainsi que celle de James prennent un
tour comique dans les histoires de Roald Dahl. </span></span>Le
Rhinocéros, qui a tué les parents de James en quelques
secondes, « trente-cinq secondes exactement »,
reste énigmatique et burlesque. Les parents de Sophie sont
morts dans un accident, mais Roald Dahl refuse que la vie de Sophie
soit pathétique. Ainsi, lorsque le BGG apprend que Sophie est
orpheline, cette annonce provoque chez le BGG une scène de
crise de larmes. L'exagération comique des larmes de celui-ci,
comparables à de gros seaux d'eau, est d'autant plus
surprenante de la part d'un géant que l'on aurait pu le
croire, quelques lignes plus tôt, dévoreur d'enfants.
C'est finalement Sophie qui console le BGG.
</p>
<p class="western"> De même, lorsque les tantes de James sont
écrasées, le narrateur est loin de s'apitoyer sur leur
sort. Leur mort prend un tour comique puisqu'elles sont écrasées
par une pêche géante, un fruit imaginaire et
fantastique. De plus, dès la page 33, leur mort n'a plus
aucune importance puisque les tantes semblent ne plus faire partie de
ce monde : « Et l'énorme fruit les dominait de sa
rondeur dorée, si bien qu'elles ressemblaient à des
Lilliputiennes venues d'un monde lointain »[33].
</p>
<p class="western" style=""> L'atrocité
des festins meurtriers des ogres est elle aussi tournée en
dérision, car les descriptions des habitants correspondraient
assez bien à celles que l'on pourrait rencontrer dans une
boutique de vente de produits régionaux. L'expression « homme
de terre » n'est pas sans rappeler les pommes de terre
dont les enfants se régalent :</p>
<blockquote class="citation-longue-western">Les Grecs de Grèce
ont un goût de gras [...] Les hommes de terre de Panama ont un
goût de chapeau. [...] En Autruche ils ont bigrement le goût
d'oiseau. [...] Les hommes de terre des îles Shetland ont un
détestable goût de laine qui râpe la langue. Les
hommes de Terre-Neuve ont un goût de chien. [...] Les hommes de
terre de Nouvelle-Gélande [...] ont un goût de Général
anglais. <b>[31-44]</b></blockquote>
<p class="western" style="font-style: normal;"> Roald
Dahl n'est pas le seul à avoir compris l'intérêt
d'une démystification de la mort. Jean Emelina dans <i>Le
Comique, essai d'interprétation générale</i> met
en évidence le bénéfice que le rire peut
apporter à l'homme lors d'une épreuve difficile :
</p>
<blockquote class="citation-longue-western">Le premier mouvement
devant le monde - « bon sauvage », enfant,
naïf, âme sensible – c'est la foi, la vibration,
l'émotion. Mais chat échaudé craint l'eau
froide. À ces envahissements, pour peu qu'ils soient
désagréables ou dangereux, répond le
« bouclier » du rire, la mise à distance
et l'« anesthésie du coeur.<a class="sdfootnoteanc" name="sdfootnote142anc" href="bibliographie-dahl.php#sdfootnote142sym"><sup>142</sup></a></blockquote>
<p class="western"> C'est ce « bouclier du rire »
que Roald Dahl utilise pour faciliter le passage de l'enfant vers le
monde adulte<font color="#000000">.</font><font color="#ff0000"> </font>
</p>
<p class="western"><font color="#000000"> À coté du
rire, le merveilleux agit lui aussi comme un bouclier. Ensemble, ces
deux protections permettent de mieux s'intégrer au monde sans
trop se blesser ; et surtout sans perdre ces joies instinctives tels
que l'imagination créatrice, l'émotion spontanée,
la libre expression et le pouvoir de percevoir le monde comme un
<span style="font-style: normal;">monde merveilleux que l'on pourrait
recréer, retranscrire à sa guise. </span></font>
</p>
</div>La gourmandise et la quête de soi.2006-12-11T22:08:19+01:00tag:www.dahl-gourmandise.fr,2006-12-11:/8Camille CrozierLes récits de Roald Dahl sont non
seulement des récits pour apprendre sur le monde mais
également des récits pour apprendre sur soi. Nous
l'avons déjà fait remarqué, Le Bon Gros
Géant, Charlie
et la chocolaterie, James
et la grosse pêche ainsi
que Matilda sont des
récits... <div class="contenu">
<p class="western"> Les récits de Roald Dahl sont non
seulement des récits pour apprendre sur le monde mais
également des récits pour apprendre sur soi. Nous
l'avons déjà fait remarqué, <i>Le Bon Gros
Géant</i><span style="font-style: normal;">, </span><i>Charlie
et la chocolaterie</i><span style="font-style: normal;">, </span><i>James
et la grosse pêche</i><span style="font-style: normal;"> ainsi
que </span><i>Matilda</i><span style="font-style: normal;"> sont des
récits destinés à un public qui est à la
charnière du monde de l'enfant et du monde des adultes. Roald
Dahl rassure son lectorat en lui montrant la voie à suivre
pour parvenir à ce stade. Ainsi, ses récits acquièrent
un statut tout particulier, à savoir celui du </span>conte.
Dans un article intitulé « Les oeuvres pour enfant
de Roald Dahl », Virginie Douglas qualifie ces récits
de « contes modernes »<a class="sdfootnoteanc" name="sdfootnote115anc" href="bibliographie-dahl.php#sdfootnote115sym"><sup>115</sup></a>.
Ceci va nous conduire à prendre en considération la
théorie sur le conte merveilleux de Vladimir Propp.
</p>
<p class="western"> Il n'est pas étonnant de rapprocher les
récits de Roald Dahl des contes, tant ils sont marqués
par l'oralité. Avant d'être imprimés, l'auteur
les avaient préalablement « testés »
sur ses propres enfants, ce qui explique la trace d'un narrateur
conteur dans les livres. À la manière des conteurs
traditionnels, Roald Dahl établit dans ses textes une relation
de complicité avec son jeune lectorat.</p>
<p class="western"> Une autre marque indéniable du conte est
celle du lieu indéterminé. Cette indétermination
facilite l'identification du lecteur aux situations décrites.
Ainsi, Matilda habite une « petite chambre d'un village
anglais »[24],
James et ses deux tantes habitent « une singulière
bicoque au sommet d'une colline pointue, dans le sud de
l'Angleterre » [11],
Charlie et sa famille habitent « dans une petite maison de
bois, en bordure d'une grande ville »[13],
et Sophie est dans l' « orphelinat du village »[45]
sans nous en préciser exactement le nom.</p>
<p class="western"> De plus, il semble évident que les quatre
livres de notre <i>corpus</i> sont des histoires pour grandir, qui
est un trait essentiel du conte. De ce point de vue, la gourmandise
intervient de manière évidente dans la bonne
réalisation de la quête de nos héros. On peut
alors se demander à quel niveau et <span style="font-style: normal;">de
quelle manière la gourmandise intervient dans la quête
d'identité de l'enfant. E<span style="">lle
est la bienfaitrice des contes de fées. En effet, comblant le
manque initial, elle caractérise les personnages. Elle permet
surtout cette grande et périlleuse aventure, à savoir
l'entrée dans la maturité. </span></span>
</p>
<h3 class="western">2.1. Une gourmandise compensatrice</h3>
<p class="western"> La nourriture ou plutôt le manque de
nourriture montre du doigt la situation difficile dans laquelle se
trouvent les héros des livres de notre <i>corpus</i>. Mais la
gourmandise permet souvent au héros d'évoluer malgré
cette situation délicate où il se trouve.</p>
<h4 class="western">2.1.1. Le manque initial</h4>
<p class="western"> Comme nous avons pu le constater, la nourriture
est un trait fondamental dans les oeuvres de Roald Dahl, et c'est par
ce biais que le narrateur a choisi de montrer dès le début
du récit le sentiment d'insatisfaction du héros. Ce
sentiment correspond à une des fonctions fondamentales du
conte merveilleux décrites par Vladimir Propp. Il est le coeur
du noeud de l'intrigue par son caractère décisif qui
permettra l'aventure. Dans la <i>Morphologie du conte</i><span style="font-style: normal;">,
</span>Vladimir Propp l'explique en ces termes :</p>
<blockquote class="citation-longue-western"> Le besoin ou le manque
initial représentent une situation. On peut imaginer qu'avant
le début de l'action, cette situation existait depuis des
années. Mais il arrive un moment où le quêteur
lui-même, ou le mandateur, comprennent que quelque chose
manque, et ce moment est celui de la motivation : il entraîne
l'envoi ou bien, directement, la quête.<a class="sdfootnoteanc" name="sdfootnote116anc" href="bibliographie-dahl.php#sdfootnote116sym"><sup>116</sup></a></blockquote>
<p class="western"> Chez les quatre héros, ce manque initial
provient de leur solitude due à l'absence des parents ou à
un manque d'affection de leur part. Ces héros
solitaires ressemblent d'ailleurs étrangement aux héros
de Charles Dickens que Roald Dahl aime tout particulièrement
comme on peut le constater dans ses ouvrages où à
plusieurs reprises il en est question. Dans les histoires de Dickens,
l'enfant doit également évoluer et affronter le monde
seul.
</p>
<p class="western"> Sophie et James sont tous les deux orphelins. Les
parents de Sophie « sont morts tous les deux lorsque [elle
était] encore bébé »[45],
mais les circonstances
de leur disparition ne sont pas précisées par le
narrateur. En revanche, on connaît celles des parents de
James, morts lorsque celui-ci était encore très jeune.
Ils furent dévorés par un rhinocéros. Ce
sentiment de manque, chez le jeune James, est, selon Virginie
Douglas, accentué par l'évocation d'une situation
antérieure idyllique évoquée en ces termes :
</p>
<blockquote class="citation-longue-western">Jusque-là, c'était
un garçon très heureux. Il vivait en paix avec son père
et sa mère dans une jolie maison, au bord de la mer. <span style="font-style: normal;">Il
avait de nombreux compagnons de jeu avec qui il passait son temps à
courir sur le sable et à barboter dans l'Océan. Bref,
c'était la belle vie, la vie dont rêvent tous les petits
garçons.</span> Puis, un jour, (...)[9]</blockquote>
<p class="western"> Matilda souffre d'un terrible manque d'affection
de la part de ses parents qui « ne manifestent aucun
intérêt »[13]
pour elle. La solitude de Charlie est plus imperceptible, mais tout
aussi significative. En effet, ce petit garçon vit à
l'égard de tout, « en bordure de ville »[13].
Ses parents sont entièrement préoccupés par
leurs soucis. De plus, le narrateur présente les membres de la
famille Bucket deux par deux : Grand-papa Joe et Grand-maman
Joséphine, Grand-papa Georges et Grand-maman Georgina, Mr et
Mrs Bucket. Charlie, lui, est présenté seul.
</p>
<p class="western"> Le narrateur a choisi de retranscrire et de
symboliser ce manque initial par une insuffisance cruelle de
nourriture dans le foyer du petit Charlie et de sa famille. Leur nom
« Bucket » qui signifie « seau »,
« godet » souligne le vide et le manque. Il en
va de même pour James dont les deux tantes n'ont que faire du
petit garçon qu'elles exploitent depuis qu'il est âgé
de quatre ans. Quant à Matilda, Virginie Douglas explique que
« la boulimie de livres dont elle fait preuve [...], sans
doute pour compenser l'indifférence de ses parents, montre
qu'il existe plus d'une façon d'avoir faim »<a class="sdfootnoteanc" name="sdfootnote117anc" href="bibliographie-dahl.php#sdfootnote117sym"><sup>117</sup></a>.
</p>
<h4 class="western">2.1.2. La gourmandise, un personnage à
part entière</h4>
<p class="western"> La volonté de Roald Dahl de faire
disparaître les parents – ou autrement dit l'autorité –
répond aux attentes de l'enfant. En effet, selon Bruno
Bettelheim, cela correspond à un désir de l'enfant :</p>
<blockquote class="citation-longue-western">En raison de ses
nouvelles expériences avec le monde extérieur, l'enfant
peut se permettre de constater les « limites »
de ses parents, c'est-à-dire leurs imperfections, vues sous
l'optique des ses attentes irréalistes. En conséquence,
il est si déçu par ses parents qu'il s'aventure à
chercher ailleurs satisfaction.<a class="sdfootnoteanc" name="sdfootnote118anc" href="bibliographie-dahl.php#sdfootnote118sym"><sup>118</sup></a>
</blockquote>
<p class="western" style="font-style: normal;" align="justify">
<font color="#000000"> L'enfant réalisant les imperfections
de ses parents se rend compte qu'il doit trouver un autre moyen de
compensation à la réalité décevante. Il
va instinctivement se réfugier dans une nourriture joyeuse,
compensatrice et primaire. Ainsi, la gourmandise sera pour l'enfant
un adjuvant rassurant dans sa quête et deviendra ainsi un
personnage à part entière.</font></p>
<p class="western" style="font-style: normal;" align="justify">
<font color="#000000"> Une étude poussée de deux textes
de notre corpus permet de mettre en évidence cet aspect de la
gourmandise. Nous effectuerons une analyse linguistique des textes en
anglais, ce qui permettra de respecter les choix lexico-sémantiques
de l'auteur. Le tableau suivant récapitule les données
évoquées par la suite : </font>
</p>
<p class="western" style="font-style: normal;" align="justify">
<br><br>
</p>
<table style="page-break-after: avoid;" border="1" bordercolor="#000000" cellpadding="4" cellspacing="0" frame="lhs" rules="groups" width="607">
<colgroup>
<col width="184">
</colgroup>
<colgroup>
<col width="106">
</colgroup>
<colgroup>
<col width="15">
<col width="157">
<col width="105">
</colgroup>
<tbody><tr valign="top">
<th height="13" width="184">
<p class="western"><i>Termes significatifs (Charlie)</i></p>
</th>
<td width="106">
<p class="western"><i>Nbre d'occurrences</i></p>
</td>
<td width="15">
<p class="western"><br>
</p>
</td>
<td width="157">
<p class="western"><i>Termes significatifs (James)</i></p>
</td>
<td width="105">
<p class="western"><i>Nbre d'occurrences</i></p>
</td>
</tr>
<tr valign="top">
<td height="13" width="184">
<p class="western"><font size="2">Wonka</font></p>
</td>
<td width="106">
<p class="western">323</p>
</td>
<td width="15">
<p class="western"><br>
</p>
</td>
<td width="157">
<p class="western">James</p>
</td>
<td width="105">
<p class="western">238</p>
</td>
</tr>
<tr valign="top">
<td height="13" width="184">
<p class="western"><font size="2">Charlie</font></p>
</td>
<td width="106">
<p class="western"><font size="2">240 </font>
</p>
</td>
<td width="15">
<p class="western"><br>
</p>
</td>
<td width="157">
<p class="western"><font size="2">Peach</font></p>
</td>
<td width="105">
<p class="western"><font size="2">158</font></p>
</td>
</tr>
<tr valign="top">
<td height="13" width="184">
<p class="western"><font size="2">Grandpa (144) Joe (126) </font>
</p>
</td>
<td width="106">
<p class="western"><font size="2">144</font></p>
</td>
<td width="15">
<p class="western"><br>
</p>
</td>
<td width="157">
<p class="western"><font size="2">centipede</font></p>
</td>
<td width="105">
<p class="western"><font size="2">149</font></p>
</td>
</tr>
<tr valign="top">
<td height="13" width="184">
<p class="western"><font size="2">Oompa-Loompa(s)</font></p>
</td>
<td width="106">
<p class="western"><font size="2">63</font></p>
</td>
<td width="15">
<p class="western"><br>
</p>
</td>
<td width="157">
<p class="western"><font size="2">earthworm</font></p>
</td>
<td width="105">
<p class="western"><font size="2">97</font></p>
</td>
</tr>
<tr valign="top">
<td height="13" width="184">
<p class="western"><font size="2">Mike Teavee</font></p>
</td>
<td width="106">
<p class="western"><font size="2">44</font></p>
</td>
<td width="15">
<p class="western"><br>
</p>
</td>
<td width="157">
<p class="western"><font size="2">Ladybug</font></p>
</td>
<td width="105">
<p class="western"><font size="2">71</font></p>
</td>
</tr>
<tr valign="top">
<td height="13" width="184">
<p class="western"><font size="2">Mrs Teavee + Mr Teavee</font></p>
</td>
<td width="106">
<p class="western"><font size="2">29 + 19</font></p>
</td>
<td width="15">
<p class="western"><br>
</p>
</td>
<td width="157">
<p class="western"><font size="2">Old-Green-Grassehopper</font></p>
</td>
<td width="105">
<p class="western"><font size="2">69</font></p>
</td>
</tr>
<tr valign="top">
<td height="13" width="184">
<p class="western"><font size="2">Augustus Gloop</font></p>
</td>
<td width="106">
<p class="western"><font size="2">42</font></p>
</td>
<td width="15">
<p class="western"><br>
</p>
</td>
<td width="157">
<p class="western"><font size="2">Spider</font></p>
</td>
<td width="105">
<p class="western"><font size="2">65</font></p>
</td>
</tr>
<tr valign="top">
<td height="13" width="184">
<p class="western"><font size="2">Mrs Gloop + Mr Gloop</font></p>
</td>
<td width="106">
<p class="western"><font size="2">26 + 12</font></p>
</td>
<td width="15">
<p class="western"><br>
</p>
</td>
<td width="157">
<p class="western"><font size="2">Eat </font>
</p>
</td>
<td width="105">
<p class="western"><font size="2">22</font></p>
</td>
</tr>
<tr valign="top">
<td height="13" width="184">
<p class="western"><font size="2">Violet Beauregarde</font></p>
</td>
<td width="106">
<p class="western"><font size="2">49 </font>
</p>
</td>
<td width="15">
<p class="western"><br>
</p>
</td>
<td width="157">
<p class="western"><font size="2">Aunt Spiker</font></p>
</td>
<td width="105">
<p class="western"><font size="2">60</font></p>
</td>
</tr>
<tr valign="top">
<td height="13" width="184">
<p class="western"><font size="2">Mrs Beauregarde + Mr Beauregarde</font></p>
</td>
<td width="106">
<p class="western"><font size="2">16 + 5</font></p>
</td>
<td width="15">
<p class="western"><br>
</p>
</td>
<td width="157">
<p class="western"><font size="2">Aunt Sponge</font></p>
</td>
<td width="105">
<p class="western"><font size="2">55</font></p>
</td>
</tr>
<tr valign="top">
<td height="13" width="184">
<p class="western"><font size="2">Veruca Salt</font></p>
</td>
<td width="106">
<p class="western"><font size="2">45 </font>
</p>
</td>
<td width="15">
<p class="western"><br>
</p>
</td>
<td width="157">
<p class="western"><br>
</p>
</td>
<td width="105">
<p class="western"><br>
</p>
</td>
</tr>
<tr valign="top">
<td height="13" width="184">
<p class="western"><font size="2">Mrs Salt + Mr Salt</font></p>
</td>
<td width="106">
<p class="western"><font size="2">21 + 8</font></p>
</td>
<td width="15">
<p class="western"><br>
</p>
</td>
<td width="157">
<p class="western"><br>
</p>
</td>
<td width="105">
<p class="western"><br>
</p>
</td>
</tr>
<tr valign="top">
<td height="13" width="184">
<p class="western"><font size="2">Parent + mother + father </font>
</p>
</td>
<td width="106">
<p class="western"><font size="2">16 + 34 + 19 = 69</font></p>
</td>
<td width="15">
<p class="western"><br>
</p>
</td>
<td width="157">
<p class="western"><br>
</p>
</td>
<td width="105">
<p class="western"><br>
</p>
</td>
</tr>
<tr valign="top">
<td height="13" width="184">
<p class="western"><font size="2">Child + boy + girl</font></p>
</td>
<td width="106">
<p class="western"><font size="2">135</font></p>
</td>
<td width="15">
<p class="western"><br>
</p>
</td>
<td width="157">
<p class="western"><br>
</p>
</td>
<td width="105">
<p class="western"><br>
</p>
</td>
</tr>
<tr valign="top">
<td height="28" width="184">
<p class="western"><font size="2">Chocolate (123) + river + sugar +
food + eat + cream + cacao </font>
</p>
</td>
<td width="106">
<p class="western"><font size="2">272</font></p>
</td>
<td width="15">
<p class="western"><br>
</p>
</td>
<td width="157">
<p class="western"><br>
</p>
</td>
<td width="105">
<p class="western"><br>
</p>
</td>
</tr>
</tbody></table>
<p style="margin: 0.21cm 1.5cm 0.21cm 1.3cm; font-style: normal;">
<font size="2">Tableau 1: Analyse linguistique dans <i>Charlie et la
chocolaterie </i>et <i>James et la grosse pêche</i>.</font></p>
<p class="western" style="font-style: normal;"><br><br>
</p>
<p class="western" style="font-style: normal;"><font color="#000000">
Nous constatons ainsi que dans <i>Charlie et la chocolaterie</i>, le
mot « parents » est peu évoqué
par rapport aux autres personnages. Il y a exactement seize
occurrences du mot « parents », trente-quatre
du mot « mother » et seulement dix-neuf du mot
« father »<a class="sdfootnoteanc" name="sdfootnote119anc" href="bibliographie-dahl.php#sdfootnote119sym"><sup>119</sup></a>.
Les parents des enfants punis sont appelés le plus souvent
selon un titre, c'est-à-dire « Mr » ou
« Mrs », mais le lien affectif ne semble pas
établi avec leur enfant. Ce lien n'existe pas puisque des
formes plus affectives comme « mum »,
« mummy », « dad » et
« daddy » ne sont évoqués qu'à
huit reprises. Les parents sont mis à l'écart parce
qu'ils ne jouent aucun rôle dans la vie de leur enfant. Dans
<i>James et la grosse pêche</i> et <i>Le Bon Gros Géant</i>,
le mot « parent » est très rarement
évoqué car les héros de ces histoires sont
orphelins. </font>
</p>
<p class="western" style="font-style: normal;" align="justify">
<font color="#000000"> <font color="#000000">Les enfants ne se
tournent donc pas vers leurs parents pour se rassurer. On remarque
ainsi dans cette analyse que James et la pêche ainsi que
Charlie et le chocolat forment des couples indissociables. De plus,
le terme « chocolate » est l'un des mots qui
montre le plus d'occurrences puisqu'il est le quatrième mot
significatif le plus utilisé après Willy Wonka, Charlie
et Grand-papa Joe. </font></font>
</p>
<p class="western" style="font-style: normal;" align="justify">
<font color="#000000"> Cette analyse linguistique a révélé
également une forte apparition du verbe « eat »
– qui signifie « manger » – dans
les deux ouvrages. Le tableau 2 suivant récapitule les verbes
principaux dans <i>Charlie </i>et dans <i>James </i>: </font>
</p>
<dl>
<dl>
<dd>
<table style="page-break-after: avoid;" border="1" bordercolor="#000000" cellpadding="4" cellspacing="0" frame="rhs" rules="groups" width="466">
<colgroup>
<col width="101">
<col width="106">
<col width="14">
</colgroup>
<colgroup>
<col width="100">
</colgroup>
<colgroup>
<col width="103">
</colgroup>
<tbody><tr valign="top">
<th height="31" width="101">
<p class="western"><font color="#000000"><i>Base verbale dans
</i><span style="font-style: normal;">James</span></font></p>
</th>
<td width="106">
<p class="western"><font color="#000000"><i>Nbre d'occurrences</i></font></p>
</td>
<td width="14">
<p class="western"><br>
</p>
</td>
<td width="100">
<p class="western"><font color="#000000"><i>Base verbale dans
</i><span style="font-style: normal;">Charlie</span></font></p>
</td>
<td width="103">
<p class="western"><font color="#000000"><i>Nbre d'occurrences</i></font></p>
</td>
</tr>
<tr valign="top">
<td height="11" width="101">
<p class="western"><font color="#000000"> <font size="2">be</font></font></p>
</td>
<td width="106">
<p class="western"><font color="#000000">489</font></p>
</td>
<td width="14">
<p class="western"><br>
</p>
</td>
<td width="100">
<p class="western"><font color="#000000"><font size="2">be</font></font></p>
</td>
<td width="103">
<p class="western"><font color="#000000"><font size="2">843</font></font></p>
</td>
</tr>
<tr valign="top">
<td height="11" width="101">
<p class="western"><font color="#000000"><font size="2">go</font></font></p>
</td>
<td width="106">
<p class="western"><font color="#000000"><font size="2">212</font></font></p>
</td>
<td width="14">
<p class="western"><br>
</p>
</td>
<td width="100">
<p class="western"><font color="#000000">say</font></p>
</td>
<td width="103">
<p class="western"><font color="#000000">354</font></p>
</td>
</tr>
<tr valign="top">
<td height="13" width="101">
<p class="western"><font color="#000000"> <font size="2">say</font></font></p>
</td>
<td width="106">
<p class="western"><font color="#000000"><font size="2">196</font></font></p>
</td>
<td width="14">
<p class="western"><br>
</p>
</td>
<td width="100">
<p class="western"><font color="#000000"><font size="2">have</font></font></p>
</td>
<td width="103">
<p class="western"><font color="#000000"><font size="2">200</font></font></p>
</td>
</tr>
<tr valign="top">
<td height="11" width="101">
<p class="western"><font color="#000000"> <font size="2">have</font></font></p>
</td>
<td width="106">
<p class="western"><font color="#000000"><font size="2">197</font></font></p>
</td>
<td width="14">
<p class="western"><br>
</p>
</td>
<td width="100">
<p class="western"><font color="#000000"><font size="2">go</font></font></p>
</td>
<td width="103">
<p class="western"><font color="#000000"><font size="2">160</font></font></p>
</td>
</tr>
<tr valign="top">
<td height="11" width="101">
<p class="western"><font color="#000000"><font size="2">see</font></font></p>
</td>
<td width="106">
<p class="western"><font color="#000000"><font size="2">105</font></font></p>
</td>
<td width="14">
<p class="western"><br>
</p>
</td>
<td width="100">
<p class="western"><font color="#000000"><font size="2">do</font></font></p>
</td>
<td width="103">
<p class="western"><font color="#000000"><font size="2">142</font></font></p>
</td>
</tr>
<tr valign="top">
<td height="11" width="101">
<p class="western"><font color="#000000"> <font size="2">come</font></font></p>
</td>
<td width="106">
<p class="western"><font color="#000000"><font size="2">97</font></font></p>
</td>
<td width="14">
<p class="western"><br>
</p>
</td>
<td width="100">
<p class="western"><font color="#000000"><font size="2">cry</font></font></p>
</td>
<td width="103">
<p class="western"><font color="#000000"><font size="2">124</font></font></p>
</td>
</tr>
<tr valign="top">
<td height="14" width="101">
<p class="western"><font color="#000000"> <font size="2">cry</font></font></p>
</td>
<td width="106">
<p class="western"><font color="#000000"><font size="2">97</font></font></p>
</td>
<td width="14">
<p class="western"><br>
</p>
</td>
<td width="100">
<p class="western"><font color="#000000"><font size="2">come</font></font></p>
</td>
<td width="103">
<p class="western"><font color="#000000"><font size="2">119</font></font></p>
</td>
</tr>
<tr valign="top">
<td height="11" width="101">
<p class="western"><font color="#000000"><font size="2">shout</font></font></p>
</td>
<td width="106">
<p class="western"><font color="#000000"><font size="2">60</font></font></p>
</td>
<td width="14">
<p class="western"><br>
</p>
</td>
<td width="100">
<p class="western"><font color="#000000"><font size="2">like</font></font></p>
</td>
<td width="103">
<p class="western"><font color="#000000"><font size="2">100</font></font></p>
</td>
</tr>
<tr valign="top">
<td height="11" width="101">
<p class="western"><font color="#000000"> <font size="2">make</font></font></p>
</td>
<td width="106">
<p class="western"><font color="#000000"><font size="2">59</font></font></p>
</td>
<td width="14">
<p class="western"><br>
</p>
</td>
<td width="100">
<p class="western"><font color="#000000"><font size="2">look</font></font></p>
</td>
<td width="103">
<p class="western"><font color="#000000"><font size="2">91</font></font></p>
</td>
</tr>
<tr valign="top">
<td height="11" width="101">
<p class="western"><font color="#000000"><font size="2">get</font></font></p>
</td>
<td width="106">
<p class="western"><font color="#000000"><font size="2">50</font></font></p>
</td>
<td width="14">
<p class="western"><br>
</p>
</td>
<td width="100">
<p class="western"><font color="#000000"><font size="2">see</font></font></p>
</td>
<td width="103">
<p class="western"><font color="#000000"><font size="2">83</font></font></p>
</td>
</tr>
<tr valign="top">
<td height="11" width="101">
<p class="western"><font color="#000000"> <font size="2">eat</font></font></p>
</td>
<td width="106">
<p class="western"><font color="#000000"><font size="2">35</font></font></p>
</td>
<td width="14">
<p class="western"><br>
</p>
</td>
<td width="100">
<p class="western"><font color="#000000"><font size="2">shout</font></font></p>
</td>
<td width="103">
<p class="western"><font color="#000000"><font size="2">78</font></font></p>
</td>
</tr>
<tr valign="top">
<td height="11" width="101">
<p class="western"><font color="#000000"> <font size="2">ask</font></font></p>
</td>
<td width="106">
<p class="western"><font color="#000000"><font size="2">32</font></font></p>
</td>
<td width="14">
<p class="western"><br>
</p>
</td>
<td width="100">
<p class="western"><font color="#000000"><font size="2">take</font></font></p>
</td>
<td width="103">
<p class="western"><font color="#000000"><font size="2">39</font></font></p>
</td>
</tr>
<tr valign="top">
<td height="11" width="101">
<p class="western"><font color="#000000"> <font size="2">think</font></font></p>
</td>
<td width="106">
<p class="western"><font color="#000000"><font size="2">31</font></font></p>
</td>
<td width="14">
<p class="western"><br>
</p>
</td>
<td width="100">
<p class="western"><font color="#000000"><font size="2">want</font></font></p>
</td>
<td width="103">
<p class="western"><font color="#000000"><font size="2">43</font></font></p>
</td>
</tr>
<tr valign="top">
<td height="11" width="101">
<p class="western"><font color="#000000"> <font size="2">begin</font></font></p>
</td>
<td width="106">
<p class="western"><font color="#000000"><font size="2">29</font></font></p>
</td>
<td width="14">
<p class="western"><br>
</p>
</td>
<td width="100">
<p class="western"><font color="#000000"><font size="2">turn</font></font></p>
</td>
<td width="103">
<p class="western"><font color="#000000"><font size="2">41</font></font></p>
</td>
</tr>
<tr valign="top">
<td height="11" width="101">
<p class="western"><font color="#000000"><font size="2">look</font></font></p>
</td>
<td width="106">
<p class="western"><font color="#000000"><font size="2">28</font></font></p>
</td>
<td width="14">
<p class="western"><br>
</p>
</td>
<td width="100">
<p class="western"><font color="#000000"><font size="2">get</font></font></p>
</td>
<td width="103">
<p class="western"><font color="#000000"><font size="2">40</font></font></p>
</td>
</tr>
<tr valign="top">
<td height="11" width="101">
<p class="western"><font color="#000000"> <font size="2">keep</font></font></p>
</td>
<td width="106">
<p class="western"><font color="#000000"><font size="2">26</font></font></p>
</td>
<td width="14">
<p class="western"><br>
</p>
</td>
<td width="100">
<p class="western"><font color="#000000"><font size="2">know</font></font></p>
</td>
<td width="103">
<p class="western"><font color="#000000"><font size="2">38</font></font></p>
</td>
</tr>
<tr valign="top">
<td height="11" width="101">
<p class="western"><font color="#000000"> <font size="2">start</font></font></p>
</td>
<td width="106">
<p class="western"><font color="#000000"><font size="2">25</font></font></p>
</td>
<td width="14">
<p class="western"><br>
</p>
</td>
<td width="100">
<p class="western"><font color="#000000"><font size="2">think</font></font></p>
</td>
<td width="103">
<p class="western"><font color="#000000"><font size="2">36</font></font></p>
</td>
</tr>
<tr valign="top">
<td height="11" width="101">
<p class="western"><br>
</p>
</td>
<td width="106">
<p class="western"><br>
</p>
</td>
<td width="14">
<p class="western"><br>
</p>
</td>
<td width="100">
<p class="western"><font color="#000000"><font size="2">ask</font></font></p>
</td>
<td width="103">
<p class="western"><font color="#000000"><font size="2">36</font></font></p>
</td>
</tr>
<tr valign="top">
<td height="11" width="101">
<p class="western"><br>
</p>
</td>
<td width="106">
<p class="western"><br>
</p>
</td>
<td width="14">
<p class="western"><br>
</p>
</td>
<td width="100">
<p class="western"><font color="#000000"><font size="2">eat</font></font></p>
</td>
<td width="103">
<p class="western"><font color="#000000"><font size="2">24</font></font></p>
</td>
</tr>
<tr valign="top">
<td height="11" width="101">
<p class="western"><br>
</p>
</td>
<td width="106">
<p class="western"><br>
</p>
</td>
<td width="14">
<p class="western"><br>
</p>
</td>
<td width="100">
<p class="western"><font color="#000000"><font size="2">whisper</font></font></p>
</td>
<td width="103">
<p class="western"><font color="#000000"><font size="2">19</font></font></p>
</td>
</tr>
<tr valign="top">
<td height="11" width="101">
<p class="western"><br>
</p>
</td>
<td width="106">
<p class="western"><br>
</p>
</td>
<td width="14">
<p class="western"><br>
</p>
</td>
<td width="100">
<p class="western"><font color="#000000"><font size="2">stand</font></font></p>
</td>
<td width="103">
<p class="western"><font color="#000000"><font size="2">19</font></font></p>
</td>
</tr>
<tr valign="top">
<td height="11" width="101">
<p class="western"><br>
</p>
</td>
<td width="106">
<p class="western"><br>
</p>
</td>
<td width="14">
<p class="western"><br>
</p>
</td>
<td width="100">
<p class="western"><font color="#000000"><font size="2">hear</font></font></p>
</td>
<td width="103">
<p class="western"><font color="#000000"><font size="2">19</font></font></p>
</td>
</tr>
</tbody></table>
</dd></dl>
</dl>
<p style="margin: 0.21cm 1.5cm 0.21cm 1.3cm; font-style: normal;" align="center">
<font color="#000000"><font size="2">Tableau 2: Verbes les plus
fréquents dans <i>Charlie</i> et <i>James</i></font></font></p>
<p class="western" style="font-style: normal;" align="justify">
<br><br>
</p>
<p class="western" style="font-style: normal;" align="justify">
<font color="#000000"> Dans les deux ouvrages, le verbe « eat »
apparaît fréquemment. Il y a effectivement trente-cinq
occurrences de ce verbe dans <i>James</i> et vingt-quatre dans
<i>Charlie</i>. Ce verbe d'après le tableau 2 semble
pourtant peu représentatif aux premiers abords. Cependant
lorsqu'on omet les verbes de description et les verbes du discours,
le verbe « eat » et ses dérivées
occupent la première position. La forte apparition de ce verbe
est d'autant plus significative lorsqu'on compare les résultats
avec « Oncle Oswald », une nouvelle destinée
aux adultes de Roald Dahl. Dans cette nouvelle, le verbe « eat »
n'y apparaît jamais alors qu'elle comporte quatre fois plus de
mots que les livres de notre <i>corpus</i> – environ
146000 mots pour « Oncle Oswald », 33000 mots
pour <i>James</i> et 39000 pour <i>Charlie</i>. </font>
</p>
<p class="western" style="font-style: normal;" align="justify">
<font color="#000000"> Précisons également qu'une étude
sur <i>Peter Pan </i>de James Barrie montre que le livre ne comporte
quant à lui qu'une seule occurrence de « eat ».
Ce verbe n'est donc pas directement lié à la
littérature de jeunesse mais bien aux ouvrages de Roald Dahl
destiné à un public jeune. </font>
</p>
<p class="western" style="" align="justify"><font color="#000000"><span style="font-style: normal;"> Cette
analyse bien que succincte souligne avec pertinence qu'une nourriture
merveilleuse accompagne nos héros dans leurs aventures. La
gourmandise est une véritable bienfaitrice pour James,
Charlie, mais aussi Sophie et Matilda. En effet, la gourmandise
accompagne Matilda dans ses activités sous la forme « d'une
tasse de chocolat chaud » parce que selon la petite fille,
« il n'y a rien de plus agréable que de boire un
chocolat à petites gorgées en lisant »[23-24]</span></font>.
Dans le <i>Bon Gros Géant</i><span style="font-style: normal;">,
il suffit de consulter la table des matières pour se rendre
compte de l'importance de ce personnage qu'est la nourriture : « Les
schnockombres », « Frambouille et crépitage »,
« La mixture de rêve », « Le
petit déjeuner Royal », « L'heure du
repas »[233].</span></p>
<p class="western" style="" align="justify"><font color="#000000"><span style="font-style: normal;"> Notons
un autre élément important : l'édition Folio
junior qui représente toujours en bas de tranche
l'illustration du héros ou du personnage principal rend un bel
hommage à la gourmandise puisque sur la tranche du livre
</span><i>Charlie et la chocolaterie</i><span style="font-style: normal;">,
l'éditeur a choisi de représenter des confiseries.</span></font></p>
<h3 class="western">2.2. Une éthopée alimentaire</h3>
<p class="western" style=""> D'autre
part, les récits se particularisent par les portraits
caricaturaux des personnages, à la manière des contes.
Roald Dahl a tendance à user, voire abuser, de la caricature
pour décrire les traits et surtout les défauts
physiques et moraux de ses personnages.
</p>
<p class="western" style="" align="justify"><font color="#000000"> Les
contes utilisaient la caricature pour que chacun puisse s'identifier
aux personnages. Ceux-ci étaient décrits de manière
imprécise par quelques traits de caractère bien
particuliers. Jacqueline Held ajoute que dans le conte, « le
merveilleux est le miroir magique qui nous renvoi</font>e à
nous-mêmes, aux liens qui nous attachent aux autres (...) »<a class="sdfootnoteanc" name="sdfootnote120anc" href="bibliographie-dahl.php#sdfootnote120sym"><sup>120</sup></a>.
Dans <i>Charlie et la chocolaterie</i><span style="font-style: normal;">,
Roald Dahl propose dès le début du livre [9]
une exposition des personnages présentés selon leur
défaut : Augustus Gloop est un petit garçon très
gourmand ; Véruca Salt est une petite fille gâtée
par ses parents ; Violette Beauregard est une petite fille qui
passe ses journées à mâcher du chewing-gum ;
Mike Teavee est un petit garçon qui ne fait que regarder la
télévision. Quant à Charlie, sa condition de
héros suffit à la caractériser. Matilda est
décrite comme une enfant « </span><i>extraordinaire
</i><span style="font-style: normal;">»<a class="sdfootnoteanc" name="sdfootnote121anc" href="bibliographie-dahl.php#sdfootnote121sym"><sup>121</sup></a> .
</span>
</p>
<p class="western" align="justify"><span style=""><span style="font-style: normal;"> Nous
pouvons constater que ces caractéristiques sont couplées
avec le régime alimentaire de chacun des personnages. Dans les
quatre oeuvres, le mode de vie alimentaire est déterminant
dans leur éthopée. Ceci nous renvoie à une
notion abordée dans la première partie, à savoir
« le principe d'incorporation » défini
par Claude Fischler. L'analyse du comportement avec la nourriture est
également un critère essentiel dans la caractérisation
des personnages de Roald Dahl car il est évident dans ces
oeuvres qu'« il y a en somme contamination symbolique du
mangeur par la nourriture »<a class="sdfootnoteanc" name="sdfootnote122anc" href="bibliographie-dahl.php#sdfootnote122sym"><sup>122</sup></a>.
Cette singularisation par la nourriture se couple d'une onomastique
très significative. </span></span>
</p>
<p class="western" align="justify"><span style=""><span style="font-style: normal;"> Grâce
à ces deux critères, il se dégage de </span><i>Charlie
et la chocolaterie</i><span style="font-style: normal;">, du </span><i>Bon
Gros Géant</i><span style="font-style: normal;">, de </span><i>Matilda</i><span style="font-style: normal;">
et de </span><i>James et la grosse pêche</i><span style="font-style: normal;">,
trois types différents de comportement quant à la
nourriture : les gloutons, les avares de nourriture, enfin les
gourmands raisonnés.</span></span></p>
<h4 class="western">2.2.1. Les gloutons</h4>
<p class="western"> Dans les oeuvres de Roald Dahl, le glouton est
stigmatisé. Il peut prendre l'apparence de l'ogre, mais aussi
de l'obèse. C'est sa servitude à la nourriture qui est
montrée du doigt, car le glouton ne vit que pour manger alors
que le dicton enseigne qu'il faut seulement manger pour vivre. Son
attention est toute portée sur la nourriture. Cette dernière
représente tout son univers, ce que Roald Dahl condamne
absolument car le glouton ne s'ouvre ni aux autres ni au monde.
</p>
<p class="western"> Violette Beauregard, Tante Éponge,
Augustus Gloop et Julien Apolon sont tous la cible de l'auteur.
<span style="">Violette
passe toutes ses journées à mâcher du
chewing-gum, ce qui la conduira à être transformée
en une grosse myrtille violette. Roald Dahl rend ici concret le
principe d'incorporation puisqu'après avoir mangé une
pâte à mâcher à la tarte aux myrtilles, la
transformation s'opère.</span></p>
<p class="western"> Tante Éponge comme son nom l'indique est
caractérisée par l'absorption, ce qui se répercute
sur ses caractéristiques physiques :
</p>
<blockquote class="citation-longue-western">Tante Éponge était
petite et ronde, ronde comme un ballon. Elle avait de petits yeux de
cochon, une bouche en trou de serrure et une de ces grosses figures
blanches et flasques qui ont l'air d'être bouillies. Elle
ressemblait à un énorme chou blanc cuit à
l'eau.[13-14] </blockquote>
<p class="western">Quant à la description d'Augustus Gloop,
elle est pratiquement similaire et fonctionne toujours d'après
« le principe d'incorporation » de Claude
Fischler :</p>
<blockquote class="citation-longue-western">Cette photo représentait
un garçon de neuf ans, si gros et si gras qu'il avait l'air
gonflé par une pompe ultrapuissante. Tout flasque et tout en
bourrelets de graisse. Avec une figure comme une monstrueuse boule de
pâte, et des yeux perçants comme des raisins secs,
scrutant le monde avec malveillance.[36]</blockquote>
<p class="western"> Nous retrouvons la description porcine évoquée
pour Tante Éponge dans la chanson des Oompas-Loompas :
« Augustus Gloop !/ Tu l'as bien mérité, ta
soupe !/On en a assez de te voir/Qui te remplis le réservoir./
Jouflu, Gourmand, glouton,/Énorme comme un gros cochon ».
</p>
<p class="western" style="font-style: normal;"><font color="#000000"> Les
nom et prénom de cet enfant sont intéressants par leurs
connotations. Les consonances de son nom de famille « Gloop<b> »</b>
rappellent le bruit d'une déglutition gloutonne. Le prénom
« Augustus »<b> </b>est également
déterminant pour ce personnage. D'une part, il marque la
surestimation et la surprotection de sa mère envers lui, car
« augustus » signifie en latin « religieux »,
« vénérable », ainsi qu'« élever
en honneur » ou « glorifier ».
D'autre part, il est en relation étroite avec le saint du même
nom. En effet, dans ses <i>Confessions</i><a class="sdfootnoteanc" name="sdfootnote123anc" href="bibliographie-dahl.php#sdfootnote123sym"><sup>123</sup></a>,
Saint-Augustin explique que Dieu lui avait reproché de ne
vivre que des festins et des plaisirs du monde. Mais frappé
par les propos de Dieu, il se convertit et abandonne son ancienne vie
pour de plus nobles tâches, se consacrant désormais au
jeûne et à la prière. Cette conversion rappelle
la fin de <i>Charlie et la chocolaterie</i> où défilent
les quatre enfants punis. Le petit garçon Augustus est devenu
« sec comme une paille »[186]</font>.
Peut-être est-ce pour lui le début de la conversion...</p>
<p class="western"><span style=""><span style="font-style: normal;"> Dans
les descriptions de Tante Éponge et d'Augustus Gloop, il est
évident que Roald Dahl porte un regard accusateur sur les
personnes qui, nous l'avons spécifié précédemment,
mangent plus que leur part. Dans </span><i>Charlie et la chocolaterie
</i><span style="font-style: normal;">et</span><i> James et la grosse
pêche</i><span style="font-style: normal;">, l'obèse se
caractérise par son asociabilité. Tante Éponge
est effectivement « terriblement méchante »
et Augustus es<font color="#000000">t « </font></span></span><font color="#000000"><span lang="fr-FR">This
boy, who only just before/</span></font>Was loathed by men from shore
to shore »<a class="sdfootnoteanc" name="sdfootnote124anc" href="bibliographie-dahl.php#sdfootnote124sym"><sup>124</sup></a>D'autre
part, <span style=""><span style="font-style: normal;">le
narrateur explique qu'il « scrut[e] le monde avec
malveillance ». Cette expression montre la peur que
l'avidité du glouton puisse aller au-delà de
l'engloutissement excessif de nourritures.</span></span></p>
<p class="western" style="font-style: normal;"><font color="#000000"> Cette
attitude vis-à-vis des obèses semble quelque peu
subversive de la part de Roald Dahl, mais il faut comprendre cette
stigmatisation du « gros » dans ses récits
comme une métaphore expliquant son rejet de l'avarice et de
l'égoïsme. Le « gros » égoïste
et avare est souvent montré du doigt par cet auteur, mais pas
systématiquement. Ainsi, Julien Apolon dans <i>Matilda</i>, se
trouve congratulé grâce à sa gloutonnerie
puisqu'il réussit à tourner à son avantage la
punition de Mlle Legourdin. La victoire de la gloutonnerie sur la
méchanceté permet à Roald Dahl de monter que
même si le premier est un vice à corriger, il est de
moindre importance face à la méchanceté d'un
adulte.</font></p>
<p class="western"><span style=""><span style="font-style: normal;"> </span></span>Dans
<i>Le <span style="">Bon Gros Géant</span></i><span style=""><span style="font-style: normal;">,
nous retrouvons cette malveillance du glouton chez les ogres
puisqu'ils dévorent sans pitié des enfants et des
hommes, sans compter qu'ils en mangent plus que <font color="#000000">nécessaire,</font></span></span><span style="font-style: normal;">
à voir la description physique que nous en fait le narrateur<span style="">.
Il est clair d'après leur nom que ces géants sont
déterminés et par leur régime alimentaire
effrayant et par leur cruauté : l'Avaleur de chair fraîche,
le Croqueur d'os, l'Étouffe-chrétien, le Mâcheur
d'enfants, l'Empiffreur de viande, le Gobeur de gésiers,
l'Écrabouilleur de donzelles, le Buveur de sang, le Garçon
boucher. Ceux-ci sont décrits non seulement comme des êtres
asociaux puisqu'ils se combattent en permanence, mais aussi comme des
êtres non civilisés : </span></span>
</p>
<blockquote class="citation-longue-western">Les géants
n'avaient pour seul vêtement qu'une sorte de jupe courte nouée
autour des hanches et leur peau était brûlée par
le soleil.[...]Ils étaient si laids. Nombre d'entre eux
avaient des gros ventres.[40]</blockquote>
<p class="western" style="font-style: normal;"> Cela
n'est pas étonnant à la vue des propos de notre
première partie puisque la gourmandise doit se faire sociale,
elle est un indicateur de civilité. D'autre part, les ogres
aussi ne vivent que dans l'attente de manger. Le BGG explique à
Sophie que lorsqu'ils ne sont pas en train de souper, ils ne font que
« traînailler » et « flânouiller »[41].
Leur monde est à l'image de leur esprit, il est aussi
désespérément vide de rêve et
d'imagination.</p>
<h4 class="western">2.2.2. Le plaisir oublié</h4>
<p class="western"> Le deuxième type de comportement
alimentaire est également vivement réprouvé par
Roald Dahl. En effet, ces personnages à l'envers des
précédents sont rachitiques. Ils ne trouvent plus aucun
plaisir dans la nourriture et comme nous l'avons spécifié
auparavant, rejeter la nourriture c'est aussi s'exclure soi-même
de la société. Une nouvelle fois nous verrons que c'est
l'obnubilation par une seule et même passion qui causera leur
perte. </p>
<p class="western"> Dans <i>James et la grosse pêche</i>,
Tante Piquette est décrite en ces termes :
</p>
<blockquote class="citation-longue-western">Tante Piquette [...]
était longue, maigre et osseuse, elle portait des lunettes à
monture d'acier fixées au bout du nez avec une pince à
linge. Sa voix était stridente et ses lèvres minces et
mouillées. Quand elle s'animait ou quand elle était en
colère, elle envoyait des postillons. »[14]</blockquote>
<p class="western"> Dans la version originale, Tante Piquette est
appelée « Aunt Spiker », ce qui signifie
« Tante Pointe », connotant à la fois sa
maigreur et sa méchanceté. Son apparence physique
métaphorise en quelque sorte son avarice. En effet, lorsque
Tante Éponge veut manger la pêche, Tante Piquette n'y
pense même pas, el<font color="#000000">le préfère
gagner de l'argent grâce à elle. Pourtant, qui n'aurait
pas goûté cette pêche fabuleuse, certes pas avec
une pelle comme Tante Éponge, mais simplement par curiosité
? Cette qualité</font> semble faire défaut à ce
personnage. <span style="">Le personnage de Madame
Cricket dans <i>Matilda</i><span style="font-style: normal;"> lui
ressemble beaucoup par son aspect cadavérique (« La
cuisinière, une asperge flétrie qui donnait
l'impression d'avoir été soumise depuis belle lurette à
une dessiccation totale dans un four brûlant (...) »[123])
mais aussi </span>par son indifférence aux malheurs du jeune
garçon. C'est d'ailleurs elle, il ne faut pas l'oublier, qui a
cuisiné l'objet de torture qu'utilisera Mlle Legourdin.</span></p>
<p class="western"> Véruca
Salt est également considéré comme un être
asociable. Son prénom « Véruca »
fait penser à un parasite. Willy Wonka dira effectivement et
cela, dès son arrivée : « Quel nom
intéressant tu as ! J'ai toujours pensé que
c'était celui d'une sorte de verrue qu'on a sous la plante du
pied ! »[82].
Quant à son nom de famille, il signifie « sel ».
Ce mot est à l'opposé de tout ce qui est proposé
par le chocolatier Willy Wonka. D'ailleurs, il semblerait qu'elle
n'éprouve aucun plaisir devant toute cette nourriture. Et
malgré les milliers de confiseries de la chocolaterie, son
dernier caprice se porte sur un écureuil.
</p>
<p class="western"><font color="#000000"> Mike Teavee, lui-non plus,
n'est pas intéressé par le chocolat de Willy Wonka.
C'est plutôt son unique et seule passion, à savoir la
télévision et les films de guerre, qu'idolâtre
cet enfant. Roald Dahl a d'ailleurs choisi d'appeler ironiquement ce
personnage puisque Mike vient de Michel qui est le saint patron des
soldats. Il aurait en effet for</font>mé la milice céleste
et aurait précipité aux
enfers les anges rebelles. Son nom de famille est tout autant
significatif puisque Teavea est la prononciation de la lettre T et la
lettre V en anglais. TV c'est bien sûr la télévision
ou « la boîte à fadaises » comme
dirait le BGG. En bref, cela montre sa dépendance à la
télévision et aux films violents qui y sont diffusés
par rapport aux plaisirs de la gourmandise qui devraient être
présents chez un enfant de cet âge.</p>
<h4 class="western">2.2.3. La gourmandise raisonnée ou « les
plaisirs de l'ascèse »</h4>
<p class="western"><i> </i><span style="font-style: normal;">À
ces deux types de comportement alimentaire s'oppose le dernier type
qui correspond probablement à l'idéal qui doit être
atteint pour vivre pleinement sa gourmandise. Au plaisir brutal ou
bien à son absence totale liés à la nourriture
s'oppose le plaisir serein en harmonie avec soi préconisé
par Roald Dahl. Ces gourmands raisonnés ne sont pas esclaves
de la nourriture comme les gloutons, mais éprouvent du plaisir
quant à leur gourmandise. Ce n'est pas le cas chez les
personnages à l'apparence rachitique, symbole de leur manque
de désir et de plaisir que procure le monde. </span>
</p>
<p class="western"> Le
BGG, Charlie, James et Mlle Candy sont affamés, pourtant ils
ne se plaignent pas de leur condition. Ils sont remarquables par leur
courage.</p>
<p class="western"> Charlie et James sont tous deux affamés
l'un parce que sa famille est très pauvre, l'autre parce que
ses tantes ne lui donnent pas à manger. Ces deux héros
se montrent très courageux face à l'adversité.
Cela n'est pas étonnant lorsqu'on sait que le prénom
Charlie vient de <i>Carolus</i><span style="font-style: normal;"> qui
signifie en langue germanique le « fort », le
« vaillant ». Quant au prénom James, il
vient de Jacques. Jacques le juste est celui qui est soutenu par
Dieu, mais aussi celui dont la sagesse attire l'admiration de tous.
Cette sagesse, il l'utilisera intelligemment lors des épreuves
de son voyage initiatique.</span></p>
<p class="western"> Courageux, Charlie l'est même lorsque la
nourriture manque dans le foyer. Cela n'empêche pas Charlie
d'être amateur de chocolat, bien que ces moments de plaisir
gourmand soient rares. La plupart du temps, il se contente de se
nourrir des odeurs ou plutôt du « délicieux
parfum »[58]
de chocolat fondu qui embaume toute la ville. Mais une fois par an,
pour son anniversaire, toute sa famille économise pour lui
donner une barre de chocolat Wonka. Le plaisir que lui procure cette
tablette est immense et sans égal pour le jeune Charlie.
Sachant qu'il n'aura de tablette qu'une fois par an, il fait durer sa
tablette et son plaisir : </p>
<blockquote class="citation-longue-western"> (...) il plaçait
le bâton avec soin dans une petite caisse en bois pour la
conserver précieusement comme une barre d'or massif ;
puis, pendant quelques jours, il se contentait de le regarder sans
même oser y toucher. Puis, enfin, quand il n'en pouvait plus,
il retirait un tout petit bout de papier, du coin, découvrant
un tout petit bout de chocolat, et puis il prenait ce petit bout,
juste de quoi grignoter, pour le laisser fondre doucement sur sa
langue. Le lendemain, il croquait un autre petit bout, et ainsi de
suite, et ainsi de suite. C'est ainsi que Charlie faisait durer plus
d'un mois le précieux cadeau d'anniversaire qu'était ce
petit bâton de chocolat à deux sous.[16-17]</blockquote>
<p class="western"><font color="#000000"> La gourmandise de Charlie
est raisonnée — il faut en convenir par nécessité
— mais le plaisir procuré en mangeant doucement semble
bien plus grand que celui du glouton, à la fois brutal et
rapide. Charlie savoure les plaisirs qui s'offrent à lui pour
ainsi en profiter pleinement, suivant l'aphorisme de
Charles-Ferdinand Ramuz qui disait que « ce n'est pas la
nourriture qui compte, mais l'appétit ». Charlie
connaît ainsi plus que quiconque toute l'intensité du
plaisir procuré par le chocolat.</font></p>
<p class="western"> Par ailleurs, le BGG et Mlle Candy renoncent pour
un temps aux plaisirs de la nourriture pour conserver leur liberté.
En effet, le BGG refuse de manger comme les autres géants de
la chair humaine. Il refuse de faire souffrir les hommes. Et pour
cela, il n'a qu'une solution non seulement adopter pour seule
nourriture le schnockombre, un aliment répugnant et
nauséabond, mais aussi abandonner son rêve de
« cueillir de gros fruits juteux »[48].
De même, Mlle Candy préfère vivre dans une
vieille cabane abandonnée plutôt que de rester
prisonnière de sa tante, Mlle Legourdin. Sophie constate que
son institutrice est vraiment très pauvre, car elle n'a que<span style="">
de la margarine, quelques tranches de pain et surtout pas de sucre.
L'absence de sucre montre qu'elle a perdu sa propre identité.
En effet, son nom est très<font color="#000000"> significatif
puisqu'il désigne directement les sucres Candy. Dans la
version originale, elle se nomme Miss Honey qui signifie en français
le « miel ». Dans l'Antiquité, parce que
c'était l'aliment le plus sucré, le miel était
considéré comme un cadeau des dieux. Par la suite, avec
la découverte de la canne à sucre et de la betterave,
le sucre supplanta le miel qui acquit alors les mêmes qualités
divines. </font></span><font color="#000000">Le</font>s personnages
du BGG et de Mlle Candy en refusant de se rendre esclave de leur
alimentation préfèrent manger moins, mais<span style=""><font color="#000000">
conserver leur liberté et par là s’élever
à des niveaux spirituels et surtout ne pas être entravé
par l’excès</font></span><b><font color="#0000ff">.</font></b></p>
<p class="western"> <span style="font-style: normal;"> Ce
plaisir propre aux oeuvres de Roald Dahl </span>se décline
aussi par le sentiment de puissance donné par cette nouvelle
maîtrise de soi et de ses instincts. Roald Dahl offre à
l'enfant une bonne leçon d'humanité en lui disant qu'il
faut arriver à transcender les désirs premiers pour
pouvoir<span style="font-style: normal;"> regarder plus l<span style="">oin.
Le plaisir de manger s'exprime ainsi dans la limite d'une pulsion
raisonnée et apprivoisée.</span></span></p>
<h3 class="western">2.3. Un voyage initiatique et gourmand</h3>
<p class="western"> Dans ces récits, devenir raisonnable et
contrôler ses pulsions serait la clef pour devenir adulte. En
réalité, ces contes traitent moins de morale que de
quête du bonheur. Ils apprennent à l'enfant à se
transformer progressivement en adultes heureux. Ils utilisent un
langage symbolique du devenir, de la métamorphose personnelle
possible, grâce aux vertus, aux talents, à
l'intelligence de chacun. En ce sens, ils sont plus initiatiques que
moraux.
</p>
<h4 class="western">2.3.1. Des adjuvants initiateurs</h4>
<p class="western"> Tout d'abord, pour réussir leur voyage
initiatique, les héros des contes sont généralement
accompagnés ou instruits par des adultes. Mais dans les
récits de Roald Dahl, les adultes qui sont censés
représenter le but à atteindre, sont discrédités
par l'auteur. Ils ne seraient pas fiables pour instruire l'enfant
puisqu'ils sont déjà corrompus. En effet, nous l'avons
déjà mentionné, James et Sophie sont orphelins ;
les parents de Charlie semblent insignifiants, ils n'auront pas une
grande importance dans le récit ; les parents de Matilda
considèrent leur fille comme un parasite.</p>
<p class="western"> Les personnages adjuvants prennent des formes
tout à fait hors du commun, liées souvent à la
nourriture. Les insectes anthropomorphes de <i>James et la grosse
pêche </i><span style="font-style: normal;">semblent échapper
à la règle. Ils sont pourtant loin des adultes. Et ils
sont caractérisés par une taille proche de celle d'un
enfant. La dichotomie grand/petit, adulte/enfant ne peut donc plus
subsister. </span>
</p>
<p class="western" style="font-style: normal;"> Quant à
Charlie, il est aidé par deux personnages adultes, mais ces
personnages ne sont adultes qu'en apparence. En effet, Grandpapa Joe,
le plus vieux de ses quatre grands parents, est décrit comme
un petit garçon par Roald Dahl ; il possède
l'imagination par son talent de conteur et la spontanéité
de l'enfant. En effet, le narrateur décrit le vieillard comme
un grand gaillard :
</p>
<blockquote class="citation-longue-western">Mais le soir en présence
de Charlie, son petit-fils bien aimé, il semblait rajeunir
comme par miracle. Toute fatigue le quittait et il devenait plus vif
et remuant comme un jeune garçon.[21]
</blockquote>
<p class="western" style="font-style: normal;"> L'enthousiasme
provoqué par la découverte du ticket le transforme
définitivement en grand « gaillard de
quatre-vingt-seize ans et demi »[69].
Willy Wonka est bien sûr le deuxième adjuvant de
Charlie. Il est un vieillard fantaisiste et dynamique. Le narrateur
le compare même à « un vieil écureuil
vif et malicieux »[80].
</p>
<p class="western"><span style="font-style: normal;"> </span>Matilda
va enfin connaître l'amour et l'attention qu'elle mérite
grâce à son institutrice Mlle Candy. Bien sûr il
s'agit d'une adulte mais elle est décrite comme une toute
jeune femme à cause de sa fragilité et de son manque
d'indépendance financière et morale :</p>
<blockquote class="citation-longue-western">Mlle Candy [...] devait
être âgée d'environ vingt-trois ou vingt-quatre
ans. Elle avait un ravissant visage ovale et pâle de madone
avec des yeux bleus et une chevelure châtain clair. Elle était
si mince et si fragile qu'on avait l'impression qu'en tombant elle
aurait pu se casser en mille morceaux, comme une statuette de
porcelaine. Mlle Jennifer Candy était une personne douce et
discrète qui n'élevait jamais la voix (...)[69-70]
</blockquote>
<p class="western"> Virginie Douglas affirme que « l'intérêt
[de ce personnage] réside dans le fait qu'il s'agisse d'une
grande enfant, le récit se terminant lorsqu'elle acquiert son
autonomie »<a class="sdfootnoteanc" name="sdfootnote125anc" href="bibliographie-dahl.php#sdfootnote125sym"><sup>125</sup></a>.
Il en va de même pour le BGG. Malgré sa grande taille,
il parle comme un enfant. Il utilise un vocabulaire si saugrenu et si
incorrect que Sophie ne peut s'empêcher de corriger. Il
s'explique :</p>
<blockquote class="citation-longue-western">Ah, les
mots...soupira-t-il, ils m'ont toujours tellement tracasssé
avec mes tics tout à trac ! Il faut simplement que tu essayes
d'être patiente avec moi et que tu cesses de chicaner. Je te
l'ai déjà dit, je sais très bien quels sont les
mots que je veux prononcer, mais d'une manière ou d'une autre,
ils finissent toujours pat s'entortillembrouiller quelque part.[61]</blockquote>
<p class="western"> Il est comme l'élève qui vient
d'apprendre à lire et qui cherche encore ses mots, mais il
explique qu'à chaque fois qu'il relit <i>Nicholas Nickleby</i>
il apprend de nouvea<font color="#000000">ux mots. Un petit clin
d'oeil aux enfants de la part de Roald Dahl pour les inciter à
lire davantage.</font></p>
<p class="western"><span style="font-style: normal;"> Tous ces
personnages ne représentent pas la contrainte du monde des
adultes. C'est grâce à ce subterfuge que le narrateur
semble rassurer son lecteur. Dans le même temps, le lecteur se
trouve confronté à une situation nouvelle : vivre seul
sans ses p<span style="">arents. Cette situation
lui fera comprendre qu'il faut trouver soi-même des personnes,
des amis qui pourront remplacer la protection de ses parents.</span></span></p>
<h4 class="western">2.3.2. L'entrée dans le monde des adultes</h4>
<p class="western"> Les contes proposent la plupart du temps un long
voyage initiatique dans lequel l'enfant est en partance pour l'âge
adulte. Ils lui apprennent que pour trouver son royaume ou autrement
dit son identité, il lui faudra quitter sa maison ; que
ce voyage ne sera pas sans embûche puisqu'il lui faudra
indubitablement prendre des risques et se soumettre à des
épreuves. Et cela commence dès le début du
parcours initiatique, car pour qu'il ait lieu, il faut préalablement
enfreindre les règles. Nous constatons que cette transgression
prend la forme d'une tentation dans <i>James et la grosse pêche</i>
et <i>Charlie et la chocolaterie</i>, sans doute parce qu'ils sont
destinés à un lectorat plus jeune attiré par les
premiers instincts<a class="sdfootnoteanc" name="sdfootnote126anc" href="bibliographie-dahl.php#sdfootnote126sym"><sup>126</sup></a>.
En effet, dans <i>Les Minuscules</i><span style="font-style: normal;">,
ouvrage destiné à de jeunes lecteurs, le héros,
Petit Louis trouve que « tout ce qu'il devait faire était
ennuyeux. Tout ce qu'il ne devait pas faire était excitant ».
Petit Louis, est attiré par la Forêt interdite où
sa mère le défend de pénétrer, mais il
transgresse l'interdit à cause de sa gourmandise, à
cause « des fraises sauvages [...]tout le sol de la forêt
est tapissé de fraises sauvages vermeilles, savoureuses,
juteuses »<a class="sdfootnoteanc" name="sdfootnote127anc" href="bibliographie-dahl.php#sdfootnote127sym"><sup>127</sup></a>.
Excusés par la faim, les deux héros, James et Charlie
vont, eux, transgresser l'interdit. James approchera de la pêche
et la goûtera alors que Tante Éponge et Tante Piquette
le lui avaient défendu. Charlie, quant à lui, trouve un
billet d'un dollar, mais au lieu d'acheter de la nourriture pour sa
famille, il achète des barres de chocolat. Matilda, gourmande
et avide de livres, refuse d'obéir à son père
qui ne veut plus qu'elle lise. Elle brave l'autorité pour
assouvir sa faim de livres. Sophie se lève pendant la nuit
alors que le règlement de l'orphelinat le condamne fortement.</span> </p>
<p class="western"> À partir de cette transgression,
l'aventure à proprement parler peut enfin commencer. Il va se
produire une rupture profonde entre le monde dans lequel l'enfant
vivait et le monde dans lequel il vivra cette aventure. Dans
<i>Psychanalyse des contes de fées</i><span style="font-style: normal;">,
Bruno Bettelheim explique pourquoi il est nécessaire pour
l'enfant de se trouver dans un autre monde, dans un monde
fantasmagorique pour pouvoir progresser et grandir : </span>
</p>
<blockquote class="citation-longue-western">Il faut savoir que les
frustrations de l'enfant, les difficultés qu'il doit vaincre
ne sont pas plus redoutables que ce que nous devons tous affronter
dans des circonstances normales. Mais parce que, dans l'esprit de
l'enfant, ces difficultés sont les plus grandes que l'on
puisse imaginer, il a besoin d'être encouragé par des
fantasmes où le héros, avec lequel il peut
s'identifier, parvient à sortir avec succès de
situations incroyablement difficiles.<a class="sdfootnoteanc" name="sdfootnote128anc" href="bibliographie-dahl.php#sdfootnote128sym"><sup>128</sup></a>
</blockquote>
<p class="western"> En effet, le narrateur-conteur utilise cette
technique pour faciliter l'apprentissage, car dans ce nouveau monde,
tout semble possible pour l'enfant, les obstacles semblent plus
faciles à surmonter alors qu'ils lui paraissaient
insurmontables dans le monde réel.
</p>
<p class="western"> Pour marquer ce passage entre les deux mondes, le
narrateur choisit de métaphoriser ce changement de lieu par un
tunnel spatial ou temporel. On retrouve ce procédé dans
de nombreux contes comme dans <i>Alice au pays des merveilles </i><span style="font-style: normal;">de
Lewis Carroll. En effet, Alice après avoir suivi le lapin avec
une montre à gousset, se précipite à l'intérieur
du terrier</span> du lapin. À partir de ce moment-là
commence une chute interminable :
</p>
<blockquote class="citation-longue-western">Dévorée de
curiosité, elle [Alice] le [le Lapin] suivit à travers
champs et eut juste le temps de le voir s'engouffrer dans un vaste
terrier sous la haie. [...] Le terrier descendait à pic comme
un tunnel, puis plongeait en coude [... ] elle se vit tomber dans ce
qui semblait un puits très profond<a class="sdfootnoteanc" name="sdfootnote129anc" href="bibliographie-dahl.php#sdfootnote129sym"><sup>129</sup></a>.
</blockquote>
<p class="western"> Dans <i>Charlie et la chocolaterie</i><span style="font-style: normal;">,
les heureux possesseurs des tickets d'or et leurs accompagnateurs
</span>entrent dans un nouveau monde. Ils y accèdent grâce
à un long corridor qui descend sous terre. C'est d'abord par
les yeux de Charlie que nous est présenté ce passage :
« Charlie Bucket vit un long couloir qui s'étirait
devant lui à perte de vue. Ce corridor était assez
large pour laisser passer une voiture. »[84].
Grandpapa Joe souligne que le couloir est rempli d'odeurs
extraordinaires : « les plus merveilleux parfums du
monde se rencontraient dans l'air qu'ils respiraient »[84].
Quant à Willy Wonka, il fait vivre à ses invités
une course effrénée :
</p>
<blockquote class="citation-longue-western">Il emprunta le corridor
en courant, laissant flotter derrière lui la queue de son
habit couleur prune, et les invités de mirent tous à
courir après lui. [...]Bientôt il quitta le
corridor principal pour un autre couloir, à peine plus étroit,
à sa droite. Puis il tourna à gauche. Puis encore à
gauche. Puis à droite. Puis à gauche. Puis à
droite. Puis à droite. Puis à gauche. On aurait dit une
gigantesque garenne avec un tas de couloirs menant dans tous les
sens.[85]
</blockquote>
<p class="western"> Ce passage s'effectue grâce à une
accélération temporelle et un parcours spatial qui
conduit les protagonistes dans les profondeurs de l'usine,
symbolisant indubitablement les profondeurs de l'être. En
effet, Willy Wonka s'exclame : « Nous descendons au
sous-sol ! Toutes les salles importantes de mon usine se situent
très bas au-dessous du niveau de la terre ! »[86].
Le meilleur de l'être se trouve au plus profond de soi.
</p>
<p class="western"> Pour James, le voyage s'effectue de la même
manière. En effet, il<span style="font-style: normal;"> rampe
dans un tunnel sombre. À la différence de Charlie, il
se nourrit non pas des odeurs, mais du jus et de la chair de la
pêche : « Toutes les deux secondes, James
s'arrêtait pour manger un morceau de la paroi. La pêche
était sucrée, juteuse et merveilleusement
rafraîchissante »[40]. Il suit le tunnel creusé
dans la pêche jusqu'au noyau de la pêche :</span></p>
<blockquote class="citation-longue-western">Et soudain [James]
s'aperçut que, non loin de lui, près du sol, la pêche
avait un trou. C'était un trou assez important. Il pouvait
être l'oeuvre d'un animal de la taille d'un renard. James se
mit à genoux devant le trou. Il y introduisit d'abord la tête
et les épaules. Il y entra tout entier, en rampant. Et il
continua à ramper.[...]Le tunnel était humide et
sombre.[...] À présent, il dut escalader une pente,
comme si le tunnel conduisait au coeur même du fruit
gigantesque.[...]Il fit encore plusieurs mètres en rampant
lorsque soudain – bang ! - sa tête heurta quelque
chose d'extrêmement dur qui lui barrait le chemin. Il leva les
yeux sur une paroi solide qui, à première vue, semblait
être en bois. Il avança une main. Au toucher, cela
ressemblait bien à du bois, mais à du bois tout
sinueux, tout craquelé. [39-40]</blockquote>
<p class="western"><span style="font-style: normal;"> Dans</span> <i>Le
Bon Gros Géant</i>, Sophie fait, elle aussi, un long voyage
tout aussi magique dans les bras du géant avant d'atteindre la
caverne sombre du BGG :</p>
<blockquote class="citation-longue-western">Le géant courait
et courait encore. Mais il s'était produit un curieux
changement dans l'allure de sa course. Il semblait avoir soudain
passé une vitesse supérieure. Il allait de plus en plus
vite à tel point que le paysage alentour devint flou.[...]Elle
avait l'impression que les pieds du géant ne touchaient plus
le sol. On aurait dit qu'il volait ; quant à savoir s'il
parcourait la terre ou la mer, c'était impossible. Il y avait
quelque chose de magique dans ses jambes.[26]</blockquote>
<p class="western"><span style="font-style: normal;"> Sophie se
retrouve à la fin de ce<font color="#000000"> voyage dans la
caverne du Bon Gros Géant. En revanche, pour Sophie et aussi
pour Matilda, le passage vers l'âge adulte ne s'effectue pas
grâce à la nourriture, mais celle-ci y reste toujours
présente. Matilda ne possédera le pouvoir de
</font></span><font color="#000000">télékinésie</font>
qu'en passant dans un autre monde. Ce don merveilleux lui permet
alors de braver l'impossible et de surmonter les épreuves<span style="font-style: normal;">.
Ce passage d'un monde à l'autre est bien plus subtil que ceux
énoncés précédemment. Il se fait lorsque
Matild</span><span style="font-style: normal;">a et Mlle Candy
se dirigent vers la petite maison :</span></p>
<blockquote class="citation-longue-western">Elles
s'avançaient le long des ornières desséchées
sur le sol terreux et devaient veiller à ne pas se tordre les
chevilles. [...] Elles atteignirent un nouveau petit portail vert à
demi enfoui dans la haie, sur la droite et presque caché par
les branches de noisetiers. [...] Matilda vit un court sentier menant
à une minuscule maisonnette de brique rouge. On eût dit
plutôt la maison d'une poupée que la demeure d'un être
humain. [...] Le décor était si irréel, si
fantastique, si étranger au monde terrestre. On eût dit
une illustration de Grimm ou d'Andersen. [...] Elle sortait d'un
conte de fées. [180-182].
</blockquote>
<p class="western"> Le parcours initiatique est bien une donnée
<i>sine qua non</i> du conte. En effet, le personnage principal est
entraîné par sa destinée à poursuivre une
quête et cette quête c'est celle de devenir adulte. Grâce
à ces récits, le conteur met en avant l’apprentissage,
l’expérience et les facultés du héros.
C'est un grand voyage vers l’âge adulte, où le
héros se fraye un chemin dans un monde semé d’embûches.
Le conteur a également pour mission de montrer à
l'enfant que devenir adulte c'est certes devenir mature, mais aussi
être enfin pris au sérieux. Mlle Candy fait comprendre à
Matilda qu'elle est une enfant exceptionnelle. James est admiré
par ses compagnons de voyages, car il a fait preuve à
plusieurs reprises de discernement et d'intelligence pour les sortir
de mauvais pas. Charlie est récompensé par Willy Wonka
qui lui lègue sa chocolaterie. Et Sophie est écoutée
elle-même par la reine d'Angleterre. Tous les héros ont
finalement besoin de reconnaissance et d'être écoutés
par les adultes pour être enfin pleinement heureux.
</p></div>La gourmandise : moteur de l'apprentissage2006-12-11T22:07:13+01:00tag:www.dahl-gourmandise.fr,2006-12-11:/7Camille CrozierL'enfant n'est pas un être parfaitement
innocent ou même insouciant, seulement il n'a pas encore
l'expérience de l'adulte. Pour accéder au monde des
grandes personnes, l'enfant doit passer par une longue
période d'apprentissage qui correspond à un éloignement
progressif de... <div class="contenu">
<p>
L'enfant n'est pas un être parfaitement
innocent ou même insouciant, seulement il n'a pas encore
l'expérience de l'adulte. Pour accéder au monde des
grandes personnes, l'enfant doit passer par une long<font color="#000000">ue
période d'apprentissage qui correspond à un éloignement
progressif de l'ignorance. Cette ignorance s'entend non pas comme
innocence ou naïveté, mais bien comme inexpérience.
L'enfant arrive dans un monde dont il doit tout apprendre. Bien
évidemment, il a dès sa naissance – et même
avant sa naissance d'après certaines études récentes
– des impressions, des sensations. Il possède donc un
savoir qu'il doit utiliser pour comprendre le monde et ainsi
s'adapter à lui.</font></p>
<p class="western"> Roald Dahl se <font color="#000000">trouve alors
deva</font>nt le problème suivant : comment intéresser
l'enfant, et comment lui faire dépasser ses peurs pour qu'il
accède avec envie au savoir ? L'enfant, comme chacun le
sait, s'émerveille naturellement et en permanence devant le
monde. Il n'en reste <font color="#000000">pas moins que
l'</font>apprentissage est d'autant plus facile si on arrive à
retenir son attention. Et Roald Dahl utilise la gourmandise à
cet effet puisque celle-ci est à la fois rassurante et
captivante. C'est un fabuleux « moteur d'apprentissage ».
</p>
<h3 class="western" style="page-break-before: auto; page-break-after: auto;">
1.1. La gourmandise, <b>une ouverture sur le monde ?</b></h3>
<h4 class="western" style="page-break-after: auto;">1.1.1
S'émerveiller devant le monde
</h4>
<p class="western"> Aujourd'hui, l'enfant est incessamment sollicité
par les informations qui lui viennent de l'extérieur. En
effet, les informations lui parviennent de toute part grâce
notamment aux nouvelles technologies comme la télévision,
l'ordinateur. La curiosité le pousse ainsi à en savoir
toujours plus sur le monde dans lequel il évolue et plus
généralement vers des plaisirs primitifs et réprimés
issus par exemple de la nourriture. Le mélange savoureux de la
gourmandise et de la curiosité n'a-t-il pas toujours été
perçu comme tel ? Ne sont-ils pas deux « vilains
défauts » à corriger ?
</p>
<p class="western"> Jean Pederos
dans un article intitulé <span style=""><span style="font-style: normal;">« N'est
pas gourmand qui veut ! »<font color="#000000"> rejette
cette théorie. Il prône une curiosité gourmande,
mais raisonnée :</font></span></span>
</p>
<blockquote class="citation-longue-western">La
gourmandise n'est pas un défaut donné à tout le
monde. Ça se mérite. Dans la vie de tous les jours,
être gourmand, ce n'est certainement pas s'empiffrer d'une
barre chocolatée dès qu'on a un petit creux ou de pop
corn et de soda au cinéma.[...] Car être gourmand, ce
n'est pas simplement aimer manger ce qui nous plaît ou ce que
l'on connaît déjà. C'est aussi découvrir,
faire la différence, reconnaître ce qui est le meilleur.
Et puis, n'est-on gourmand que de nourriture ? Pensez à
ceux qui dévorent les livres, des disques ou des images..<span style="">.
Sont-ils curieux ou gourmands ? <a class="sdfootnoteanc" name="sdfootnote85anc" href="bibliographie-dahl.php#sdfootnote85sym"><sup>85</sup></a></span></blockquote>
<p class="western"><span style=""> Pour
rendre ces récits intéressants aux yeux de son
lectorat, Roald Dahl ajoute à la curiosité et la
gourmandise un soupçon d'imagination puisque c'est d'ailleurs
l'imagination, selon lui, qui différencie l'enfant de
l'adulte :</span>
</p>
<blockquote class="citation-longue-western">Pour écrire à
l’intention des enfants, il faut avoir préservé
deux caractéristiques fondamentales de ses huit ans : la
curiosité et l’imagination. Personne ne se rappelle ce
que c’est d’avoir six, sept ou huit ans. Vous pensez vous
en souvenir, mais vous ne vous en souvenez pas le moins du monde !<a class="sdfootnoteanc" name="sdfootnote86anc" href="bibliographie-dahl.php#sdfootnote86sym"><sup>86</sup></a></blockquote>
<p class="western"><font color="#000000"> Les auteurs pour la
jeunesse ont bien compris qu'il était inutile de parler du
monde tel que l'adulte le percevait. Il existe cependant des
dissensions à ce propos puisque certains refusent encore de
voir l'enfant comme un être à part entière avec
des besoins différents de ceux de l'adulte. Roald Dahl fait
partie de ceux qui ont voulu appréhender l'enfant dans toute
sa complexité, c'est pourquoi il imagine des mondes qui
attirent la curiosité de celui-ci </font>: « Les
enfants, il faut les passionner, sinon ils vous laissent tomber et
vont regarder la télévision. J'essaie d'écrire
des histoires qui les saisissent à la gorge ; des
histoires qu'on ne peut pas lâcher »<a class="sdfootnoteanc" name="sdfootnote87anc" href="bibliographie-dahl.php#sdfootnote87sym"><sup>87</sup></a>.</p>
<p class="western" style=""> L'important
dans les histoires de Roald Dahl est de montrer aux enfants que pour
découvrir le monde il faut savoir transgresser les interdits.
Les héros du <i>corpus</i> étudié ont tous
transgressé les règles et les interdits pour pouvoir
entrer dans un autre monde. En effet, James
désobéit à ses tantes en mangeant et en entrant
dans la pêche magique. Tante Éponge et Tante Piquette
menacent James : « Et gare à toi si tu en [de
la pêche] manges ! C'est nous, ta tante Piquette et moi,
qui la mangerons »[28],
« Ça ne te regarde pas »[32].
Matilda continue de se procurer des livres malgré la scène
terrible où son père arrache les pages de son livre
qu'il qualifie de « saleté » et lui
demande avec véhémence si elle n'avait pas « quelque
chose d'utile à faire, pour changer »[44].
Sophie, quant à elle, se lève malgré la menace
de punition qui pèse sur elle : « Quiconque se
faisait prendre hors de son lit après l'extinction des
lumières était aussi puni. On avait beau dire qu'on se
rendait aux toilettes, ce n'était pas une excuse suffisante et
la punition tombait quand même »[16].
Charlie, pour manger des chocolats, dépense son billet qu'il a
miraculeusement trouvé dans la neige alors qu'il aurait pu
nourrir sa famille affamée.
</p>
<p class="western" style=""> La
transgression <font color="#000000">semble alors nécessaire
pour découvrir les nombreux secrets du monde. Cependant, le
héros doit posséder une autre qualité : la
patience. Roald Dahl montre à l'enfant qu'il n'est pas
nécessaire d'aller trop vite dans sa quête de la vérité
sur le monde. Tessa Dahl dans une lettre adressée à son
défunt père explique cette double capacité,
permettant de découvrir le monde « sans se brûler
les ailes » : « Indication, suggestion et
malice nous permettaient de faire nos propres découvertes du
monde à notre rythme »<a class="sdfootnoteanc" name="sdfootnote88anc" href="bibliographie-dahl.php#sdfootnote88sym"><sup>88</sup></a>.
</font>
</p>
<p class="western"><span style=""><span style="font-style: normal;"><font color="#000000"> L'observation
et la patience semblent être les clefs d'un passage en douceur
vers l'âge adulte. L</font></span></span>'enfant doit
observer, découvrir plutôt qu'apprendre. Dans <i>Du
Récit Merveilleux ou l'ailleurs de l'enfance</i><span style="font-style: normal;">,
Alain</span> Montandon appelle cette capacité,
l'« étonnement <span style="font-style: normal;">» :
</span>
</p>
<blockquote class="citation-longue-western"><span style="font-style: normal;">L'étonnement,
cette faculté sublime d'ouvrir les yeux, de sentir le vent
frais du matin, de vivre à l'origine, de ressentir le choc
d'un spectacle sans cesse changeant et renouvelé, explique
aussi un des traits caractéristiques de la fascination, la
passivité.<a class="sdfootnoteanc" name="sdfootnote89anc" href="bibliographie-dahl.php#sdfootnote89sym"><sup>89</sup></a>
</span>
</blockquote>
<p class="western"> Ainsi, la relative inaction de Charlie dans la
chocolaterie, s'explique tout naturellement à la lumière
de cette réflexion. Il fait effectivement preuve d'une
patience à toute épreuve malgré les nombreuses
tentations et la faim qui le tenaille. Il observe avec fascination
cette fabrique de chocolat et son propriétaire, Willy Wonka.
Quant à Sophie, le BGG<a class="sdfootnoteanc" name="sdfootnote90anc" href="bibliographie-dahl.php#sdfootnote90sym"><sup>90</sup></a>
lui reproche ne pas être assez attentive, de ne pas assez
écouter et surtout de trop parler. Sophie pense tout savoir et
les réprimandes du BGG lui apprennent qu'il faut prendre le
temps de grandir, c'est-à-dire ne pas chercher à tout
savoir et apprendre à rester dans l'ignorance. L'aphorisme de
Jean de La Fontaine, « Rien ne sert de courir il faut
partir à point », correspond tout particulièrement
au héros de <i>James et la grosse pêche</i><span style="font-style: normal;">.
En effet, pour chaque épreuve qu'il doit surmonter, James
prend le temps d'analyser la situation avant d'agir. </span>
</p>
<h4 class="western" style="page-break-inside: avoid; page-break-before: auto;">
1.1.2. Un merveilleux gourmand</h4>
<p class="western" style="font-style: normal;" align="justify">
L'enfant se trouve dans un monde où tout est source
d'étonnement. Toutes les choses du monde semblent magiques à
ses yeux. C'est peut-être ainsi qu'est né le
merveilleux : lorsque tout n'est pas connu, il faut alors faire
appel à l'imagination pour combler cette ignorance. Ainsi, le
monde dans lequel les personnages de Roald Dahl évoluent est
généralement merveilleux et incite l'enfant à
s'émerveiller. Ce monde retient d'autant plus son attention
qu'il est appétissant et que la nourriture y est pléthorique.
Les adultes, bien au contraire, parce qu'ils croient tout connaître
du monde, se cachent leur ignorance et perdent toute trace
d'imagination. C'est pourquoi, les adultes ne rentrent qu'avec
difficultés dans le pays de l'imaginaire, ils doivent
redevenir enfants en réalisant des rites initiatiques.</p>
<p class="western"><span style=""><span style="font-style: normal;"><font color="#000000"> La
gourmandise, nous l'avons prouvé précédemment,
est naturelle et instinctive. Elle constitue même un facteur
essentiel à la survie de l'homme puisqu'elle lui permet de
distinguer les aliments entre eux.</font> Roald Dahl utilise cette
« gourmandise primordiale » pour faire entrer
le merveilleux dans ses récits, permettant ainsi à
l'enfant d'avoir une autre vision du monde<a class="sdfootnoteanc" name="sdfootnote91anc" href="bibliographie-dahl.php#sdfootnote91sym"><sup>91</sup></a>.
La gourmandise ouvre ainsi les portes d'un univers magique. Fénélon
avait déjà décrit dans </span><i>Voyage dans
l'île des plaisirs</i><span style="font-style: normal;"> un
monde merveilleux où le plaisir alimentaire de la gourmandise
arrive à son paroxysme : </span></span>
</p>
<blockquote class="citation-longue-western">Après avoir
longtemps vogué sur la mer du Pacifique, nous aperçûmes
de loin une île de sucre avec des montagnes de compote, des
rochers de sucre candi et de caramel, des rivières de sirop,
qui coulaient dans la campagne. Les habitants, qui étaient
fort friands, léchaient tous les chemins, et suçaient
leurs doigts après les avoir trempés dans les fleuves.
Il y avait des forêts de réglisse, et de grands arbres
d'où tombaient des gaufres qui tombaient dans la bouche des
voyageurs.<a class="sdfootnoteanc" name="sdfootnote92anc" href="bibliographie-dahl.php#sdfootnote92sym"><sup>92</sup></a></blockquote>
<p class="western" style="font-style: normal;"> Dans
<i>Charlie et la chocolaterie</i>, Roald Dahl nous offre une
description similaire hormis le fait que dans un premier temps,
l'usine ressemble de l'extérieur à toutes les autres.
Le narrateur nous prévient qu'en entrant dans la chocolaterie
Charlie et les autres protagonistes entrent dans un autre monde :
« Les portes claquèrent et toute image du monde
extérieur s'évanouit »[83].
Rapidement, le merveilleux apparaît avec la fabuleuse
« salle au chocolat ». Les visiteurs en y
pénétrant découvrent, en effet, un « fascinant
spectacle » et Willy Wonka s'empresse de leur spécifier
que « naturellement, tout cela se mange ! »[90] :
</p>
<blockquote class="citation-longue-western">À leurs pieds
s'étalait... une jolie vallée. De chaque côté,
il y avait de verts pâturages et tout au fond coulait une
grande rivière brune. Mais on voyait aussi une formidable
cascade – une falaise abrupte par où les masses d'eau
pleine de remous se précipitaient dans la rivière,
formant un rideau compact, finissant en un tourbillon écumant
et bouillonnant, plein de mousse et d'embruns. Des arbres et des
arbustes pleins de grâce poussaient le long de la rivière :
des saules pleureurs, des aulnes, du rhododendron touffu à
fleurs roses, rouges et mauves. Le gazon était étoilé
de milliers de boutons d'or.<span style="">[87-88]
</span>
</blockquote>
<p class="western" style="font-style: normal;"> Il
est évident dans <i>James et la grosse pêche </i>que
c'est le fruit géant qui donne une dimension merveilleuse au
récit. Ce n'est pas le vieillard ou les langues de crocodiles
vertes et lumineuses qui sont à l'origine du merveilleux, mais
bien la pêche dont on voit directement le pouvoir magique en
action. Elle est magique parce qu'elle est le fruit d' un
« misérable arbre ne port[ant] jamais de
fruit »[26]et qu'elle est « aussi grande qu'une
petite maison »[32].</p>
<p class="western" style="font-style: normal;"><span style=""> Dans
<i>Le Bon Gros Géant</i>, la frambouille est tout à
fait extraordinaire. Cette boisson permet de voir le monde réel
différemment, et c'est de cette manière que le
merveilleux apparaît. En effet, le liquide vert pétille
d'une « manière impressionnante », « au
lieu de remonter et d'éclater à la surface du liquide,
les bulles se dirigeaient vers le bas en éclatant au fond de
la bouteille »[75].
Ces bulles provoquent « le
crépitage » qui n'est « d'autre qu'un
signe de bonheur »[78].</span></p>
<p class="western" style="font-style: normal;"> Le
monde cartésien dans lequel nous vivons ne permet pas de
passer entièrement dans le monde de l'imaginaire. Ainsi,
l'encadrement discret du réel des récits de Roald Dahl
rassure son lectorat. Il n'existe pas de merveilleux pur. D'ailleurs,
il faut noter que la nature du merveilleux vient aussi de ce qu'il
s'enracine constamment, inévitablement dans le réel.</p>
<h4 class="western">1.1.3. Imagination et réalité</h4>
<p class="western"> Dans ces récits, Roald Dahl effectue ainsi
un <span style=""><span style="font-style: normal;">dosage
subtil entre irréel et réel. Le cadre de la réalité
va de soi. Il ponctue, il rythme, il ordonne. Et le merveilleux naît
d'un glissement incertain et fragile, issu de la transformation du
quotidien qui réapparaîtra, à notre insu, sous
les traits de la fantaisie et de l'insolite. La nourriture, objet
quotidien par excellence, prend, chez Roald Dahl une dimension
merveilleuse grâce à l'imagination.</span></span></p>
<p class="western" style="font-style: normal;"> Roald
Dahl explique clairement que l'enfant possède une imagination
sans limites que Saint-Pol-Roux décrit merveilleusement dans
cette comparaison : <font color="#000000">« Le soleil
pensé surpasse le soleil réel... L'univers n'est qu'un
grain de sable auprès de la grandiose basilique épanouie
dans le cerveau d'un enfant »<a class="sdfootnoteanc" name="sdfootnote93anc" href="bibliographie-dahl.php#sdfootnote93sym"><sup>93</sup></a>.</font></p>
<p class="western" style="font-style: normal;"><font color="#000000"> Bien
au contraire les adultes cherchent à rationaliser le
merveilleux. Ainsi, les parents refusent de voir dans leur fille
Matilda, un prodige. Tante Piquette et Tante éponge enlèvent
le caractère merveilleux de la pêche en lui conférant
une valeur commerciale et donc matérielle : « cette
pêche représente une grosse somme d'argent »[33]</font>.
Dans la chocolaterie, les parents des quatre enfants rassurent leur
esprit cartésien en accusant Willy Wonka d'avoir perdu la
raison (« Il a l'esprit dérangé ! »
s'écria l'un des pères, consterné, et les autres
parents se mirent à hurler en choeur. « Il est
fou ! » crièrent-ils. « Il est
cinglé ! » « Il est sonné ! »
« Il est cintré ! » « Il est
marteau ! » « Il est piqué ! »
« Il est tapé !» « Il est
timbré ! » « Il est toctoc ! »
« Il est maboul ! » « Il est
dingue ! » « Il est cinoque ! »[113]).
Leur réaction est d'autant plus virulente lorsque, n'ayant
plus de repaire, ils sont déstabilisés complètement
par le mystère environnant. Ils n'ont plus aucune prise sur le
monde réel tandis que le monde imaginaire et merveilleux
qu'ils découvrent les effraie de plus en plus.
</p>
<p class="western" style="font-style: normal;"><font color="#000000"><font color="#000000"><span style=""> En
revanche, d</span>ans <i>Le</i> <i>Bon Gros Géant,</i> le
monde dans lequel évolue le BGG est stérile. Ce
véritable désert, territoire des ogres, est à
l'image de leur comportement puisque le seul but de ces ignobles
personnages est de détruire. La stérilité<span style="">
du pays des géants méta</span></font><span style="">phorise
indubitablement le manque d'imagination des ogres. Quant au BGG, il
accède au monde de l'imaginaire par substitution en capturant
des rêves. </span></font>
</p>
<p class="western" style="font-style: normal;"><font color="#000000"> Néanmoins,
il ne faudrait pas croire que Roald Dahl enseigne aux enfants à
vivre toujours dans un monde imaginaire. Tessa Dahl explique
clairement, dans un article intitulé « Once upon a
time, childhood was made of magic... », l'importance de
l'intégration du merveilleux dans le réel :</font></p>
<blockquote class="citation-longue-western">[Roald Dahl] ne m'a
jamais surprotégée.[...] Si une alarme incendie
retentissait, nous suivions le camion des pompiers jusqu'à sa
destination finale. Les scènes de la vie réelle étaient
entrelacées avec des scénarios issus de notre propre
imagination. Nous devions les comprendre puis nous y projeter en
imaginant ce à quoi ils pourraient ou auraient pu ressembler.<a class="sdfootnoteanc" name="sdfootnote94anc" href="bibliographie-dahl.php#sdfootnote94sym"><sup>94</sup></a></blockquote>
<p class="western" style="font-style: normal;"><font color="#000000"> Roald
Dahl a recours au merveilleux pour détendre l'esprit du
lecteur parce que comme l'explique Pierre-Maxime Schuhl « l'exercice
de la pensée rationnelle soumet [notre esprit] à une
contrainte pénible »<a class="sdfootnoteanc" name="sdfootnote95anc" href="bibliographie-dahl.php#sdfootnote95sym"><sup>95</sup></a>.
L'imagination dans l'apprentissage des réalités du
monde est essentielle à l'enfant. Le monde ne doit lui être
livré que partiellement, le laissant progressivement s'emparer
de la vérité des choses. </font>
</p>
<p class="western" style="font-style: normal;"><font color="#000000"> De
fait, Tessa Dahl reproche à certains livres et films destinés
aux enfants leur manque d'abstraction, interdisant ainsi la moindre
part d'invention ou de fantaisie :</font></p>
<blockquote class="citation-longue-western">Il n'y a aucune
subtilité, aucune fantaisie, aucun mystère du tout
[...] Rien n'était laissé à l'imagination. Comme
c'était différent avec toi [Roald Dahl]. Tu insistais
pour toujours respecter les spectateurs et leur permettre de voyager
dans leur propre monde et se former ainsi une histoire dans leur
propre langage. Il me semble que de nos jours nous n'avons pas le
droit ou le luxe de faire nos propres interprétations.<a class="sdfootnoteanc" name="sdfootnote96anc" href="bibliographie-dahl.php#sdfootnote96sym"><sup>96</sup></a></blockquote>
<p class="western"> Il faut donc laisser une grande part
d'imagination dans la découverte du monde et surtout ne pas
chercher à grandir trop vite, car vouloir tout connaître
ou poser trop de questions est un frein à l'imagination.<span style="font-style: normal;">
</span>
</p>
<p class="western"><span style="font-style: normal;"> Ainsi, </span>Sophie,
trop rationnelle, dément toutes les explications du BGG.
Celui-ci lui explique que les apparences sont souvent trompeuses et
ce que nous savons de la réalité se trouve parfois
démenti. L'intelligence ne se mesure pas au savoir que l'on
possède, mais bien à notre imagination. Le BBG reproche
plusieurs fois à Sophie de ne pas être assez futée :
« Tu n'es pas bien maligne, [...] tu as la tête plus
vide qu'une cloche à fromage. »[34],
« Ma parole, tu as de la purée de mouche dans le
crâne ! »[36].
D'ailleurs, il hésitera à lui expliquer son activité
de souffleur de rêves pensant qu'elle ne pourrait pas
comprendre [49].
Mais la cause n'est pas due à son apparente bêtise, mais
plutôt à son manque d'imagination.
</p>
<p class="western"> Dans <i>Charlie et la chocolaterie</i><span style="font-style: normal;">,
Willy</span> Wonka condamne rapidement Mike Teavea parce que cet
enfant est totalement dépourvu d'imagination et par là
n'a plus le comportement d'un enfant. Il contredit incessamment le
chocolatier en croyant tout savoir sur le monde. En effet, à
propos des Oompas-Loompas, Willy Wonka explique que ces ouvriers sont
en chair et en os. Mikes incrédule déclare :
« Impossible,[...] Des hommes si petits, ça
n'existe pas ! » [93]
Ou bien lorsque Willy
Wonka explique qu'il a inventé un « caramel qui
fait pousser les cheveux » et qu'il n'y aurait alors «plus
d'excuses pour les petits garçons et les petites filles qui se
promènent le crâne chauve ! », Mike
Teavee rétorque que « les petits garçons et
les petites filles ne se promènent jamais le... »
[120]. Bien sûr, Willy Wonka ne le laisse pas finir. Ou bien
encore, aux pages 161 à 163, Willy Wonka explique le
fonctionnement de la télévision et la fabrication du
« chocolat télévisé ».
Mike Teavee persuadé de tout savoir sur cet objet qu'il
idolâtre infirme là encore les hypothèses de
l'inventeur.</p>
<p class="western" style="text-decoration: none;"> Roald Dahl laisse
justement une place importante à l'inventivité,
fondamentalement liée à la gourmandise dans ses livres.
Cette créativité gourmande est propre à chacun.
Ainsi, Roald Dahl nous offre sa propre conception de la nourriture.
En effet, nous l'avons stipulé dans la première partie,
le goût n'est pas qu'une simple sensation, elle est surtout la
résultante d'une perception chargée de significations<span style="">
provenant de l'apprentissage et de souvenirs personnels. Grâce
à ces apports inconscients, les aliments seront toujours
associés à une créativité autour de la
gourmandise.</span></p>
<h3 class="western">1.2. À l'école de la gourmandise</h3>
<h4 class="western" style="page-break-after: auto;">1.2.1. Un
apprentissage appétent</h4>
<p class="western"> Pour faciliter l'apprentissage, les pédagogues
ont toujours essayé de rendre celui-ci attrayant en
l'associant généralement à une activité
ou à une pensée agréable. Roald Dahl a choisi
d'allier l'apprentissage à la gourmandise. Cette « gourmandise
éducative », nous la retrouvions déjà
dans l'<i>Émile</i> de Rousseau.</p>
<p class="western"> En effet, Jean Jacques Rousseau et Roald Dahl <span style="">ont
tous deux pour objectif</span> de transmettre des connaissances, mais
aussi de préserver les qualités propres de l'enfance
bien que les avis divergent sur ce que sont ces qualités. L'un
veut préserver la bonté et la stabilité
originelle de l'enfant, tandis que l'autre espère préserver
son imagination. « Manipulant »<a class="sdfootnoteanc" name="sdfootnote97anc" href="bibliographie-dahl.php#sdfootnote97sym"><sup>97</sup></a>
leur jeune public en jouant sur leur corde sensible, la gourmandise,
ces deux pédagogues arrivent à préserver les
qualités de l'enfant. Il n’en demeure pas moins qu’ils
réussissent à lui transmettre un apprentissage tout en
<span style="text-decoration: none;">prenant
garde à ne pas forcer les enfants à ingérer des
connaissances abruptement. La transmission du savoir se fera en
quelque sorte d'elle-même au contact des choses : les
connaissances entrent alors dans leurs esprits sans qu’ils s’en
rendent vraiment compte, sans qu’ils aient l’impression
d’être en train d’apprendre. </span>
</p>
<p class="western" align="justify"> Quoi qu'il en soit, l'un comme
l'autre semblent voir le grand avantage de la nourriture pour
manipuler et intéresser les enfants. Rousseau semble croire en
la possibilité de transformer la chair en esprit, c’est-à-dire
de partir du plus corporel pour se rendre au plus spirituel. L'enfant
serait effectivement attiré instinctivement par ce qui<span style="text-decoration: none;">
stimule ses sens qui sont « les premières facultés
qui se forment »<a class="sdfootnoteanc" name="sdfootnote98anc" href="bibliographie-dahl.php#sdfootnote98sym"><sup>98</sup></a>.
Avant d'être un être moral, il est avant tout un être
physique et sensible. Les enfants étant d’abord et avant
tout des êtres de sensations, ils seront sensibles à
tous les plaisirs sensoriels : ils aimeront la sensation de
l’eau sur leurs mains, ils aimeront les couleurs vives et,
par-dessus tout, ils aimeront ce qui flatte leur palais. E</span>n
effet, comme le dit Rousseau, « de nos sensations diverses
le goût donne celles qui généralement nous
affectent le plus. […] Mille choses sont indifférentes
au toucher, à l’ouïe, à la vue ; mais
il n’y a presque rien d’indifférent au goût »<a class="sdfootnoteanc" name="sdfootnote99anc" href="bibliographie-dahl.php#sdfootnote99sym"><sup>99</sup></a>.
</p>
<p class="western" style="page-break-inside: avoid; page-break-before: auto; page-break-after: avoid;" align="justify">
C’est donc de cette propension des enfants à rechercher
la jouissance physique ou sensorielle que découle la
possibilité pour le gouverneur de faire une éducation
par la bouche en attirant simplement son public par l’estomac
ou par le palais. Il est envisageable pour Jean-Jacques Rousseau, et
pour Roald Dahl également, de «mener des armées
d’enfants au bout du monde» <a class="sdfootnoteanc" name="sdfootnote100anc" href="bibliographie-dahl.php#sdfootnote100sym"><sup>100</sup></a>.
Par ailleurs, il faut préciser ici que cette « gourmandise
éducative » a tendance à disparaître
dans les livres destinés à un lectorat plus âgé.</p>
<p class="western" align="justify"> Les théories des deux
auteurs semblent assimilables, mais elles divergent sur le statut
accordé à la gourmandise. Alors que Rousseau explique
que la passion pour la gourmandise disparaît dès l'éveil
sexuel, Dahl condamne l'enfant qui se jette sur la nourriture, il
condamne la gloutonnerie, et refuse avec insistance de permettre à
l'enfant de ne vivre que pour la nourriture.
</p>
<h4 class="western">1.2.2. Des inventions « savourables »
et « putréfiantes »<a class="sdfootnoteanc" name="sdfootnote101anc" href="bibliographie-dahl.php#sdfootnote101sym"><sup>101</sup></a>
</h4>
<p class="western"><a name="207053628965501"></a> Dans l'oeuvre de
Roald Dahl, la nourriture est souvent le prétexte au jeu et à
l'invention, au grand dam des adultes qui ne cessent de proférer
la menace du « Ne joue pas avec la nourriture ! ».
<span style="font-style: normal;">La fascination de Roald Dahl pour la
nourriture remonte à sa plus tendre enfance. En effet, le</span>
jeune Roald Dahl rêvait déjà de pouvoir inventer
de fabuleuses recettes au chocolat :
</p>
<blockquote class="citation-longue-western">Pour moi, le plus
important, c'était que je commençais à me rendre
compte que les plus grandes fabriques de chocolat possédaient
réellement des « laboratoires de recherche »
et qu'elles prenaient leurs inventions très au sérieux.
J'imaginais une longue pièce blanche, avec des chaudrons
pleins de chocolat, de caramel et une foule d'autres mélanges
délicieux bouillonnant sur des fourneaux, tandis que des
hommes et des femmes en blouse blanche circulaient de chaudron en
chaudron, mélangeant, concoctant leurs merveilleuses
trouvailles. Je me voyais moi-même travaillant dans un de ces
labos et, un beau jour, je mettais au point une friandise d'un goût
si délicieux (...)<a class="sdfootnoteanc" name="sdfootnote102anc" href="bibliographie-dahl.php#sdfootnote102sym"><sup>102</sup></a></blockquote>
<p class="western"> Loin des contraintes et des pressions
alimentaires imposées par les adultes, l'enfant ouvre une
nouvelle dimension à la nourriture grâce à des
lieux qui permettent l'invention comme le laboratoire d'une
chocolaterie ou bien la dînette. La nourriture se fait alors
gourmande parce que rien ne remplace le plaisir de manger pour de
faux. En effet, le dessert que l'on s'invente correspond aux
réminiscences de tous les desserts délicieux mangés
auparavant. Le dessert inventé surpasse le dessert réel.
Noëlle Châtelet explique très bien ce phénomène
de la dînette dans un article intitulé « on
dirait que ce serait » :</p>
<blockquote class="citation-longue-western">La mousse au chocolat de
maman est certes délicieuse, mais elle a aussi un
je-ne-sais-quoi de limité. Bref, elle a le goût exclusif
du chocolat, rien d’autre que ce goût-là. Pas de
rêverie possible avec elle. On bute sur l’objet même,
sur le chocolat réduit à soi-même, à sa
réalité. Il n’y a pas de surprise avec la mousse
au chocolat de maman [...] tandis que la mousse qui se fabrique au
fond du jardin avec la terre volée dans les plates-bandes,
cette terre un peu collante qu’il faut nettoyer, au mieux des
cailloux, au pire des animaux grouillants de toutes sortes, cette
mousse quand on la mange sans la manger, en faisant semblant [...] eh
bien cette mousse a un goût de chocolat comme seul on peut le
<i>rêver. </i>C’est un chocolat paradisiaque, un chocolat
sublimé par la vertu de la croyance, [...] un chocolat qui
défie toute concurrence.<a class="sdfootnoteanc" name="sdfootnote103anc" href="bibliographie-dahl.php#sdfootnote103sym"><sup>103</sup></a></blockquote>
<p class="western"> Dès lors, pendant la dînette, les
lois de la cuisine ne sont plus celles des adultes mais celles de la
fantaisie. L'impossible devient possible grâce aux règles
enfantines, et même le répugnant affecte un aspect
attrayant. Dans <i>Moi, </i><span style="font-style: normal;">Boy, un</span>
camarade de Roald Dahl explique la recette des réglisses :
</p>
<blockquote class="citation-longue-western">Ils attendent d'avoir dix
mille rats [...]puis ils les empilent tous dans un gigantesque
chaudron de cuivre brillant où ils les font bouillir pendant
plusieurs heures. Deux hommes remuent le mélange en ébullition
avec de longues perches et, pour finir, ils obtiennent un épais
ragoût de rats fumant. Après ça, un broyeur est
immergé dans le chaudron pour broyer les os ; le résultat
final est une sorte de bouillie épaisse appelée purée
de rats. [...] Deux hommes [...] descendent dans le chaudron et,
armés de pelles, jettent la purée de rats brûlante
sur le sol en ciment. Ils passent et repassent ensuite dessus avec un
rouleau compresseur pour l'aplatir. Il en résulte une sorte de
gigantesque crêpe noire et il leur suffit ensuite d'attendre
qu'elle ait refroidi et se soit durcie pour la couper en lanières
et obtenir ainsi des lacets de réglisse.<a class="sdfootnoteanc" name="sdfootnote104anc" href="bibliographie-dahl.php#sdfootnote104sym"><sup>104</sup></a></blockquote>
<p class="western" style="font-style: normal;" align="justify"> On
retrouve d'autres recettes toutes aussi peu ragoûtantes dans de
nombreuses histoires de Roald Dahl. Un livre publié à
titre posthume reprendra toutes les recettes « délicieusement
épouvantables » de l'oeuvre de Dahl. <i>Les
nouvelles recettes irrésistibles de Roald Dahl</i><a class="sdfootnoteanc" name="sdfootnote105anc" href="bibliographie-dahl.php#sdfootnote105sym"><sup>105</sup></a>
sont effectivement une compilation de recettes plus ou moins faciles
à réaliser, mais toutes plus étonnantes les unes
que les autres. Certaines recettes sont plutôt « classiques »
– nougatines à la fraise enrobées de
chocolat, pommes au caramel, etc. –, tandis que d'autres sont
plus originales – les doigts de moustiques frits le plus
délicatement du monde, le papier peint à lécher
pour les chambres d'enfant, ...</p>
<p class="western" style="font-style: normal;" align="justify"> Notre
<i>corpus</i> présente toutes les caractéristiques des
recettes extraordinaires de Roald Dahl à la fois
« répugnables » et « savourables ».
Le livre <i>Matilda</i> confirme notre idée selon laquelle la
gourmandise est un moteur d'apprentissage pour les enfants. Ce livre
destiné à un lectorat plus âgé n'est pas
truffé de recettes extravagantes.</p>
<p class="western" style="font-style: normal;" align="justify"> Dans <i>Le</i>
<i>Bon Gros Géant</i>, on retrouve des aliments incongrus, les
géants se régalent d'hommes aux goûts variés.
Mais l'aliment le plus extraordinaire est la frambouille dont les
bulles vont du haut vers le bas. Sophie raconte ses sensations après
en avoir bu :</p>
<blockquote class="citation-longue-western">C'était doux et
rafraîchissant, avec un goût de vanille et de crème
relevé d'une pointe de framboise. Et les bulles étaient
merveilleuses. Sophie les sentait rebondir et éclater dans son
ventre. C'était une sensation délectable. Il lui
semblait que des centaines de personnages microscopiques s'étaient
mis à danser la gigue dans son estomac en la chatouillant de
leurs orteils. C'était vraiment magnifique.[80]</blockquote>
<p class="western"> Mais le plaisir, selon Roald Dahl, ne s'arrête
pas là puisque l'absorption de cette boisson est accompagnée
de l'euphorique et réjouissant « crépitage ».</p>
<p class="western"> Dans <i>James et la grosse pêche</i><span style="font-style: normal;">,
ce sont les insectes qui nous font profiter de leurs recettes. Est-il
bien utile de préciser que celles-ci sont peu ragoûtantes
? Citons par exemple les recettes épouvantables du
mille-pattes qu'il délivre dans une chanson dont voici un
court extrait :</span></p>
<blockquote class="citation-longue-western"><span style="font-style: normal;">J'ai
mangé bien des plats délicieux/Des moustiques en gelée,
des lobes d'oreilles au riz/Des souris à la neige, c'était
exquis/Des rôtis de rats (aspergés de pipi)(...)[75-76]
</span> </blockquote>
<p class="western" align="justify"><a name="20705362896550"></a><span style="font-style: normal;"> Enfin,
la gourmandise de Roald Dahl est indubitablement<span style="">
associée à la créativité, ceci encore
plus particulièrement dans la chocolaterie de Willy Wonka. Les
inventions de ce savant fou sont merveilleusement fantastiques, à
savoir « une crème glacée qui ne fond
jamais, même par la plus grande chaleur », « une
gomme à mâcher qui ne perd jamais sa saveur »,
des « ballons de confiserie gonflables et crevables »</span><b>[29]</b><span style="">,
la cascade de chocolat, le smucre[90],
des « bonbons acidulés inusables »[118],
du « caramel qui fait pousser les cheveux »[120],
une gomme qui permet de prendre un vrai repas , des « oreillers
mangeables en pâte de guimauve » et le « papier
peint qui se lèche pour chambres d'enfant »[136],
les « crèmes glacées chaudes pour les jours
de grand froid »[137]
ainsi que toutes les recettes sur les boutons du grand ascenseur de
verre [154].</span></span></p>
<p class="western" style="font-style: normal;" align="justify">
On retrouve déjà
dans <i>Alice au pays des merveilles</i> cet émerveillement
pour la création d'aliments ou plutôt de friandises
extraordinaires. Comparons ainsi les effets du flacon magique de
Lewis Carroll indubitablement semblables à ceux de la gomme à
mâcher de Willy Wonka. Lorsque Lewis Carroll écrit :</p>
<blockquote class="citation-longue-western">Néanmoins, comme
il n'était pas écrit « poison »
sur le flacon, Alice s'aventura à y goûter, et, trouvant
le breuvage très bon (il alliait les saveurs de la tarte aux
cerises, de la crème anglaise, de l'ananas, du rôti, du
caramel et du toast encore chaud), elle eut tôt fait de la
finir.<a class="sdfootnoteanc" name="sdfootnote106anc" href="bibliographie-dahl.php#sdfootnote106sym"><sup>106</sup></a> </blockquote>
<p class="western">Roald Dahl nous renseigne sur le chewing-gum
Wonka :</p>
<blockquote class="citation-longue-western">Rien qu'une petite barre
magique de chewing-gum Wonka ! Elle remplacera votre petit déjeuner,
votre déjeuner, votre souper ! Ce morceau de gomme que
vous voyez là représente justement une soupe à
la tomate, un rosbif et une tarte aux myrtilles.[124-125]</blockquote>
<p class="western" style="font-style: normal;" align="justify">
Ces deux friandises ont un
deuxième aspect en commun : le risque. Le flacon qu'ingurgite
Alice pourrait être du poison et la gomme de Violette est un
prototype qui a encore des effets secondaires très
désagréables. Mais le risque n'est-il pas un moteur de
l'imagination ?
</p>
<p class="western" style="font-style: normal;" align="justify"> Toutes
ces recettes « délicieusement épouvantables »
sont des invitations à l'imagination qui pénètre
dans le quotidien à travers l'alimentation. Ces recettes ou
inventions culinaires sont aussi un formidable moyen pour
s'approprier les règles imposées par les adultes, mais
en les réinventant afin de goûter à la liberté.
</p>
<h4 class="western">1.2.3. La nourriture : un obstacle à
l'apprentissage ?</h4>
<p class="western"> Dans les livres de Roald Dahl, la liberté
se retrouve dans tout apprentissage. L'enfant évolue librement
sans qu'il n'y ait aucune autorité qui dicte sa conduite.
Roald Dahl ne force pas ses héros à apprendre à
travers la rigueur qu'inflige l'école. Par exemple, James âgé
de sept ans devrait aller à l'école, mais ses tantes le
séquestrent. Quant à Charlie, le narrateur évoque
seulement le chemin qu'il fait pour y arriver et l'envie que
suscitent les friandises des autres petits garçons. Et ce
n'est pas dans l'école sordide dirigée par Mlle
Legourdin que Matilda a acquis ses connaissances. Autodidacte, elle a
tout appris dans les livres.
</p>
<p class="western"> Ainsi, il semblerait qu'aucun adulte
n'intervienne dans l'éducation des héros de notre
<i>corpus</i>. La plupart du temps, les « grandes
personnes » sont même considérés comme
un frein dans leur apprentissage. Dans son autobiographie, le jeune
Roald et ses camarades considéraient l'équipe
enseignante du collège de Saint Peter's comme inquiétante :
« Pour nous un adulte était un adulte, et tous les
adultes étaient des créatures dangereuses dans cette
école »<a class="sdfootnoteanc" name="sdfootnote107anc" href="bibliographie-dahl.php#sdfootnote107sym"><sup>107</sup></a>.</p>
<p class="western"> Quoi qu'il en soit, ce ne sont pas les adultes en
eux-mêmes qui sont dangereux, le danger provient des adultes
parce qu'ils laissent leurs enfants dans l'ignorance. On constante en
l'occurrence que souvent l'omniprésence de la nourriture joue
un rôle important dans ce manque d'enseignements. Dans la
famille Verdebois, la nourriture se consomme devant la télévision.
Elle se connote donc d'une déculturation. Absorbés par
les feuilletons et les émissions de variétés
abrutissantes, les parents de la petite Matilda n'ont pas conscience
de son génie.
</p>
<p class="western"> Dans la famille Bucket, la nourriture prend tout
autant de place dans les esprits. En effet, la famille affamée
ne pense plus qu'à son ventre vide. <span style=""><span style="font-style: normal;"><font color="#000000">Les
parents de Charlie sont bien trop occupés à nourrir
toute la famille pour pouvoir aider leur enfant.</font></span></span></p>
<p class="western"> On apprend aussi que la mère d'Augustus
Gloop laisse son fils s'enfermer dans un monde dédié
uniquement à la gloutonnerie :
</p>
<blockquote class="citation-longue-western">Manger, c'est son dada,
que voulez-vous ? C'est tout ce qui l'intéresse. [...]
Tout ce que je peux vous dire, c'est qu'il ne mangerait certainement
pas autant si son organisme ne le réclamait pas, qu'en
pensez-vous ? Il lui faut des vitamines, à ce petit.[37]</blockquote>
<p class="western"> Elle ne cherche pas à orienter son fils
vers d'autres plaisirs. On pourrait voir dans cette mère, la
caricature de la mère possessive et surprotectrice qui
voudrait sans doute que son enfant reste le plus longtemps possible
un beau bébé potelé.
</p>
<p class="western"> De même, la mère de Violette
Beauregard, extrêmement laxiste avec sa fille, la laisse aussi
s'enfermer dans un seul plaisir « mâcher du
chewing-gum ». Cette friandise lui est devenue tellement
indispensable qu'elle avoue « ne se sentir[...] pas bien
dans [sa] peau si [elle] ne pouvai[t] pas mâcher toute la
journée [son] petit bout de chewing-gum »[49]<span style="">.</span>
</p>
<p class="western"> Mais où nos héros apprennent-ils ce
qu'ils savent ? Dans notre <i>corpus</i>, la culture se transmet à
l'oral et à l'écrit. <span style="font-style: normal;">Roald
Dahl se sentait investi d’une véritable mission en
faveur de la lecture. D'ailleurs, il a créé une
fondation, Roald Dahl's Fondation, gérée depuis sa mort
par Licey Dahl, qui se consacre à des causes chères à
l'écrivain : la neurologie, la dyslexie, l'illettrisme et
bien sûr l'encouragement à la lecture. </span>
</p>
<p class="western"><span style="font-style: normal;"> On constate
alors que la</span> culture écrite prend une place importante
dans ses récits. Celle-ci est largement valorisée dans
<i>Le</i> <i>Bon Gros Géant</i><span style="font-style: normal;">,
où grâce à </span><i>Nicholas Nickleby</i><span style="font-style: normal;">
de Charles Dickens, le gentil géant a réussi à
apprendre à lire et à écrire. Autodidacte
également, Matilda a appris tout ce qu'elle sait dans les
livres, notamment de Charles Dickens. </span>
</p>
<p class="western"><span style="font-style: normal;"> Mais pour
d'autres, la culture se transmet également à l'oral
avec les fabuleux récits de Grand-papa Joe. <span style="">James,
quant à lui, privé de culture par ses tantes, apprend
de ses amis, les insectes.</span></span><span style=""><font color="#000000">
Le <span style="font-style: normal;">BGG, lui-même, inspire aux
enfants des rêves qui peuvent être considérés
comme un </span></font></span>apprentissage oral puisqu'ils sont
transmis de bouche à oreille. À l'image des Indiens
d'Amérique, le BGG pratique la chasse aux rêves, mais
c'est pour les insuffler ensuite dans la « caboche de la
marmaille » qu'il visite chaque nuit, en vieux patriarche
bienveillant.
</p>
<p class="western"> Le monde de Roald Dahl serait-il semblable au
Pays de Nulle Part de Peter Pan ? Serait-il ce « monde
imaginaire enfantin » qui serait aussi « un
refuge de l'univers des adultes rempli de règles et
d'obligations »<font color="#000000"><span style="font-style: normal;"><a class="sdfootnoteanc" name="sdfootnote108anc" href="bibliographie-dahl.php#sdfootnote108sym"><sup>108</sup></a>
? On pourrait alors s'interroger comme le fait Marc Soriano dans son
</span><span style=""><i>Guide pour la littérature
pour la jeunesse</i><span style="font-style: normal;"><a class="sdfootnoteanc" name="sdfootnote109anc" href="bibliographie-dahl.php#sdfootnote109sym"><sup>109</sup></a>
du danger de rendre constamment inférieurs les adultes par
rapport aux enfants. Ainsi, l'enfant en lisant des histoires où
les adultes lui sont </span></span></font><span style=""><span style="font-style: normal;"><font color="#000000">inférieurs
peut être déçu, car il se rend compte rapidement
selon Bruno Bettelheim que « ses parents continueront,
pendant longtemps encore, de lui être supérieurs »<a class="sdfootnoteanc" name="sdfootnote110anc" href="bibliographie-dahl.php#sdfootnote110sym"><sup>110</sup></a>.</font></span></span></p>
<p class="western" style="font-style: normal;"><font color="#000000"><font color="#000000"> Qu'importe
ces problèmes de conscience pour Roald Dahl, celui-ci veut
simplement montrer aux enfants qu'ils peuvent avoir quelques fois,
mais pas toujours – puisque</font> l'enfant serait
capricieux, la possibilité d'être plus forts que les
adultes.</font></p>
<h3 class="western">1.3. La sévérité des
enseignements</h3>
<p class="western"><font color="#000000"> Les livres de Roald, bien
que tous différents, présentent des constantes
indéniables comme le besoin d'aller bien au-delà de la
réalité, d'emmener le lecteur dans les délires
de son imagination, de lui faire oublier le monde réel, ou
bien encore de le mettre en appétit avec des friandises
étonnantes. Quoi qu'il en soit du merveilleux de ses
histoires, la plupart de ses récits sont empreints d'un
objectif moralisateur. </font>
</p>
<h4 class="western">1.3.1. Des récits moralisateurs</h4>
<p class="western"><font color="#000000"> Dans sa <i>Préface
aux Contes en vers</i><span style="font-style: normal;">,</span><i>
</i>Perrault affirmait que dans les contes inventés par nos
aïeux pour les enfants « partout la vertu y est
récompensée, et partout le vice y est puni ».
</font>On retrouve de manière évidente cette morale de
conte dans les chansons des Oompas-Loompas. En outre, parmi les vices
montrés du doigt par Roald Dahl, la gourmandise excessive à
savoir la gloutonnerie est l'un des plus fermement condamnés.
Seule la gourmandise raisonnable de Charlie, Sophie, James et Matilda
est valorisée. Ces enfants sont récompensés
parce que leurs actions sont réfléchies et mesurées,
et elles ne sont plus impulsives et primaires comme celles des ogres,
des quatre autres enfants dans <i>Charlie et la chocolaterie</i>, ou
bien de l'enfant volant une part de gâteau dans <i>Matilda</i>.
</p>
<p class="western"><font color="#000000"> Roald Dahl utilise une
pédagogie similaire à celle de Fénelon. Celle-ci
consiste en effet à montrer le plaisir dans sa forme la plus
appréciable et enviable pour ensuite démontrer que
s'adonner à la passion est source de bien des tourments. D</font>ans<span style="font-style: normal;">
</span><i>Le Voyage dans l'île des plaisirs</i><span style="font-style: normal;">,
Fénelon prône le contrôle des plaisirs : </span>
</p>
<blockquote class="citation-longue-western">(...)je compris par
expérience qu'il valait mieux se passer des choses superflues
que d'être sans cesse dans de nouveaux désirs, sans
pouvoir jamais s'arrêter à la jouissance tranquille
d'aucun plaisir.<a class="sdfootnoteanc" name="sdfootnote111anc" href="bibliographie-dahl.php#sdfootnote111sym"><sup>111</sup></a></blockquote>
<p class="western" style="font-style: normal;"> On ne peut pas tout le
temps s'adonner aux plaisirs, car on finit par ne plus aimer ce qui
est bon :</p>
<blockquote class="citation-longue-western"><span style="font-style: normal;">Écoeurés
par trop de nourriture, les gens n'ont plus aucun plaisir en
mangeant, à un tel point qu'il y a sur l'île des
plaisirs « des marchands d'appétit.<a class="sdfootnoteanc" name="sdfootnote112anc" href="bibliographie-dahl.php#sdfootnote112sym"><sup>112</sup></a>
</span>
</blockquote>
<p class="western"> L'île des plaisirs n'est en fait qu'un
leurre, un appât factice qui entraîne le protagoniste
dans l'excès. À quoi bon l'excès, s'il n'y a
plus le plaisir de manger ou s'il faut recourir à un
« marchand d'appétit ».
</p>
<p class="western"> D'autre part, Roald Dahl veut faire disparaître
l'égoïsme, l'amour de soi naturel de l'enfant. Il veut
lui apprendre à se tourner vers le monde et les autres. C'est
pourquoi l'enfant doit apprendre le partage grâce à la
nourriture. En effet, s'alimenter peut paraître comme un acte
individuel, voire égoïste ; il doit devenir un acte
social. Nous avions déjà cité, dans la première
partie, l'article de Claude Fischler intitulé « le
bon et le saint » expliquant tout le poids social de la
nourriture. En effet, selon ce sociologue, « l<span style="font-style: normal;">e
<span style=""><font color="#000000">partage de la
nourriture</font></span><b><font color="#0000ff"> </font></b>est l’un
des éléments centraux de l’organisation sociale,
dès les origines de l’humanité »<span style=""><font color="#000000">.
La</font></span> transgression de cette règle sociale entraîne
obligatoirement une volonté de marginalisation. C'est
pourquoi, lorsque Augustus Gloop – ou même Tante Éponge
– est montré du doigt, ce n'est pas à cause de
son apparence physique, mais parce qu'il représente celui qui
mange plus que sa part, et cela est « une transgression
grave de la sociabilité »<span style=""><font color="#000000"><a class="sdfootnoteanc" name="sdfootnote113anc" href="bibliographie-dahl.php#sdfootnote113sym"><sup>113</sup></a></font></span>.</span></p>
<p class="western"><span style="font-style: normal;"><font color="#000000"> La
gourmandise selon Roald Dahl doit être partagée. De
fait, cette générosité alimentaire démontre
alors les vertus exceptionnelles de nos héros. </font>Ainsi,
James à la fin de ses péripéties offre à
tous les enfants de New-York de manger sa pêche expliquant que
« la pêche est à tout le monde »[154].
Grâce à cet acte généreux, il est
récompensé puisque son rêve le plus cher se
réalise : « Quant à James, qui n'avait
jamais vu tant d'enfants ensemble, jamais, pas même en rêve,
il était heureux comme un roi »[154].
</span>
</p>
<p class="western" style="font-style: normal;"> Quant
à Charlie, il fait profiter toute sa famille de sa bonne
fortune. Grâce à lui, la famille aura toujours de quoi
manger et bien plus encore : « –Trouverons-nous
quelque chose à manger, là-bas ? demande grand-maman
Joséphine. Je meurs de faim ! Toute la famille meurt de faim
! – À manger ? dit en riant Charlie. Oh !
Attendez-voir ! ». Cette dernière phrase est
chargée de sens quant aux merveilles qui attendent toute la
famille.</p>
<p class="western" style="font-style: normal;"><a name="SwXTextPosition4362"></a>
Parce qu'il a
toujours refusé de manger des êtres humains, le BGG est
lui aussi récompensé pour sa bravoure. Sophie lui
promet en effet qu'une fois leur « grand projet »
accompli, il ne sera plus obligé de manger les nauséabonds
et répugnants « schnokombres ».</p>
<h4 class="western">1.3.2. Les punitions par la nourriture</h4>
<p class="western" style="line-height: 150%;" align="justify"> Pourtant,
des parents, des critiques, etc. disent que ces récits sont
absolument immoraux. Ces derniers, délicieusement macabres,
sont peuplés d'adorables méchants, de monstres,
d'ogres, de suceurs de sang et de sorcières cachant leur
calvitie sous des perruques. Tous ces étranges personnages
sont très subversifs. <span style="">Jean-Luc
Douin raconte que s</span>a première femme, la comédienne
Patricia Neal, l'avait surnommé « <i>Roald le
Pourri »</i><span style="font-style: normal;">, un</span>
affectueux sobriquet soulignant sa mauvaise langue, ses cibles
préférées dans ses livres étant <span style="font-style: normal;">les
« dames qui écrivent des romans à l'eau de
rose pour les mômes »<a class="sdfootnoteanc" name="sdfootnote114anc" href="bibliographie-dahl.php#sdfootnote114sym"><sup>114</sup></a></span><i>.</i>
</p>
<p class="western" style="line-height: 150%;" align="justify"> D<span style="font-style: normal;">ans
l'oeuvre de Roald Dahl, l'alimentation n'a plus seulement la fonction
de nourrir, mais elle est le moyen, pour notre auteur, de
récompenser, mais aussi de punir sévèrement le
fautif. </span>La punition est pratiquée
lorsqu'une personne est entièrement corrompue et souffre de
nombreux défauts. Elle semble le remède nécessaire
pour « assainir » l'esprit du fautif. En
l'occurrence, on remarque que dans les différents livres les
personnages, qui ont commis une faute ou dont le comportement -
souvent alimentaire - a dévié, seront punis par là
où ils ont commis la faute.</p>
<p class="western"> Ainsi, dans <i>Charlie et la chocolaterie</i><span style="font-style: normal;">,
les quatre enfants - et leurs parents - reçoivent un châtiment
correspondant à leur défaut. C'est Willy Wonka qui se
charge de punir les caractères déviants de ces enfants.
Celui-ci est un personnage très subversif parce qu'il ne
semble pas étonné ni effrayé par les
mésaventures des quatre enfants. Augustus, parce qu'il s'est
laissé conduire pas sa gourmandise excessive, tombe dans la
rivière de chocolat et est aspiré par un tuyau. Willy
Wonka assure qu'aucun mal ne lui sera fait. Il laisse entendre que
cette expérience sera même bénéfique pour
lui : « Augustus va faire un petit voyage, c'est tout. Un
très intéressant petit voyage. »[102]
; Violette Beauregard
se trouve transformée en myrtille à cause de sa
friandise préférée, le chewing-gum, qui est,
selon les Oompas-Loompas, comme le crime : il ne « paie
jamais » [131]
; Véruca
Salt est comparée à la nourriture du vide ordure. En
anglais, Véruca est qualifié de « brat »,
ce qui signifie qu'elle est une gamine trop gâtée par
ses parents, autrement dit qu'elle est aussi « pourrie »
que les déchets !</span></p>
<p class="western" style="font-style: normal;"> Dans <i>James et la
grosse pêche</i>, les tantes de James sont écrasées
par la pêche. Cette dernière punit à la fois
l'avarice de Tante Piquette puisqu'elle veut devenir millionnaire
grâce à elle, et la gloutonnerie de Tante Éponge
qui aimerait bien se la garder pour elle seule et la manger. Encore
une fois, la punition vient de la nourriture, car c'est bien la pêche
géante qui réduit à néant les deux tantes
de James.</p>
<p class="western"><span style="font-style: normal;"> Dans </span><i>Le
Bon Gros Géant</i><span style="font-style: normal;">, les ogres
sont punis parce qu'ils ont mangé des hommes. Ils seront donc
condamnés à manger les nauséabonds et répugnants
schnockombres.</span></p>
<p class="western" style="font-style: normal;"> Mlle Legourdin, dans
<i>Matilda</i>, punit Julien Appollon d'avoir volé par
gourmandise une part de gâteau. Sa punition consiste alors à
devoir avaler devant toute l'école un énorme gâteau :
« Si je te dis de manger, tu manges ! Tu voulais du
gâteau. Tu as <font color="#000000">volé du gâteau !
Et, maintenant, tu es servi. Et tu vas le manger. Tu ne quitteras pas
cette estrade et personne ne sortira de cette salle avant que tu aies
mangé entièrement le gâteau posé devant
toi ! »[127-128]</font>.</p>
<p class="western" style="font-style: normal;"><font color="#000000"> La
découverte du monde s'accompagne de merveilles extraordinaires
ainsi que de nombreux revers de fortune, d'événements
incongrus et désagréables. Le comportement qu'adopte le
personnage entraîne effectivement soit de mauvaises aventures
soit de bonnes surprises. Tout cela dépend de la
responsabilité de ses actes où chaque faux pas est
pénalisé par le narrateur. On constate alors que la
gourmandise intervient non seulement dans la conquête du monde,
mais aussi dans la quête de soi.
</font></p></div>